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mon bonheur est dans la ville
26 juillet 2009

FANTASIA, de Walt Disney

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Je viens d’une famille où l’on adorait la musique, sauf la musique classique considérée comme une « musique de riches ».
Pourquoi ?  parce que dans la famille à la campagne, on n’avait pas beaucoup le temps à écouter la musique, les travaux des champs passaient avant tout, mais on aimait bien les musiques traditionnelles flamandes que l’on écoutait en hiver, aux veillées.

Quant à la taverne paternelle, il valait mieux offrir la musique à la mode plutôt que la « Danse des Heures » de Ponchielli. C’est donc  que je suis tombée amoureuse à 6 ans du rock ‘n’ roll, que dansaient les jeunes gens et jeunes filles du quartier, j’ai découvert le jazz, qu’aimait mon père très américanophile mais aussi Georges Brassens qu’il appréciait particulièrement.

Bref j’aimais déjà la musique sous toutes ses formes : populaire, distrayante ou avec texte, mais la musique de toute façon.

Fantasia_poster_1940Il m’en restait une à découvrir ; ce fut fait, quelques années plus tard, lorsque je découvris « Fantasia » de Walt Disney ». Est-ce par la magie des images que je fus fascinée par la musique qui les accompagnait ?

Probablement, mais l’immense talent des compositeurs choisis y fut certainement pour quelque chose également.

« Fantasia » m’amena à aimer Beethoven, à découvrir Stravinsky, à adorer la musique de ballet et titilla ma curiosité à découvrir d’autres genres musicaux classiques lorsque je fus plus âgée. C’est grâce à « Fantasia » que je tombai irrémédiablement amoureuse de J.S. Bach.

FantposterQuand je pense qu’un de mes anciens patrons, un snobinard prétentieux, patron d’une agence de pub qui périclita (qui s’en étonnera quand on connaissait le bonhomme et sa dernière épouse, de 20 ans plus jeune mais aussi prétentieuse et idiote que lui) traita le film de Disney de « monstruosité faite à la musique classique », de véritable « honte » et que ce film n’aurait jamais dû être autorisé ! Il y a des gens, je vous jure, qui ne comprennent vraiment rien à rien.

Combien de personnes autour de moi ne m’ont pas dit avoir découvert la musique classique grâce à « Fantasia » ! Et pourquoi pas ? peu importe le moyen, si le but est d’apprendre quelque chose de nouveau ?

D’ailleurs comment résister à la magie des images combinées à la musique ? Comment résister au talent de l’équipe des studios Disney ?

2665_fantasia_fantasia__7« Fantasia », réalisé en 1940, fut l’un des trois premières réalisations des « W.D. Animated Classics » dans lequel le pari fut tenu avec le célèbre chef Leopold Stokowsky dirigeant l’orchestre symphonique de Philadelphie. Sept des 8 dessins accompagnant la musique furent interprétés par ce Philadelphia Orchestra.

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Lors de sa sortie, le film suscita également des critiques pour sa démarche ; il n’obtint pas non plus un immense succès auprès du public, ce qui créa des difficultés financières pour les studios Disney.

Finalement c’est la RKO qui se mêla de distribuer le film en le faisant passer des deux heures initiales à 81 minutes ; plusieurs versions, toutes écourtées furent distribuées au fil du temps, jusqu’à ce qu’enfin en 1982 la version intégrale fut enregistrée avec une toute nouvelle bande-son,

Actuellement « Fantasia » est considéré comme l’un des tout grands classiques du cinéma d’animation.

Le narrateur de « Fantasia », introduisant chaque morceau musical, était initialement le musicien et critique musical Deems Taylor, auteur des résumés introductifs.

Néanmoins, lors des nouvelles copies faites tant en 1982 qu’en 2000, les narrateurs furent Hugh Douglas et Corey Burton ; dans la version française de « Fantasia », c’est François Périer qui est le conteur des 8 morceaux musicaux.

Tout au long des intermèdes, avant que le dessin animé ne commence et pendant l’introduction faite par le narrateur, l’orchestre et son chef (Stokowski) apparaissent en ombres chinoises, avec parfois un éclairage sur l’un ou l’autre instrument que l’on accorde.

8 pièces musicales en images donc, dont la 7ème et la 8ème, en fait, n’en forment qu’une seule, la dernière étant la continuation « logique » de l’avant-dernière.

Toccata et fugue en ré mineur, de J.S. Bach 

Animation abstraite – une grande première pour les studios Disney qui jusqu’alors n’avaient réalisé que des histoires (Mickey, Silly Symphonies, Blanche Neige).

Une explosion de lignes, de formes géométriques et de couleurs sur un fond de ciel.

Casse-noisettes, de P. Tchaïkowsky 

Le compositeur détestait cette pièce musicale, paraît-il, et pourtant ce fut elle qui lui apporta la gloire !

L’adaptation qui en est faite est celle des différents ballets : danse de la fée Dragée, danse chinoise, danse des mirlitons, danse arabe, danse russe et valse des fleurs.

Elfes, fées, champignons, poissons, chardons dansent gracieusement, vivement ; les fées déposent la rosée sur les feuilles de l’automne à l’hiver.

