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mon bonheur est dans la ville
13 janvier 2021

RIVER OF DARKNESS, de Rennie Airth

river

Titre français = Un Fleuve de ténèbres

1ère enquête de John Madden 

Angleterre début des années 1920 - Highfield, pittoresque village dans la campagne anglaise du Surrey, somnole dans la torpeur de l’été. Le réveil va être brutal = dans Melling Lodge, le manoir un peu à l’écart du village, toute la famille Fletcher et une domestique ont été les victimes d’un véritable massacre. Le colonel Fletcher  et deux domestiques sont retrouvés tués au couteau, son épouse Lucy par contre a eu la gorge tranchée au rasoir.  
Le seul témoin de ce massacre est la petite fille du couple Fletcher, blottie sous le lit, collée au mur ; totalement mutique. La jeune doctoresse du patelin, Helen Blacknell, défend formellement aux enquêteurs de questionner l’enfant. Elle l’emmène chez elle et qu’on n’essaie surtout pas de lui faire changer d’avis.
Les enquêteurs font marche arrière face à ce joli dragon.

L’inspecteur John Madden de Scotland Yard a été appelé sur les lieux pour soutenir les policiers locaux, il est accompagné d’une jeune recrue Billy Styles, débutant détective.
Ils sont soutenus par l’inspecteur en chef Angus Sinclair, qui a une excellente opinion de Madden, ce que sa hiérarchie du Yard ne comprend pas totalement car Madden est un homme revenu, comme tous les soldats, profondément blessé moralement et il était déjà meurtri par le décès juste avant la guerre de son épouse et leur petite fille de six mois.

Il n’y a quasiment aucun indice, sauf des mégots de cigarettes trouvés dans les bois, d’où l’on pouvait observer le manoir. De plus, le cadavre d’un braconnier local a aussi été trouvé dans ce même bois.
Madden, qui a une excellente vue, découvre toutefois une semelle de bottes dont manque un petit morceau. Ce n’est pas grand-chose. Interrogeant les gens du village, une jeune fille dit avoir entendu « comme un sifflement » et un bruit de moto.
Pour Madden, il s’agit du crime d’une seule personne, ayant étudié les allées et venues de la maison, ayant ensuite agi méthodiquement, à commencer par l’empoisonnement du chien de la maison.
Pour lui, il ne s’agit nullement d’un cambriolage ayant mal tourné, les objets disparus n’étant pas de grande valeur à côté de ce qui est resté dans la maison.

Le jeune Styles râle parce qu’il a l’impression qu’on n’utilise pas ses capacités, il faut dire qu’il pose quelques questions fort maladroites, au point que l’un des « bobbies » du village lui conseille de mieux observer, car tout est dans les détails.

A Scotland Yard, Londres, où les détectives doivent faire un rapport à l’assistant du commissaire, ils sont accueillis avec un certain mépris par le superintendant, supérieur de l’équipe  Sinclair-Madden, un arriviste qui brigue le poste d’assistant-commissaire, qui est au mieux avec un journaliste, véritable charognard insistant lourdement sur le fait que la police piétine.
Madden a l’idée de placer un petit article dans le journal de la police, et l’équipe des enquêteurs reçoit un retour rapide = un crime similaire a été commis dans un village, où là aussi l’épouse a eu la gorge tranchée au rasoir, alors que le mari a été tué d’un coup de couteau,  et le chien empoisonné peu avant. Bref même modus operandi.

Etudiant les plaies, Madden est convaincu qu’il s’agit d’une baïonnette, ce que confirme le légiste. Les enquêteurs vont donc poser des questions au ministère de la guerre, afin d’avoir de plus amples renseignements sur certains soldats qui seraient revenus traumatisés et capables d’actes pareils.
Le ministère est plus que réticent à cette idée, mais finalement est obligé d’accepter de coopérer. Si seulement ils agissaient plus rapidement, ils ne semblent pas réaliser que l’on a à faire à un tueur en série. 

Pour Madden-Sinclair, il s’agit bien de l’œuvre d’un psychopathe. Ils n’ont pas tort, car pendant que les enquêteurs tentent de découvrir plus d’indices, l’homme en question est déjà occupé à observer sa future nouvelle  cible.

Ce que j’en pense = contente d’avoir découvert ce polar qui pose plus la question du « pourquoi » plutôt que de « qui », car les lecteurs connaissent le tueur, pendant que l’enquête se poursuit, le psychopathe poursuit aussi ses objectifs.
Ce polar est aussi une jolie histoire d’amour naissant entre deux des protagonistes (l’enquêteur taciturne et la doctoresse du village), autant qu’une enquête palpitante.

La fin est un coup de théâtre fort dramatique.

Le personnage de John Madden est émouvant, on sent que l’homme a beaucoup souffert, non seulement de la perte de sa famille, mais aussi de la perte de quasi tout son bataillon dans les tranchées de la Somme.
Son supérieur direct, Angus Sinclair, un inspecteur en chef est à l’écoute de ses hommes, au contraire de son supérieur à lui, le superintendant plein de morgue, à qui heureusement on rivera son clou. Ce passage m’a fait fort plaisir.

On assiste ainsi aux petites luttes mesquines et intestines au cœur des départements de police. Ainsi qu’aux déceptions des jeunes, comme Billy Styles, qui ont tout à apprendre et se sentent mis à l’écart.
Ce qui n’est pas sans intérêt est la manière dont les compétences des policiers de villages, les « bobbies » sont bien utilisées – ils connaissent tout le monde et sont d’une aide considérable dans cette enquête.

La première guerre mondiale est quelque peu en toile de fond du roman, les cauchemars de Madden lui laissant peu de répit dans ce domaine.

Les lecteurs connaissent rapidement le tueur, et même son identité – c’est un être inquiétant, agissant selon ses pulsions et celles-ci augmentent au fil des pages.
Comme l’a expliqué un conférencier viennois, émule de Freud, ami de la doctoresse, le fleuve des ténèbres remonte fort loin dans la psyché et les pulsions sexuelles d’une personne ; lorsque le moment est venu, il déborde de manière dramatique.

Comme les enquêtes de John Madden consistent en une trilogie dans les polars de Rennie Airth, auteur sud-africain, je ne tarderai à lire les 2  polars suivants – Madden apparaît encore dans les autres polars, mais plus en personnage principal.

Cimetière_militaire_britannique_extension_du_cimetière_communal_de_Suzanne_(Somme)_1

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Commentaires
H
Mazette, Niki, je n'y arriverai jamais ! Tous ces livres que tu présentes de façon si alléchante + ma PAL+ les nouveautés à lire absolument. J'aurais besoin d'une rallonge de quelques années-lumière pour en venir à bout 🤪
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L
Je me demande si je ne l'ai pas lu ? Si c'est le cas, tu me donnes envie de le relire.<br /> <br /> Bises.
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C
Ah, bien, ça semble intéressant, les romans anglais ont un style, une ambiance qui me plaît toujours beaucoup. Merci.
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A
Ça n'a pas l'air mal, autant le contexte que les personnages.
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T
"une trilogie" ? Il y au moins 6 romans, non ?
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