Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mon bonheur est dans la ville
6 juillet 2009

DIETRICH BUXTEHUDE, LE MECONNU

BuxtehudeA l’occasion du 300ème anniversaire de sa mort, ont retenti à Bruxelles ce printemps  dans l’église des Minimes les notes à la fois gaies ou solennelles des motets, cantates, sonates, de Dietrich Buxtehude, cantonné dans le rôle de prédécesseur de Bach ; il reste peu connu tant dans le public que pour les interprètes.

L’intégrale pour orgue aura même été présentée par Bernard Focroulle.

Mais c’est plus particulièrement Jean Tubéry, le Chœur de Chambre de Namur et les Agrémens, qui m’ont permis  découvrir ce musicien avec – en première partie du programme - le très beau « Membra Jesu Nostri », une série de 7 cantates chacune orientée sur un des membres du Christ en croix : pieds, genoux, mains, côtés, poitrine, cœur et visage.

Cette magnifique cantate est une longue prière traduite en une musique à thématique mystique, un style typique pour le baroque.

Son texte provient en grande partie d’un recueil de poèmes spirituels écrits en partie par Arnolphe de Louvain (Salve mundi salutare). Aux environs du 17ème siècle le texte d’origine sera augmenté ; il devient alors plus populaire tant dans le monde catholique que dans le monde protestant et tant da sa version latine originale que dans les traductions allemandes.

Chaque cantate est construite d’une même manière : après une courte introduction instrumentale, un concerto vocal en style polyphonique destiné à l’ensemble de l’effectif, puis une aria confiée aux solistes (3 strophes de 5 vers, séparées par une ritournelle instrumentale) et, enfin, la reprise du concerto vocal. Chaque texte chante une citation biblique de caractère prophétique.

Buxtehude a puisé, lui-même, dans la poésir du Salve mundi salutare.

On ne connaît pas exactement la destination précise de Membra Jesu nostri ;  il est probable que cette musique ait été interprétée lors d’un service liturgique d’un vendredi saint, interrompue par des parties parlées de la liturgie ; l’œuvre forme un tout organique : un seul titre pour l’ensemble de la partition, le plan tonal simple et logique. Il s’agit bien de 7 cantates en 1 (le 7 étant un chiffre symbolique), la septième cantate se terminant sur un « amen » et non sur la reprise du concerto.

Dietrich Buxtehude dédia son « Membre Jesu nostrii » au musicien Gustav Düben, un noble et un ami du compositeur, directeur de la musique de sa très gracieuse majesté le roi de Suède. En fait, c’est Düben qui collectionna les œuvres vocales et la musique de chambre de Buxtehude, les copia et les interpréta à la cour suédoise de Stockholm. C’est grâce à lui et à ses fils qu’une grande partie des œuvres de tous genres de Buxtehude sont concervées.

« Membra Jesu nostri » exprime une expérience mystique contemplative typique du baroque allemand : les chrétiens se stimulaient à méditer sur les souffrances du christ, en sérénité et avec piété. Il s’agit en quelque sort d’une longue prière musicale.

Les motets.

Les 3 motets qui ont constitué la seconde partie du concert de juin 2007 ont tous un caractère festif et ce grâce aux cuivres et timbales de la grande formation.

Buxtehude a été un motet à la célébration de la fête de l’Ascension du christ. Comme pour le motet suivant, il s’agit d’une combinaison de deux genres : aria et concerto.

La partie biblique du motet est le psaume 47, 6-7 = « Dieu monte parmi l’acclamation, et le seigneur au son des claires trompettes. Sonnez pour notre dieu, sonnez, sonnez, pour notre roi, sonnez ! »

La richesse de cette musique repose sur l’inventivité et la diversité dont Buxtehude fait preuve.

Dans le deuxième motet, Buxtehude reprend la musique d’une œuvre précédente qui fut composée pour un mariage.

Cette pratique est nommée « parodie » ; Bach l’utilisa également plus tard. Il ne s’agit pas là d’un manque d’imagination mais a à voir avec le grand nombre de commandes auxquelles les compositeurs baroques avaient à faire face ; cela les obligeait à reprendre d’anciennes pièces et à les adapter à un nouveau contexte.

Le 3ème motet terminera le concert dans la célébration du triomphe du fils de dieu, une œuvre pour la fête de Pâques. La tonalité en est donc forcément triomphale et s’ouvre dès le début par une fanfare de huit sons extériorisant la joie de la résurrection.

Le chœur final constitue une véritable apothéose après un échange continu entre les solistes.

« Apothéose » est bien le mot qui convient pour clôturer ce concert, les notes joyeuses de la fin du troisième motet qui ont retenti dans la petite église roccoco ont  véritablement transporté de joie les spectateurs.

Qui était Dietrich Buxtehude ?

lubeck_1551Dietrich Buxtehude en 1637 et mourut à Lübeck en 1707.

Bien que sa famille ait été originaire de la ville de Buxtehude, au sud-ouest de Hambourg, les ancêtres de Dietrich Buxtehude s’établirent dès le début du 16ème siècle dans le duché de Holstein, une région frontalière entre l’Allemagne et le Danemark. Hans Jensen Buxtehude, le père, fut pendant 32 ans organiste et maître d’école à Elseneur.

Dietrich Buxtehude travailla à Helsingborg (à l’époque, ville danoise) et Elseneur, avant d’aller s’installer à Lübeck où il épousa la fille de Franz Tunder,  titulaire de la Mariakirche à qui il succéda.

Buxtehudes_organ_in_Marienkirche_in_LubeckAprès que plusieurs candidats au poste d’organiste n’aient pas été retenus, c’est Buxtehude qui sera choisi en 1668. Il est également nommé, à la même époque, « werkmeister », un poste qui comprend les tâches de secrétaire, trésorier et agent administratif de l’église. Ce poste comporte un salaire distinct et est normalement dévolu à l’organiste.

Son père le rejoignit finalement à Lübeck en 1673, et son frère Peter, barbier de son état,  suivit quatre ans plus tard.

180px_Voorhout_Domestic_Music_SceneA partir de 1673, il instaura les concerts du soir (Abendmusiken) qui établirent sa réputation de compositeur dans toute l’Allemagne du nord. Cette réputaitn attira les jeunes musiciens désireux de rencontrer le maître reconnu comme le meilleur organiste de son temps : Nicolaus Bruhns, l’un de ses élèves les plus doués.

220px_BachHaendel et Mattheson, et finalement Bach, firent aussi  le voyage à Lübeck.

La tradition pour succéder au titulaire de l’orgue prestigieux était d’épouser l’un des filles, ce qui ne tenta cependant aucun des jeunes gens !

La musique des  Abendmusiken, qui mettait parfois en œuvre des effectifs considérables de musiciens et chanteurs, est malheureusement perdue.

BuxtehudeDietrich Buxtehude a acquis de son vivant une immense réputation, à tel point que Johann Pachelbel lui dédia son « Hexachordum Apollinis ». 180px_Pachelbel

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 85 249
Archives
Derniers commentaires
Publicité