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mon bonheur est dans la ville
17 juillet 2009

SANG POUR SAND, de Martine Cadière

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Lorsque le docteur Tonin Gastellier se rend à Gargilesse dans le Berry, il est loin de se douter que cet petit village idyllique,  prêtant au repos et à la rêverie, va devenir son pire cauchemar.
Un cauchemar nommé Lelia, du nom de l’héroïne sandienne. Lelia, enfant mal aimée, blessée par la vie, terriblement vénale.
Tous les hommes de Gargilesse le lui auraient dit à ce chirurgien plutôt prétentieux, mais ç’aurait été trop tard, Lelia l’avait repéré et pris dans ses filets de prédatrice.
Jusqu’au lendemain de l’éclipse, où elle est retrouvée sauvagement assassinée, tombée sous la lame d’un psychopathe bien décidé à épurer la campagne de toutes ces femmes impures.

Pour le capitaine Ange Mattéi, le chirurgien parisien est un coupable idéal, trop idéal en fait. Seulement le médecin légiste l’a prévenu, ce meurtre ne sera pas le seul qu’il aura sur les bras s’il ne fait pas diligence ; l’assassinat de Lelia ressemble à un rituel. Les jours qui suivront vont lui donner raison puisqu’une autre jeune femme de la communauté pseudo-artistique  avec qui vivait Lelia est massacrée de la même manière.
Mattéi est drôlement embêté car il n’a pratiquement aucun indice sur lequel baser ses recherches, même si ce nouveau meurtre innocente le Parisien. Il se met à explorer le passé de Lelia afin d’y voir plus clair mais il faut réellement qu’il se dépêche car l’assassin n’a pas l’intention d’arrêter son œuvre de « salubrité publique ».

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Martine Cadière, passionnée de George Sand, a produit avec « Sang pour Sand » un roman contenant de très intéressants portraits de femmes, que ce soit la sombre et pathétique Lelia – qui va tout de même découvrir et adorer son homonyme littéraire -, ou son antithèse, la lumineuse Madeleine, compagne de Tonin. Ou encore la sympathique épouse de Ange Mattéi, qui va se prendre au jeu de la détection, ou encore l’indifférente et toxique mère de Lelia, seulement préoccupée d’elle-même, par qui l’on peut dire que le malheur est arrivé.

Toutes les héroïnes de ce polar sont à la hauteur des héroïnes féminines chez George Sand, les hommes y sont des accessoires. Elles sont toutes nettement plus passionnantes et intéressantes à fréquenter qu’eux.
Quoique j’aie tout de même une grande sympathie pour le capitaine Mattéi et le médecin-légiste, qui comme beaucoup de légistes dans les polars, a un sens de l’humour noir bien fait pour me plaire.
Par contre, j’ai trouvé le chirurgien ophtalmologue Gastellier le prototype même de l’égoïste arrogant, je n’ai éprouvé aucune sympathie lorsque les soupçons se tournent vers lui et qu’il est pris au piège.

Le roman de Martine Cadière est palpitant, le talent de l’auteure reflète parfaitement l’ambiance estivale étouffante, pratiquement palpable ; au fil des pages, l’atmosphère s’alourdit, de simple village engourdi sous le soleil, Gargilesse devient mystérieux et inquiétant. Le village est sous le choc, on partage le mépris de Lelia pour les hommes dont elle se sert, il n’y en a pas vraiment un pour rattrapper les autres (sauf Mattéi).

On découvre peu à peu la mesquinerie des habitants, soucieux de conserver la joliesse de leur patelin, que cette communauté de jeunes – pas forts sympathiques il faut l’avouer – dérange dans leurs habitudes.
La description de ce fameux petit coin de la Creuse donne envie de boucler son sac de voyage et de s’en aller tout droit vers le pays de la grande George Sand, pour laquelle je professe la même admiration que Martine Cadière.

L’écrivaine utilise des phrases et des dialogues courts, clairs, le style est vif ; les chapitres commencent ou se terminent, ou sont entrecoupés d’extraits des livres de George Sand, notamment son « Histoire de ma Vie », qu’il me tarde de relire.


Le suspense n’est pas le seul motif qui me pousse à vivement recommander cette lecture, c’est un livre qui donne envie de découvrir ou redécouvrir les œuvres de George Sand. Martine Cadière partage avec ses lecteurs non seulement sa passion pour la grande dame, mais aussi son autre passion à savoir celle du roman policier.

Je voudrais encore ajouter, à propos du roman, qu’il y a dans « Sang pour Sand » une scène hilarante relatant la première rencontre entre Madeleine et Tonin le chirurgien qui vaut son pesant de bonne humeur !

J’ai eu l’immense plaisir de découvrir Madame Cadière lors d’une conférence à l’ULB, où elle partagea avec son auditoire son autre passion, celle du roman policier.

Je n’ai qu’un regret : avoir manqué sa conférence consacrée à George Sand, qui était entrecoupée de textes de Madame Sand, lus par un comédien belge.

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Commentaires
N
oui martine cadière (qui est belge) est particulièrement "férue" en vie de george sand - je crois d'ailleurs qu'elle possède une résidence secondaire dans la creuse, non loin d'où Sand avait un manoir<br /> <br /> mais cette excellente essayiste et conférencière a d'autres cordes à son arc = joséphine baker et sarah bernhardt<br /> <br /> <br /> <br /> voilà des femmes que je trouve aussi très intéressantes aussi et lorsque martine cadière passe faire une conférence à l'université en face de chez moi, je m'y précipite car non seulement elle-même est très intéressante en tant que conférencière, mais elle est généralement accompagnée de l'un de ses amis, comédien qui lit des extraits des autobiographies ou biographies des personnages présentés<br /> <br /> :D
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M
Ici, j'imagine que l'auteur est une spécialiste de George Sand? Un peu comme celle qui écrit les roman policier avec Jane Austen..comme personnage principal. 'Jane Austen et le révérand' de Stéphanie Baron?
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