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mon bonheur est dans la ville
10 juillet 2009

I KNOW WHERE I'M GOING, Michael Powell & Emerich Pressburger

hillerJoan Webster, c’est la fille qui sait ce qu’elle veut et où elle va, elle est un brin frivole, issue d’un milieu aisé et apprécie ce que l’argent procure. Elle vient de décider de se marier avec un riche industriel vivant sur l’île de Kiloran en Ecosse, un certain Sir Bellinger. Le père de Joan est un peu estomaqué tout de même, le prétendant a quand même le même âge que lui.

 

Ce n’est pas ce qui va arrêter la jeune femme ; à la gare elle rencontre le majordome de Bellinger qui lui remet tout le planning pour les prochaines 48 heures, jusqu’à l’arrivée et au mariage.

 

 

 

Arrivée à l’île de Mull, le jolie Joan rencontre un sympathique capitaine de marine en permission (nous sommes à la fin de la guerre) ; le temps est exécrable et bien vite, le passeur fait comprendre que la tempête ne permettra pas la traversée jusqu’à Kiloran.

 

 

 

Miss Webster est réellement outrée que les éléments osent se mettre en travers de sa route. Il s’avère, entretemps, que le sympathique capitaine de marine est en réalité Lord Torquill MacNeil, le propriétaire de Kiloran louant son domaine à l’industriel.

 

Il invite Joan à loger chez Catriona, sa jolie cousine et pour tuer le temps, ils sont invités chez des amis de Bellinger, pendant qu’à côté se tient un « ceilidh » (kellie), en l’honneur des parents du majordome. L’ambiance y est pleine de vie, tout le monde connaît Torquill et l’apprécie, par contre les commentaires que Miss Webster entend à propos de son fiancé ne sont pas des plus positifs mais cela ne la fera pas changer d’avis.

 

C’est oublier un peu vite que si raisonnable que l’on soit, Cupidon aime bien lancer ses flèches et jeter la confusion afin de mieux brouiller les cartes.

 

 

 

Mais Joan découvre entretemps la gentillesse et l’humour des résidents de Mull, leur obstination aussi face aux éléments naturels ; si Ruadridh (Rory) dit qu’on ne peut traverser, c’est qu’il y a de bonnes raisons. Elle a quelques difficultés à comprendre pourquoi toutes ces personnes préfèrent rester dans leurs domaines si vieux et sans confort, alors qu’ils pourraient vendre et s’offrir quelque chose ailleurs. On voit bien que Joan vient de Manchester, comment pourrait-on quitter les Highlands ?

 

 

 

Bientôt la tempête qui fait rage à l’extérieur, commence à souffler dans le cœur de Miss Webster qui ne sait plus trop où elle en est. L’heure des choix arrive : l’argent ou l’amour, le cœur ou la raison …

 

 

 

Voilà bien longtemps que je n’avais plus vu au cinéma une histoire aussi charmante, bourrée autant d’humour que de tendresse, sauf bien sûr les deux derniers Hitchcock dont la cinémathèque nous a régalés récemment (The 39 Steps et The Lady Vanishes).

 

 

 

Mes choix pour voir un film sont multiples ; souvent ce sont les acteurs et le sujet, ou le réalisteur, qui me motivent.

 

Ici ce furent les Archers (Powell & Pressburger) évidemment ; je ne parviens pas à résister à leurs films, parfois très kitch, souvent drôles (parfois involontairement), plein d’inventivité et de fantaisie.

 

 

 

Mais ils n’ont pas été la seule raison dans ce cas-ci : il y avait le fait que l’histoire se passe en Ecosse (sur Mull, où j’ai eu le plaisir d’aller).

 

 

 

Bien que tourné en noir et blanc, les paysages sont magnifiques et cette fois, tout y est vrai ; Michael Powell disait à quel point ils ont pris plaisir à tourner dans les superbes paysages de la côté écossaise qui est l’une des vedettes principales de ce film réellement délicieux – même si je me fais traiter de « cœur de midinette » par les cinéphiles sérieux (et un peu coincés).

