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mon bonheur est dans la ville
26 juillet 2009

THE PRIVATE LIVES OF ELIZABETH & ESSEX, de Michael Curtiz

D’après la pièce de Maxwell Anderson « Elizabeth the Queen » (auteur de “Mary of Scotland” dont John Ford tira un film avec Katherine Hepburn

B0000060DY_01_MZZZZZZZLondres acclame son idole, le jeune Lord Essex, de retour de Cadix où il a accompagné Sir Francis Drake et ce malgré l’interdiction de la reine Elizabeth d’y prendre part.

Seulement voilà, le fils adoptif de Lord Dudley, comte de Leicester, devenu le favori d’Elizabeth après Robert Dudley.

Les retrouvailles avec la reine sont houleuses ; l’Angleterre a des problèmes d’argent et la campagne espagnole n’a pas arrangé les choses.

jaquette_29215La reine vieillissante est profondément amoureuse du jeune Lord Devereux, qui le sait et joue là-dessus ; il se moque même de l’autre favori, Lord Walter Raleigh.

Essex est ambitieux, sûr de lui, brillant, se sait populaire. Il veut encore plus se battre soi-disant pour la couronne d’Angleterre, mais surtout pour sa gloire personnelle.

Le brillant officier fait battre le cœur de toutes les dames de la cour et en particulier celui de la ravissante Lady Penelope Gray, qui défie la reine et est prête à la trahir pour Essex.

Celui-ci va parvenir à exiger de la reine le poste de Lord Lieutenant d’Irlande ; ce pays est une épine dans le pied de l’Angleterre qui sous la conduite du comte de Tyrone défie la couronne.

Trop sûr de lui, Essex est persuadé qu’il écrasera la révolte irlandaise, mais les caisses de la couronne étant pratiquement vides, il ne recevra pas le soutien nécessaire et la conclusion de cette campagne est désastreuse pour l’Angleterre.

Revenu en Angleterre, Lord Devereux n’a guère de regrets pour cette campagne autres que ceux de ne pas parvenir à convaincre Elizabeth Ière qu’il est fait pour être roi à ses côtés. En fait, pour Essex, une femme n’est qu’une femme et que ce soit Elizabeth – l’un des plus grands « rois » d’Angleterre – n’y change rien ; une femme aux yeux de cet homme n’est pas faite pour régner seule.

Il va commettre bien des erreurs y compris celui de s’opposer à Robert Cecil, le fils de Lord Burghley, le sage conseiller de la reine. Ce dernier est prêt à perdre le jeune ambitieux et prouve à la reine qu’en réalité son favori fomente un complot pour s’emparer de la couronne.

Preuve à l’appui, la reine n’a d’autre fin que d’emprisonner celui qu’elle aime et bien qu’elle soit prête à lui pardonner, il s’enferre dans son ambition et son envie de monter sur le trône.

Le hâche du bourreau mettra fin à sa vie et ses ambitions pendant que la reine une fois encore reste une femme seule et vieillie.

Est-il nécessaire de confirmer une fois encore tout le talent d’actrice de Bette Davis. Dans « Elizabeth & Essex », elle interprète pour la première fois la reine d’Angleterre et le rôle est vraiment fait pour elle. Elle est magistrale dans ce rôle d’une grande reine qui n’était pas à l’abri de ses caprices et élans de cœur.

320px_Bette_Davis_in_The_Private_Lives_of_Elizabeth_and_Essex_trailerL’actrice n’hésita pas – pour le rôle – à se vieillir, car à l’époque du film de Michael Curtiz elle n’avait que 30 ans, or à l’époque de ses amours avec Robert Devereux, la reine avait plus de 50 ans.

Mais par sa démarche, par ses intonations de voix, ses toilettes et le maquillage, Bette Davis donne littéralement vie à cette formidable reine d’Angleterre pour qui le bien de son pays et de son peuple représentait sa raison de vivre.

L’actrice rend poignante la reine vieillissante, ne supportant plus son image dans les miroirs et la scène où elle les brise tous sous les yeux affolés de ses demoiselles de compagnie, après une confrontation avec la belle mais impertinente Penelope Gray, est un grand moment d’interprétation.

J’ai bien sûr vu les diverses interprétations de la reine Elizabeth Ière, que ce soit Cate Blanchett ou Helen Mirren, toutes deux excellentes, cependant personne n’arrive à la cheville de Bette Davis ; elle a marqué Elizabeth d’Angleterre de sa griffe et elle est inoubliable.

Son rôle dans le film de Michael Curtiz, malgré les mésententes entre elle et le réalisateur (mais avec quel réalisateur n’eut-elle pas des problèmes ?), est l’un des meilleurs de sa carrière.

