LA TERRAZZA, d'Ettore Scola

Des amis se retrouvent presque chaque soir afin de parler de tout, de rien, se disputer, se faire rire, désabusés parfois jusqu’à l’amertume. Parmi eux se promène une ravissante adolescente, à la recherche d’un copain.

A chaque fois que la charmante hôtesse annonce « c’est prêt », on revoit les mêmes scènes du début, puis peu à peu l’histoire évolue vers l’un des principaux protagonistes : Mario, l’homme politique, Amedeo, le cinéaste de films commerciaux à grand succès, Enrico, écrivain raté et scénariste d’Amedeo, n’y réussissant pas d’autant plus qu’Amedeo exige que ses textes fassent rire ! Et enfin Luigi, le rédacteur en chef et Sergio, le producteur de télé dont tout le monde se demande ce qu’il fait à ces soirées, lui qui ne mange ni ne boit, qui se traîne mélancoliquement à travers les soirées ou dans son emploi où on le met sur une voie de garage, qui mourra littéralement de faim. Mais de laquelle ? Celle de ne pas se nourrir assez ou celle qu’il a perdue de l’existence ?

Drames, vrais ou non, mal de vivre face à la réalité qui les a rattrapés, eux qui voulaient refaire le monde, qui se reprochent sans en avoir l’air de ne pas avoir respecté les idéaux de leur jeunesse.

Parmi eux évoluent leurs épouses, ex- ou non. Sans oublier la petite journaliste de centre-droite, qui s’en prend régulièrement à Mario, dont elle est secrètement amoureuse.

« La Terrazza » est un portrait satirique et doux-amer, mais plus souvent amer que doux, d’un groupe d’intellectuels de gauche en crise, tous ayant un lien avec le monde du spectacle, que ce soit au niveau de l’écriture ou de la mise en scène.

Il prépare le spectateur à deux autres films au canevas un peu similaire (mosaïque de gens qui parlent beaucoup et agissent peu) : « La Famiglia » et « La Cena », deux films que j’ai adoré.

On retrouve dans « La Terrazza » une série d’acteurs fétiches d’Ettore Scola, à commencer par Marcello Mastroianni, mais aussi le grand Vittorio Gassman.

Sans oublier la mignonne Stefania Sandrelli. Ugo Tognazzi, Serge Reggiani et Jean-Louis Trintignant défendent leurs personnages avec plus ou moins de bonheur.

Dans d’autres rôles, il y a encore Carla Gravina, peu convaincante et même franchement énervante, Ombretta Colli et Milena Vukotic.

La jeune adolescente, qui se fera draguer par un Marcello Mastroianni dans un moment de romantisme où il pense à sa femme lorsqu’il la rencontra, est interprétée par la regrettée Marie Trintignant, alors âgée de 22 ans. Je n’irai pas jusqu’à prétendre qu’elle est formidable dans ce rôle-ci où on ne lui demanda apparemment que de passer d’une pièce de la maison à l’autre. Heureusement qu’ultérieurement elle fera la preuve de son  talent de comédienne.

« La Terrasse » est un film  sympathique mais très bavard, à tel point que parfois il saoule.

Il déroute un peu aussi, puisque régulièrement recommencent les mêmes scènes introduites par « C’est prêt », c’est alors qu’en concentrant son attention on réalise qu’après les moments récurrents, on évolue vers la vie d’un autre protagoniste.

Je conseille cependant d’être très attentif à ceux qui aimeraient acheter le DVD du film ; il n’existe qu’en version française, pas en version originale italienne, et il est  lamentablement mal doublé ; c’est un vrai désastre.