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mon bonheur est dans la ville
22 juillet 2009

THE CUP OF GHOSTS, de Paul Doherty

51EXEKR6GPL__SL500_AA240_Première aventure de Mathilde de Westminster à la cour d'Angleterre

Sœur Mathilde, obligée par Edward III d’Angleterre à se retirer dans l’abbaye de Grey Friars à la mort de la reine Isabelle, sa mère, se souvient des temps qui l’ont menée à la cour de la toute jeune reine, peu avant son mariage avec Edward II.

Mathilde, alors de Ferrers (son nom véritable), a été élevée par un père apothicaire qui commença à l’initier à son métier peu avant qu’il ne meure. Sa mère l’enverra alors à Paris, chez son oncle Réginald, afin d’y poursuivre ses études. Les potions et remèdes n’auront bientôt plus aucun secret pour la jeune fille, qui par ailleurs montre d’excellentes dispositions dans l’étude des langues et des multiples traités de médecine, notamment ceux d’Orient bien plus avancés en médecine que dans la superstitieuse Europe.

Hélas, les temps sont très troublés ; le roi Philippe le Bel a décidé la mise à mort de l’ordre des Templiers et l’oncle Réginald était l’un des membres de cet ordre. Ce ne sera plus qu’une question de jours avant que lui aussi ne soit arrêté, comme ses co-religionnaires. Il confie alors Mathilde à un certain Simon de Vitry qui lui est redevable d’une faveur. De Vitry va alors expliquer à la jeune fille qu’il va tenter, grâce à ses entrées au palais royal, de faire en sorte qu’elle devienne la suivante de la jeune princesse Isabelle. Pour avoir été fille et nièce de templier, Mathilde risque elle aussi la prison et la torture.

Isabelle de France est âgée de treize ans, fiancée au jeune roi d’Angleterre Edward II, mais celui-ci traîne à se décider car le traité d’union entre lui et la fille de France fut décidé par son père, Edward Ier.

Mathilde va immédiatement être prise en grippe par les trois frères de la princesse, sur qui ils ont des vues plutôt malsaines. C’est la suivante qui mettra fin à ce manège mais elle se sera ainsi fait trois ennemis, en plus d’Enguerrand de Marigny qui l’épie comme un serpent. Heureusement Isabelle de France s’est prise d’une réelle affection pour cette jeune fille plus âgée qu’elle, à la forte personnalité, connaissant poisons et remèdes.

La vie de Mathilde est sans arrêt menacée, elle se retrouve au cœur de complots devant desservir la cour d’Angleterre et permettre ainsi à Philippe le Bel – sous prétexte de protéger sa fille – d’usurper le trône d’Angleterre. D’autant plus qu’en Angleterre, dans l’ombre du roi, il y a Piers Gaveston le Gascon, que toute la cour déteste. Les barons d’Angleterre aimeraient se débarrasser de lui et sont prêts à faire la guerre au roi afin de le destituer si besoin en est.

Lorsque finalement le mariage est décidé et a lieu, Isabelle et Mathilde s’allient au roi et à son favori afin de déjouer les menaces de mort qui continuent à planer sur la suivante ; un homme de l’ombre vient heureusement à son secours dans les divers attentats contre sa personne. Son étude des causes de maladies ont aidé la jeune apothicaire à déduire les symptômes ; elle va utiliser cette science de la déduction pour tenter de découvrir l’assassin qui rôde autour d’elle.

Malheureusement, elle ne pourra empêcher la mort des hommes de la suite royale, qui ont aidé à la bonne réalisation du mariage. A l’évidence, un traître se cache parmi eux.

Le temps presse car l’étau se resserre autour de Mathilde.

On l’oublie un peu trop : même si le Moyen-âge était une période sombre (en anglais on le surnomme  «  the Dark Ages ») et que c’était aussi une époque de supersititions, surtout d’ordre religieux (comme c’est original !), c’était une époque où les femmes avaient accès à certains métiers, et notamment celui d’apothicaire et de médecin. Elles étaient souvent présentes près des champs de bataille où elles soignaient les blessés.

Elles étaient férues dans l’étude des simples et des remèdes qui en découlaient ; c’est Henry VIII, roi détestant les femmes intelligentes, qui leur interdit définitivement l’accès à la profession de médecin. Entretemps, la tristement célèbre Inquisition avait déjà tenté d’en éliminer sous prétexte de sorcellerie.

Basé sur le personnage réel d’une certaine Mathilda de Westminster, apothicaire au 14ème siècle, Paul Doherty a bâti un roman rempli d’intrigues de cour, plein de passion et de mystères humains et politiques.

Passionnant, même si pas très neuf lorsqu’on connaît les autres séries des romans historiques de cet auteur.

Par de nombreux aspects cette histoire m’a fait penser aux nombreux polars historiques mettant en scène Hugh Corbett, gardien du sceau secret d’Edward II.

La lutte entre Philippe le Bel briguant la couronne d’Angleterre et Edward I d’abord, et son successeur Edward II ensuite, fait l’objet de toutes les aventures d’Hugh Corbett. Paul Doherty en a d’ailleurs fait sa « spécialité » en quelque sorte puisque sa thèse d’histoire à Oxford avait pour sujet les règnes d’Edward Ier, dit « Longshanks » et son fils Edward II marié à la très belle Isabelle de France, que les Anglais surnommeront plus tard la « Louve de France », et qui a aussi été l’objet d’un des tomes de la série « Les Rois Maudits ».

L’auteur brosse dans ce livre-ci un portrait plus modéré d’une reine que l’Histoire a retenue pour ses manipulations. Ici elle est montrée sous un jour plus sympathique, elle est encore très jeune à la veille de son mariage. J’avoue que je l’ai trouvée poignante en jeune princesse entourée de conspirateurs, faisant l’objet de la convoitise sexuelle de ses frères,  non respectée par son père Philippe le Bel pour qui elle n’était rien d’autre qu’un pion qu’il avançait dans l’espoir de conquérir la couronne d’Angleterre.

Le personnage de Mathilde est fort sympathique, c'est une jeune femme capable de vaincre ses peurs, qui cherche la vérité au prix de sa vie. Une héroïne de son temps, qui observe avec acuite et tire ensutie ses conclusions.

Le roman, même s’il a, parfois, un petit côté de « déjà lu » tient le lecteur en haleine de bout en bout.

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