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mon bonheur est dans la ville
24 juillet 2009

UN SOIR, UN TRAIN, d'André Delvaux

jaquette_103159C’est la fin de l’automne dans la campagne flamande. Mathias rend visite à sa grand-mère, dans une maison de repos. La commnication est difficile avec la vieille dame enfermée dans ses souvenirs.

Il se rend ensuite à l’université flamnde où il est professeur de linguistique; les relations francophones/flamands ne se passant pas très bien, les étudiants ont décidé de manifester.

Mathias en profite pour aller voir l’avancement de la mise en scène d’une pièce de théâtre sur laquelle travaille Anne, sa compagne en qualité de costumière.

Anne est toute immergée dans son travail, elle doit modifier les costumes pour le lendemain. Le soir même, Mathias doit prendre le train pour un colloque.

Alors qu’il leur concocte un petit dîner en amoureux, Anne est toujours préoccupée par les costumes, lui demande conseil, semble se parler à elle-même, pendant que lui, à l’évidence a autre chose en tête.

Ils partent se promener, se disputent, Anne tente de lui faire comprendre à quel point elle est perdue dans ce pays dont elle ne parle pas la langue, où il l’a transposée presque sans lui demander son avis, où elle ne connaît personne. Elle le quitte fâchée.

Mathias prend le train où à sa grande surprise Anne le rejoint. Ici encore, le dialogue s’avère difficile, le compartiment étant plein de voyageurs.

Mathias somnole un peu et lorsqu’il se réveille, Anne a disparu; c’est alors que le train s’arrête en pleine campagne, couverte de neige. Il descend du train pour voir ce qui se passe, suivi de deux autres voyageurs, un homme plus âgé et un homme jeune. Et le train repart, sans eux.

Les voilà en pleine campagne, dans le froid, à la recherche d’un refuge éventuel ; qu’ils finissent par trouver dans un tout petit village où les gens semblent les fuir. Ils arrivent à l’auberge, où un orchestre joue une mélodie étrange, où une jeune femme encore plus étrange leur fait porter un repas. Val, l’homme jeune, est particulièrement fasciné par l’étrange Moira. Qui l’entraîne dans une danse.

Mathias tente de les séparer, mais en vain. Lorsque Val a disparu, Mathias s’en prend à la jeune femme pendant que l’orchestre joue de plus en plus fort.

Est-il dans un cauchemar, où est Anne, pourquoi ces gens sont-ils là ?

Ce n’est pas facile de parler du film d’André Delvaux, parce que certains films ont une telle qualité qu’on craint de les desservir.

« Un Soir, un train », inspiré par une nouvelle de l’écrivain belge Johan Daisne « De Trein der traagheid » est une métaphone sur la mort et l’incommunicabilité entre les gens qui s’aiment.

Le train, ici, est la représentation même de cette métaphore, symbole de la vie avec ses allers et venues, ses départs, ses retours, mais aussi parfois ses départs sans retour, symbole de rupture ou de mort.

18764326Yves Montand exprime à la perfection la fausse indifférence d’abord à l’égard des états d’âme d’Anne, ensuite l’angoisse qui le prend lorsqu’il est dans l’espèce de no man’s land que représente la campagne et le train qui repart en laissant sur le bas-côté trois hommes, trois âges de la vie : Val, l’homme jeune, Hernhutter, l’homme âgé, ancien collègue de Mathias, et lui-même, l’homme d’âge moyen.

_831__copie__2__de_imgC’est Anouk Aimée qui prête sa douceur, sa beauté mélancolique à Anne, la compagne, qui espère autre chose de sa relation avec Mathias.

Son destin sera définitivement scellé par ce voyage.

François Beukelaers est un sympathique Val, soucieux d’aider ses compagnons d’infortune, qu’il stimule par son enthousiasme à trouver de l’aide.

Hertor Gammerlynck est parfait en Hernhutter, l’homme âgé qui souhaiterait qu’on le laisse là, dans la campagne, il est vieux, fatigué, il a froid. Il perd espoir malgré les encouragements et l’aide de ses deux compagnons. Il est arrivé à un âge où toute lutte lui semble épuisante.

Adriana Bogdan est une mystérieuse Moira, une jeune femme qui par sa froideur évoque la mort que craignent les trois hommes.

On trouve encore dans la distribution un comédien belge célèbre : Senne Rouffear, dans le rôle du comédien et Jan Peré est son collègue interprétant la mort et râlant sur son costume.

Je n’avais jamais vu « Un soir, un train » et réellement je me demande pourquoi, car cette histoire aborde un thème que j’aime particulièrement  : les contrastes, les paradoxes de la vie.

Le contraste des communautés se disputant pour des queues de cerise, encouragées en cela par des dirigeants politiques démagogues.

Puis le contraste du métier de Mathias : la linguistique et sa difficulté de communiquer avec Anne, qui est dans un métier d’images, de représentation des sentiments.

La saison évoque la froideur, l’éloignement, comme celles installées entre Mathias et Anne.

L’ambiance fantastique est fort bien rendue par cette campagne en fin de jour, où les ombres commencent à recouvrir la nature, où tout alors prend des proportions fantasmagoriques et inquiétantes. L’errance dans la petite ville, où les voyageurs du train fuient en apercevant les trois amis, puis cette auberge où tout semble figé.

Inutile de dire que je suis enchantée d’avoir enfin découvert ce chef d’œuvre du cinéma belge, peut-être n’aurais pas non plus été capable de l’apprécier à sa sortie, puisque j’étais encore très jeune à l’époque. Il y a dit-on un temps pour tout.

Peut-être le temps d’apprécier des histoires comme celle-ci est-il  venu pour moi.

_831__copie_de_img     18387250

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