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mon bonheur est dans la ville
10 juillet 2009

A MATTER OF LIFE AND DEATH, de Powell & Pressburger

archersPeter Carter est pilote d’un bombardier touché par l’ennemi, tout l’équipage a sauté en parachute, sauf Bob est Peter ; Bob a une bonne raison, il est mort touché par un éclat au cœur ; Peter a aussi une bonne raison, il a sacrifié son parachute pour faire des pansements dans l’espoir de sauver son ami.

L’appareil est en feu et le jeune homme tente de se faire localiser par la base ; en ligne il y a June, jeune Américaine qui comme beaucoup d’autres a rejoint les forces militaires ; elle est agent de liaison entre la base et les avions. Lorsqu’il entend la voix de June, Peter reprend espoir et lui parle, tombe immédiatement amoureux de sa voix et d’elle dans la foulée. Il lui récite le merveilleux poème de Sir Walter Raleigh « The Passionate Man’s Pilgrimage » qu’elle n’entend pas car la communication est détestable.

Elle parvient à recevoir ses coordonnées au dernier moment, juste avant qu’il ne lui annonce qu’il va sauter car quelle alternative a-t-il : mourir brûlé vif ou mourir en se brisant le cou… autant tenter sa chance en sautant.

Sur une place anglaise, Peter se retrouve entre la vie et la mort ; l’envoyé de l’au-delà a été retardé par la purée de pois anglaise et du coup, Peter est en sursis. Son ami Bob l’attend dans le vestibule de l’au-delà, où arrivent régulièrement toutes les personnes mortes dans les guerres. La jolie employée d’enregistrement est très mécontente et en réfère à sa supérieure. Le « convoyeur », un jeune aristocrate guillotiné pendant la révolution française, n’est pas content d’être tenu pour responsable, après tout c’est la faute au brouillard anglais.

Pendant ce temps, le héros en sursis « voit » enfin June ; ensuite il commence à halluciner, il « voit » son convoyeur qui n’est pas d’accord de le laisser sur terre mais Peter a plus d’une réponse à lui donner et notre envoyé spécial retourne auprès de ses supérieurs qui sont bien ennuyés par cette situation, unique depuis que le service existe : Peter a demandé un sursis, ça ne s’est jamais vu !

Un tribunal va devoir être constitué pour délibérer si cette demande de sursis est ou non recevable. Le procureur sera un homme qui déteste les Anglais, ça ne commence pas bien du tout. Qui défendra Peter ?

Sur terre, June a conduit Peter chez un ami médecin ; celui-ci est intrigué par le comportement du blessé et pense qu’il serait bon de l’opérer. Alors là, l’envoyé zêlé n’est pas du tout d’accord, il va pourtant se laisser fléchir et emmener l’esprit de Peter au tribunal durant l’opération, il pourra ainsi plaider sa cause.

C’est Frank, le médecin, qui sera son avocat de la défense, car sur le chemin de l’hôpital il a eu un accident de moto dont il n’a pas réchappé.

Commence alors un plaidoyer pro et contre le jeune Anglais ; pourquoi une jeune Américaine irait-elle se marier avec un tel personnage, l’histoire ayant prouvé à quel point les Anglais sont des gens peu fiables !

J’attends toujours avec une immense impatience le moindre hommage ou la moindre retrospective que la Cinémathèque de Belgique consacre aux Archers (Powell & Pressburger) car je sais que j’assisterai à un grand moment de cinéma pour cinéphiles et amateurs d’effets spéciaux avant que les ordinateurs ne soient le principal moteur de ces derniers.

« Black Narcissus » par exemple, est un magnifique exemple de ce dont ces deux réalisateurs étaient capables ; l’action supposée se situer au Népal a été complètement réalisée en studio, et c’est plus vrai que nature.