L’apprenti-sorcier, de Paul Dukas

Alors qu’au départ il était prévu de choisir le Simplet (de Blanche Neige) comme apprenti, ce fut finalement Mickey qui fut choisi sur l’insistance de Walt Disney.

Pendant l’absence de son maître, le petit apprenti s’amuse avec le livre de magie et transforme son balai afin qu’il fasse le travail à sa place. Le balai va développer une certaine autonomie !

Ici on est évidemment dans le dessin animé classique, avec une histoire à fil conducteur, mais avec une réelle inventivité malgré tout, tels la multiplication des balais, leurs ombres menaçantes, la tempête.

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Le Sacre du Printemps, d’Igor Stravinsky

Pour Stravinsky, ce ballet devait exprimer les rites païens par lesquels le sacrifice d’une jeune fille était au centre d’un cercle de vieux sages ; le rite doit être propice aux récoltes et au printemps qui vient.

Les dessinateurs ont choisi d’en faire la naissance de notre terre, à partir de ce que les scientifiques non religieux avaient fait connaître. De l’évolution on va vers les dinosaures, assistant à un combat entre tyrannosaure et stegosaure, jusqu’à leur élimination et la renaissance de la terre.

Durant l’entracte, le narrateur présente au spectateur l’un des éléments les plus importants du film, à savoir la bande sonore.

L’animation ici est à nouveau totalement abstraite, chaque instrument étant « joué » par la piste sonore.

La Symphonie Pastorale, de Beethoven

Certainement l’une des versions les plus poétiques et les plus adorables de la mythologie grecque.

Situé dans l’Olympe, les dessinateurs ont choisi de nous conter une journée dans la vie des centaures garçons et filles, une fête dionysiaque avec le dieu ivrogne et son âne licorne, une famille de pégases, des petits faunes, licornes et amours s’amusant les uns avec les autres, puis Zeus s’amusant avec des éclairs forgés par Hephaistos, l’orage, l’arc en ciel d’Iris.

Il paraît qu’en 1940, lorsque le film fut terminé, la censure fut choquée par la nudité et l’aspect provoquant des ravissantes demoiselles centaures, notamment au cours de leur défilé de mode pour attirer les centaures garçons. Une autre critique à l’égard du dessin animé fut son côté « raciste » car les servantes de Dionysos sont deux adorables petites centaures-zèbres de couleur noire.

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La Danse des Heures, ballet extrait de l’opéra « La Gioconda » d’Amilcare Ponchelli
Totalement traité sur le mode humoristique, le ballet égrène les heures de la journée à l’aide d’autruches, hippopotames, éléphants et crocodiles rivalisant de « grâce et légèreté ». L’ironie du choix des « danseurs » n’échappe à personne évidemment. Tout cela se termine tout aussi joyeusement dans un énorme fracas.

Il n’est pas difficile de voir où a été cherchée l’inspiration pour la jolie Gloria, l’hippopotame de « Madagascar ». Elle est la digne héritière de l’hippopotame, première danseuse du corps de ballet de cette
ludique danse des heures.

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Une nuit sur le mont Chauve, de Moussorsky – immédiatement suivie par l’Ave Maria de Schubert, pour ne 240px_Chernabog1faire pratiquement qu’une seule histoire.

A savoir la victoire de la chrétienneté sur les forces du mal.

Le mont Chauve se transforme en un démon, Chernabog ; il semble que l’on soit la nuit de Walpurgis, ou éventuellement la nuit d’Halloween, lorsque l’Autre Monde s’ouvre au nôtre.

Dans la littérature germanique « Chernabog » signifie le Démon Noir des forces obscures ; il réveille les squelettes, sorcières, goblins et autres démons.

Il y a dans ce dessin animé une rare intensité, de véritables scènes de cauchemar où tous les revenants se livrent à un sabbat effréné.

Chernabog s’amuse à transformer les flammes en de ravissantes créatures puis en monstres mais finalement est vaincu par l’angelus au loin.

Tout le monde retourne alors aux profondeurs de la terre et dans le cimetière, pendant qu’une procession arrive et va vers la beauté de la nature.

Il était prévu que la procession n’entre dans une réelle cathédrale, mais les images furent considérées comme trop religieuses – même par Walt Disney en personne, qui était pourtant une vraie grenouille de bénitier !

La procession aux flambeaux pénètre finalement dans une forêt-cathédrale, afin d’effacer les images du cauchemar.

Selon moi, la scène cauchemardesque de la Nuit sur le Mont Chauve a trouvé une résonance dans la scène de fête chez Maléfique, la sorcière de la Belle au Bois Dormant.

Je voudrais que tout le monde découvre ou redécouvre ce merveilleux spectacle, un mariage fantastique entre le son et l’image, un magnifique hommage tant à la musique qu’au dessin, à l’originalité, à la créativité.

Que ce soient les fées qui dansent  ou les coquines petites centaures qui tentent de charmer leurs copains, ou un démon qui s’amuse, il y a dans ce « Fantasia » une créativité totalement moderne, une idée pionnière qui a ouvert la porte à tout ce que l’on fait actuellement dans la « fantasy » ou dans tous les autres domaines du dessin.

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