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mon bonheur est dans la ville
26 juillet 2009

MARIE-OCTOBRE, de Julien Duvivier

18938651Une voiture s’approche d’une superbe propriété ; un homme en descend, jovial qui se fait rabrouer pour son retard par Victorine, la gouvernante.

Lorsqu’il arrive dans la salle à manger, les convives terminent une minute de silence à la mémoire de « Castille ».

Les neuf convives plus le dernier arrivé se retrouvent après quinze années de séparation, après la fin de la deuxième guerre mondiale.

Tous faisaient partie du réseau « Vaillance » ; lorsque le réseau fut dénoncé à la gestapo, tout le monde a pu fuir, sauf leur chef, Castille.

Marie-Hélène Dumoulin, styliste, directrice de la maison de couture Marie-Octobre les a réunis là, dans la maison de l’industriel Renaud-Picart, qui est son commanditaire et ami.

Et qui faisait également partie du réseau.

Sa boutique porte le nom de code qu’elle portait dans le réseau de résistance.

Après quelques moments cordiaux dans le salon, Marie-Octobre et Renaud-Picart avouent le but réel de la réunion : connaître le nom du traitre qui les a dénoncé aux Allemands.

A la question « pourquoi ? » la réponse de la jeune femme est simple : que ce coupable ait le courage de se suicider, en laissant une lettre pour expliquer son geste.

Dès lors, Simoneau l’avocat d’assises, Blanchet le serrurier, Marinval le boucher, le père Le Guen, Thibaud le médecin, Rougier l’imprimeur, Vandamme le contrôleur des contributions et Bernardi, patron de boîte de nuit et ancien catcheur, se rebiffent.

Commencent alors les déballages peu agréables, chacun s’affirmant totalement innocent, ceux qui étaient absents le soir où le réseau fut dénoncé doivent produire un alibi.

D’autant plus qu’une très forte somme d’argent, reçue de la résistance pour soutenir leur mouvement, avait disparu la veille de la dénonciation et Castille avait l’intention de confronter le coupable.

Même Marie finit par être soupçonnée, lorsque l’on découvre la passion qu’elle nourrissait pour leur chef, passion qui frise l’idolâtrie, pour un homme qui s’il était un résistant hors pair, n’était pas toujours très net avec les femmes.

Bien vite l’ambiance devient oppressante, la joie des retrouvailles, la convivialité, la bonhommie des propos, la complicité s’envolent. L’un d’eux ne quittera pas la propriété vivant.

Le prêtre proteste, cette exécution sous forme de suicide, au bout de quinze ans, n’est ni plus ni moins qu’un meurtre, qu’un règlement de compte froidement calculé.

Et ce malgré la liste qu’ énumère Renaud-Picart concernant tous leurs anciens amis morts, par cause de cette dénonciation.

Voilà longtemps que j’avais vu « Marie-Octobre », dans la version de Julien Duvivier et j’avais très fort envie de la revoir, surtout après avoir lu qu’un remake en a été fait pour la télévision.

Cette pièce de théâtre de Jacques Robert est un huis-clos qui devient rapidement étouffant, chaque protagoniste défendant sa cause en n’hésitant pas à accuser l’autre. Bien vite le vernis de la civilisation s’écaille. Leur camaraderie à l’évidence est en train d’en prendre un fameux coup.

Jacques Robert a adapté sa pièce et écrit le scénario avec Julien Duvivier le réalisateur ; les dialogues d’Henri Jeanson sont magnifiquement défendus par une distribution hors pair ; les plus grands noms de ce que comptait le cinéma français dans les années 50 se donnent la réplique avec le talent qu’on leur connaît =

Bernard Blier est l’avocat ; Noel Roquevert, le contrôleur des contributions ; Paul Guers, l’ex-joli cœur de la bande, devenu prêtre mais toujours excellent musicien. Daniel Ivernel est le médecin qui se remet mal du décès de son épouse ; Robert Dalban est le serrurier qui a quelques problèmes avec ses enfants ; Paul Meurice est l’élégant industriel, l’hôte des anciens résistants ; Paul Frankeur est patron boucher dont les plaisanteries ne sont pas toujours du meilleur goût ; Serge Reggiani est l’imprimeur et Lino Ventura est l’ancien catcheur reconverti en patron de night club à Pigalle.

Quant à Marie-Octobre , styliste et directrice d’une maison de couture, c’est Danielle Darrieux qui l’interprète avec talent et passion.

Il me faut encore citer Jeanne Fusier-Gir, la vieille gouvernante de l’industriel, sympathique et bougonne, qui ajoute une petite touche d’humour dans une histoire sombre, comme les meilleurs films noirs.

La photographie noir et blanc est excellent et ajoute quelque chose de pesant à l’atmosphère digne des meilleurs films d’Hitchcock, ou d’un polar d’Agatha Christie ; le suspense est soutenu pratiquement jusque dans les dernières images.

Comme chez Hitchcock ou chez Christie, un seul est coupable, mais chacun a quelque chose à se reprocher.

On comprend parfaitement que le film, lors de sa sortie en 1958, remporta un succès mondial.

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