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mon bonheur est dans la ville
4 août 2009

GOYA'S GHOSTS, de Milos Forman

13440_thumb1792, Francisco José de Goya y Lucientes est le peintre de la cour, non seulement il fait le portrait de la reine Marie-Louise, mais il est très prisé par la noblesse et d’autres importants personnages. Parmi les personnes dont il peint le portrait, il y a la charmante Ines Bilbatua, la fille d’un riche marchand, et aussi du père Lorenzo, un prêtre fanatique, instigateur du renouveau du tribunal de l’Inquisition chargé de redonner la foi aux Espagnols en soumettant à la « question » ceux qui seraient soupçonnés d’hérétisme, d’être juifs, bref de ne pas appartenir corps et âme à la sainte église catholique.

Ce qui a décidé le Saint-Office à cette décision sont les gravures de Goya, celles qui montrent les pauvres, les malheureux, les laissés-pour-compte de la société, des images quasi surréalistes proches de la démence.

Désormais, des prêtres de l’Inquisition seront partout, traqueront tout comportement suspect, remonteront les arbres généalogiques des familles afin de détecter s’ils n’ont pas de juifs ou protestants dans leurs ancêtres. C’est un tel drame qui va frapper la famille Bilbatua par le biais de l’adorable Ines pour un soir d’imprudence dans une taverne espagnole en compagnie de ses frères. Soumise à la torture, la malheureuse jeune fille avoue tout ce que l’on veut et est enfermée. Goya, ami des Bilbatua, va tenter d’intervenir tout en tentant de rester neutre ; le père Lorenzo sera approché, payé afin qu’il intercède, mais l’homme est lâche. Visitant Ines dans sa prison, il lui fait croire qu’elle sera libérée mais la chair est faible et il est physiquement attiré par la jeune fille dont le portrait déjà le troublait. Puis, il disparaît.

Quinze ans plus tard, les troupes de Napoléon envahissent l’Espagne, sous prétexte de la libérer et commettent au nom de l’égalité, liberté, fraternité des exactions sur la population qui ne veut pas d’eux.

Cependant Ines et tous les prisonniers de l’Inquisition sont libérés de leurs geôles et automatiquement, la pauvre jeune femme, désormais prématurément vieillié, enlaidie, au bord de la folie, après avoir tenté de retrouver sa famille – hélas victime des Français et de leurs pillages – arrive naturellement chez le peintre-ami.

Goya, qui entretemps est devenu sourd, est sidéré devant ce petit fantôme dont l’image n’a pas cessé de le hanter.

Un autre fantôme du passé va surgir inopinément, c’est Lorenzo, libéré du fanatisme de la religion et devenu fanatique révolutionnaire,  désormais gouverneur de Madrid et ami personnel du Joseph Bonaporte, nommé roi d’Espagne par son petit frère.

Ines va faire comprendre à Goya qu’elle a eu une petite fille en prison, de ce Lorenzo et elle espère qu’elle va retrouver son bébé ; du coup le gouverneur ayant une famille  va tout faire pour refaire interner la jeune femme, sous prétexte de folie.

Mais Goya croit en l’histoire d’Ines, ayant accouché en prison, aussi recherche-t-il la petite fille en question. Le hasard va le mettre en présence de la jeune femme, âgée de 15 ans, dans les jardins du Prado parmi les prostituées du lieu. Raison de plus pour Lorenzo de tenter de faire disparaître la fille comme la mère.

Entretemps, les Anglais décident de venir en aide aux Espagnols et de les débarrasser des Français.

Magnifique interprétation de la talentueuse Natalie Portman, dans le double rôle de la jeune Ines et de sa fille Alicia ; elle confirme ici, si c’était nécessaire tout son immense talent.

Javier Bardem est un Lorenzo ignoble et tourmenté, un homme haïssable qui ne pense qu’à sauver sa peau et l’honneur qu’il n’a pas.

Quant à Goya, il est interprété avec son habituel talent par Stellan Skarsgard, un peu plus enveloppé pour ressembler au peintre espagnol (plus en tout cas que dans le rôle du papa de Will Turner dans la Trilogie des Pirates des Caraïbes).

Autour d’un fait imaginaire dans la vie de Francisco Goya, Milos Forman tente de prouver comment des vies sont détruites par n’importe quel type de pouvoir, au gré des changements politiques.

A travers la relation entre Ines/Lorenzo/Alicia, ce sontles événements vécus par l’Espagne sous la botte napoléonnienne, ensuite sous les Anglais et avant cela sous l’inquisition espagnole, qui bouleversent la vie des pauvres gens.

Goya n’est pas réellement le personnage majeur de cette intrigue, il n’est qu’un observateur, rôle que l’on attribue généralement aux artistes d’ailleurs. Même si le monde qui les entoure bouge et change, ils sont là pour représenter ce à quoi ils assistent. Et Goya a connu une période mouvementée, puisque la fin du 18ème siècle fut synonyme de révolutions, entraînant systématiquement leur lot de victimes et de souffrances, surtout du côté du peuple pendant que les nantis ne songent qu’à une chose, sauver leur tête et leurs biens.

10m« Goya’s Ghosts » est un très beau film en costumes, de facture classique. Mais comme tous les films de Forman, c’est du cinéma intéressant et intelligent.

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