2328__jar_109690_356x240_eFace à elle, dans ce qui est finalement un duel entre deux fortes personnalités d’ambitions égales, il y a Errol Flynn, que personnellement je trouve trop vieux pour le rôle.

Lord Essex était beaucoup plus jeune que la reine et cela n’apparaît pas entièrement dans le film.

Bien sûr, l’acteur a tout le panache nécessaire pour faire face à la grande actrice, dans des échanges de dialogues caustiques, mordants ou tendres.

Il est assez amusant de savoir que Bette Davis détestait Errol Flynn dont elle considérait le talent comme fort limité, mais son idole Laurence Olivier qu’elle espérait face à elle n’était pas disponible.

Pourtant Errol Flynn parvient à fort bien faire passer tout l’égoïsme de l’ambitieux Devereux, toute sa morgue face à la cour, tant il était persuadé que le peuple le suivrait dans son envie de monter sur le trône d’Angleterre.

untitledL’acteur était peut-être légèrement trop sympathique pour interpréter un personnage superficiel, peu sympathique et dévoré d’ambition.

Le rôle de la belle Lady Penelope Gray – un personnage fictif, inutile de le chercher dans l’histoire d’Angleterre – est interprétée par Olivia de Havilland, qui interprète ici une jeune ambitieuse, bien loin de ses habituels rôles de gentille jeune femme. Elle est prête à tout pour celui dont elle s’est éprise, mais va bien vite réaliser où se trouve son intérêt si elle veut garder sa jolie tête.

La distribution comporte bien d’autres acteurs connus et récurrents dans les films de Michael Curtiz, comme par exemple Alan Hale interprétant le comte irlandais, Lord Tyrone. Il prend ici un accent irlandais qui aurait pu être ridicule si ce n’était pas Hale qui l’utilisait.

On y trouve aussi Vincent Price en Walter Raleigh, montré ici comme un courtisan ambitieux et assez superficiel, image ne correspondant guère à ce navigateur-poète.

Donald Crisp, que l’on avait pu voir dans le film de John Ford tiré d’une autre pièce de Maxwell Anderson (Mary of Scotland) interprète Sir Francis Bacon, un vieux conseiller qui tente de mettre un peu de plomb dans la cervelle d’Essex trop dévoré par ses ambitions pour écouter des paroles de sagesse.

Nanette Fabray interprète une des suivantes de la reine qui prouvera qu’elle n’est pas la femme sans cœur pour laquelle on tentait de la faire passer. Cette jeune actrice trouvait ici son premier rôle à l’écran et elle ne ménagera jamais ses compliments à l’égard de la gentillesse de Bette Davis, qui l’aida à se mouvoir sur le plateau, qui n’hésita pas à la conseiller, ceci prouvant que la grande actrice n’était pas aussi « chameau » qu’on le prétendait avec les débutants. Bette Davis avait une générosité égale à son talent, on l'oublie trop souvent compte tenu de ses démêlés avec les réalisateurs dus à sa forte personnalité.

Les costumes du film sont formidables, réellement ils sont splendides. Par contre, les décors font réellement trop penser à un plateau de studio, il est vrai qu’on est en 1939 et que l’on filmait en « tout studio ».

Toutefois les couleurs sont magnifiques et rattrapent un peu ce que les décors ont de simplicites.

Du côté des dialogues, ils sont à l’évidence du théâtre filmé, car c’est avant tout ce qu’était « Elizabeth the Queen », une magistrale pièce de théâtre. Et quels dialogues, à découvrir de préférence en V.O.

Contrairement à ce que le titre suggère, on n’est pas ici uniquement dans une royale « love story ».

La pièce – comme le film – parle d’ambitions, de luttes de pouvoir, de la force dont doit faire preuve un monarque afin de conserver son trône, afin de réaliser quel est l’intérêt de son pays et faire passer l’intérêt de ce dernier avant ses sentiments personnels.

Il y a aussi des moments plus humains, plus humoristiques, lorsque la reine et son favori se taquinent mutuellement, dînant ensemble, laissant l’imagination des courtisans faire leur travail de sape.

Je le répète Bette Davis donne ici l’une des plus belles performances de son talent d’actrice – qu’elle répétera d’ailleurs avec un égal bonheur dans « The Virgin Queen » 16 ans plus tard.

On a toujours reproché à Bette Davis le fait qu’elle en remettait une couche lorsqu’elle interprétait la reine Elizabeth ; mais cette reine exceptionnelle requerrait pour l’interpréter une actrice exceptionnelle.

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