Ici encore, dans « A Matter of Life and Death » on est dans le fantastique absolu. Powell & Pressburger ont appelé leur film une « plaisanterie stratosphérique », mais « plaisanterie » dans le sens de fantaisie ; Ce film est d’une originalité rare, c’est une œuvre fantastique qui peut éventuellement faire sourire, actuellement, les amateurs d’effects spéciaux générés par ordinateur, mais comment ne pas voir dans ce conte fantastique une inventivité formidable pour l’époque où le film fut réalisé (1946).

C’est le premier film couleurs que réalisa le tandem et elle joue un rôle primordial dans le film, elle en est autant la vedette que les acteurs principaux.

Tout à coup, la couleur disparaît de l’écran pour faire place à des gris métallisés ; le cinéphile averti sait qu’il ne s’agit pas du tout d’un problème technique, car lorsque le jeune pilote se retrouve entre deux mondes, dans ce no man’s land entre le vie et la mort, il n’y a guère de couleur.

Cette monochromie n’est toutefois pas un simple procédé noir&blanc auquel le spectateur est habitué ; les teintes sont froides, les morts ont leur enveloppe de vivants mais plus aucun sang ne circule dans leurs veines ; le procédé technique utilisé est en fait la pellicule Technicolor sans en tirer les pigments (j’ai trouvé cette explication dans un article de presse, car je ne suis guère férue en technique cinématographique).

Selon les moments où Peter penche vers l’un ou l’autre monde, la couleur et la « non »couleur (qui n’est pas du noir et blanc) se mélangent.

Les décors de l’au-delà sont une vraie magie cinématographique ; ils sont dû à Alfred Junge.

Avec « The Red Shoes » et « Black Narcissus » ils ont été qualifiés de « symphonie » visuelle, mais il y a dans « A Matter of Life and Death » énormément d’humour, ce qui n’était pas le cas des deux autres films où l’intensité dramatique est tout le temps présente ; ici elle est souvent dédramatisée par d’excellentes répliques, des bons mots teintés d’humour noir ou d’humour tout simplement. Comme cette scène de tribunal, où sont énumérées  toutes les différences de personnalités, d’habitudes, de modes de vie des Anglais et des Américains.

L’interprétation est absolument formidable.

lifedeath2shot1A côté des deux amoureux interprétés par un David Niven aussi charmant qu’à l’accoutumée et la jolie Kim Hunter qui n’a pas l’air de bien comprendre ce qui se passe, il y a des personnages secondaires qui  prennent le pas sur le couple principal et font toute la saveur du film.

A commencer par Marius Goring, qui interprète avec un humour et un plaisir évident l’aristocrate ayant perdu la tête dans la révolution et qui a quelques difficultés à accepter que pour une fois son travail ne sera pas aussi bien fait que d’habitude. L’acteur avait refusé ce rôle au départ, car il aurait préféré être le pilote. Heureusement qu’il a changé d’avis car sa performance en « Convoyeur » est épatante de drôlerie.

Le médecin sympathique est joué par Robert Livesey, qui devient ultérieurement un très dynamique avocat de la défense, bien décidé à réunir Peter et June.

Bob, le bon copain, est joué par Robert Coote qui peu après interprétera Aramis dans « The Three Musqueteers » de George Cukor, avec Gene Kelly.

On retrouve, dans le rôle de l’employée à l’inscription des arrivants, la jolie Kathleen Byron qui sera la nonne folle de « Black Narcissus ».

Dans le rôle de l’accusateur public, celui qui refuse de laisser un sursis à Peter, on revoit Raymond Massey, une excellent acteur canadien qui fut, notamment,  Chauvelin dans le célèbre « Scarlet Pimpernel » avec Leslie Howard.

Et en y regardant bien, on aperçoit très brièvement un tout jeune Richard Attenborough dans le rôle d’un pilote anglais tombé au devoir.

Ce film est un véritable régal à tout point de vue, que ce soit au point de vue technique, imagination, inventivité ou pour le jeu des comédiens et les dialogues. L'introduction a elle seule vaut le déplacement, on se trouve dans une sorte de "documentaire" sur l'espace infini, les soleils, les étoiles, jusqu'à arriver à la terre et l'avion en flammes.

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