LE JEU DE LA VERITE, de Philippe Lellouche

Au théâtre des Galeries, dans une mise en scène de David Michiels.

Jules, comédien,  prépare fébrilement la table car c’est le jour de la semaine où Fabrice,  chef de cabinet ministériel, et Pascal, patron de sa petite entreprise, viennent dîner chez lui.

Tous les trois approchent de la quarantaine et tous les trois vivent l’amour et le couple de manière bien différente : Jules drague comme une bête et de préférence les minettes ; Pascal est en plein divorce et cela ne se passe pas si bien que ça, ses enfants lui manquent et Fabrice est rangé des voitures, marié et père de famille, mais depuis quelque temps il est attiré par une jolie attachée de presse du cabinet ministériel.

Ces trois-là sont copains depuis plus de vingt ans et malgré les vannes qu’ils se balancent, leur amitié est sincère et ils sont prêts à se soutenir.

Ce soir, Jules leur a préparé une surprise de taille : il a retrouvé Margaux, la belle Margaux dont ils étaient tous les trois amoureux fous au temps du lycée. Ce soir, elle dîne avec eux ! La joie des copains est immense, ils en sont tout nerveux.

Et lorsqu’elle entre, Margaux crée vraiment l’événement : un accident de moto la cloue dans une chaise roulante. Malaise général, que la sympathique jeune femme, bien dans sa peau, parvient à dissiper.

Comme les ados un peu attardés qu’ils sont parfois, Jules propose leur fameux « jeu de la vérité » qui va révéler quelques moments difficiles chez les trois copains.

Jusqu’à ce que Jules leur assène la deuxième surprise de la soirée : il a décidé de se marier !

Eclat de rire de Pascal et Fabrice, jusqu’à ce qu’il leur révèle que c’est Margaux qu’il aime très profondément depuis le lycée qu’il va épouser, et qu’il n’arrivait pas à le leur avouer autrement que par l’entremise de ce jeu idiot. C’est cela qui va déclencher l’ire des copains, comment Jules et Margaux ont-ils pu leur faire cette blague de mauvais goût ?

Et les voilà qui s’en vont, de très mauvaise humeur … mais sont ils réellement aussi fâchés qu’ils le disent ? En tout cas, Jules s’en fiche, il aime Margaux et ça vaut bien de perdre des copains, même des copains depuis 25 ans.

Peut être, en tout cas Pascal et Fabrice n’ont pas non plus dit leur dernier mot !

Ah sortir du théâtre le cœur en fête … quel bonheur !

merci à Nicolas Buysse, Luc Gilson, Pierre Pigeolet et Cloé Xhauflaire de nous avoir fait partager ces moments d’humour et de tendresse.

Dans un décor joliment simple, tonique et coloré de Francesco Deleo, les quatre comédiens du théâtre des Galeries jonglent avec les bons mots, l’humour un peu vache plein de complicité. Il n’y a pas un temps mort dans la pièce, on passe du rire à l’émotion mais une émotion sans mièvrerie aucune. Le texte frappe toujours juste, énonçant une infinité de choses vraies, bien de notre temps.

Je ne sais si c’était voulu ou un effet du hasard ou d’un mal de gorge mais j’ai eu l’impression, en écoutant le jeu de Nicolas Buysse d’entendre Benoit Poelvoorde, il en avait les intonations et la manière de s’exprimer. Ceci dit, lui et ses comparses comédiens sont vraiment épatants.

Je me suis senti pousser des ailes de bonne humeur dans le dos, en plein milieu de l’après-midi, où un beau soleil hivernal m’attendait encore à l’extérieur des galeries Saint-Hubert.

Voilà une pièce de théâtre dont je n’avais absolument pas entendu parler, dont je ne savais rien et que je suis allée voir un peu par désoeuvrement d’un dimanche solitaire. Quelle bonne idée j’ai eu là.

Qu’ est-il de plus beau et de plus sympathique en effet, que de  lire, entendre, regarder quelque chose qui parle d’amitié (la vraie) et d’amour (le vrai).