 

 

 

 

 

 

 

Il se dégage des paysages une vraie magie comme je l’avais déjà ressenti l’an dernier en Ecosse.

 

L’Ecosse, c’est comme la Bretagne, une fois qu’on y a mis les pieds on ne rêve que d’une chose, c’est d’y retourner.

 

 

 

Sous l’aspect un peu léger d’une histoire d’amour, on y parle des difficultés, de la guerre, de l’amour de la famille, de l’inconscience causée par l’entêtement mettant la vie des autres en danger.

 

Le passage du petit ferry – lorsque l’obstinée Joan décide de se rendre à Kiloran (l’île de Colonsay ayant changé de nom pour les besoins du scénario) – dans le « Corryvreckan whirlpool » est un moment de suspense particulièrement angoissant. Il s’agit d’un passage très étroit, dont le nom signifie « le chaudron du plaid » (parce que selon la légende, une déesse y lavait son plaid en automne et au début de l’hiver) ; on peut l’assimiler aux gorges de Bonifacio, lieux particulièrement dangereux aux bateaux par mauvais temps, les multiples pointes de rocher et la hauteur des fonds marins causant un tourbillon considéré par l’amirauté comme impraticable jusqu’à ce que quelqu’un trouve un courant favorable.

 

 

 

Les intempéries dans le film sont aussi celles de la réalité, il est impossible de contrefaire une tempête écossaise !

 

 

 

Les acteurs sont épatants également, comme c’est le cas dans la plupart des films de Powell & Pressburger.

 

 

 

250px_Archers_IKWIG_Ceilidh_HillerAndLiveseyDans le rôle de la très déterminée Joan Webster, on retrouve Wendy Hiller, une talentueuse comédienne britannique que je connaissais surtout en tant que « Dame Wendy Hiller », interprétant des rôles de dame âgée (comtesses, princesses, ladies, etc).

 

J’ai découvert récemment à quel point elle était belle lorsqu’elle était jeune, grâce au film « Separate Tables » de Delbert Mann, où elle interprétait Pat, la jolie hôtelière au cœur généreux.

 

Ici encore, elle est ravissante, habillée avec élégance ; elle est parfaite en Joan Webster, à qui l’on donnerait volontiers quelques claques, surtout lorsqu’elle dit n’importe quoi face au mode de vie écossais. Mais elle devient rapidement émouvante lorsque les tourments de son cœur ne la laissent plus en paix.

 

 

 

Et qui ne serait pas attirée par le séduisant capitaine de marine, interprété avec son humour habituel par Roger Livesey, un des acteurs fétiches des Archers.

 

Il a ici, en plus, un craquant petit accent écossais.

 

Pour la petite histoire de cinéphile, Roger Livesey jouait au théâtre à l’époque du film, du coup, il ne mit pas les pieds en Ecosse, et toutes ses scènes furent ajoutées au montage.

 

 

 

180px_PamelaBrownIls ont face à eux une série d’excellents acteurs, comme Pamela Brown, l’indépendante lady, se battant quotidiennement afin de maintenir son domaine.

 

 

Le passeur qui refuse de défier les éléments est joué par Finlay Currie, un acteur anglais qui interpréta le bagnard aidé par Pip dans « Great Expectations » et l’apôtre Pierre dans « Quo Vadis ».

 

 

Et dans un très court rôle, on découvre la toute jeune Petula Clark interprétant une petite fille curieuse et bavarde.

 

 

 

Raymond Chandler disait de « I know where I’m going » que c’était un film où l’on respirait l’air marin et où l’on sentait le vent et la pluie.

 

Quant à Martin Scorsese, il disait en être arrivé au point qu’il avait le sentiment que le cinéma n’avait plus grand’chose à offrir jusqu'à ce qu'il ne découvre ce film.

 

 

 

 

200px_I_know_where_im_going

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