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mon bonheur est dans la ville
3 avril 2014

PUNISHMENT PARK, de Peter Watkins

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Titre français = identique

Scénario  de Peter Watkins 

« Punishment Park » est un faux documentaire – ce que les Anglo-saxons nomment un « mockumentary » - cette dénomination ne doit pas être confondue avec une « docu-fiction », où des situations fictionnelles, interprétées par des acteurs, sont inclues dans un documentaire, ou un docu-drame qui possède plus ou moins les mêmes notions (reconstitution fictionnelle des événements décrits dans le docu-fiction).
L’histoire se situe pendant la guerre du Vietnam – les Etats-Unis sont totalement enlisés dans cette guerre (aussi sale que toutes les guerres) et font face à de plus en plus de contestations d’où état d’urgence déclaré par le président.

Le scénario de Peter Watkins propose une situation d’uchronie à savoir un possible état d’urgence déclaré par le président des Etats-Unis (sous-entendu Richard Nixon) – cet état d’urgence déclare la lutte ouverte aux objecteurs de conscience, militants pour les droits civiques, les féministes, les communistes, les anarchistes. On procède à de multiples arrestations dans les milieux suspects à savoir les universités.
Le parc est un  centre d’entraînement pour les nouvelles recrues dans l’armée et pour les policiers de la garde nationale devant procéder à des arrestations. Les prisonniers, après des procès plus que sommaires, doivent faire face à de très lourdes peines de prison. Cependant, s’ils acceptent  de passer 3 jours au « Punishment Park ». Ces 3 jours consistent à rejoindre à travers le désert californien le drapeau américain situé à 53 miles du point de départ,  poursuivis par les policiers et les militaires devant s’entraîner. Les prisonniers n’ont ni eau ni vivres ; on leur donne une « certaine » avance sur leurs poursuivants.  S’ils arrivent au point final avant les poursuivants, ils seront libres – sinon ils effectueront leurs peines de prison.

Deux équipes « européennes » filment les groupes pour un documentaire.

Un des deux groupes est resté dans  la grande tente afin d’y filmer les « procès » - les juges sont virulents à l’égard des jeunes qui protestent contre cette guerre du Vietnam, ils les insultent de vouloir abattre la société américaine telle qu’elle est avec ses lois et ses règles, n’hésitant pas à recourir à la violence pour les faire taire.
L’autre groupe pendant ce temps a commencé à fuir dans le désert, mais une dissidence éclate au sein de ce premier groupe, ceux qui résistent sont implacablement tués par les poursuivant. Le reste de ce premier groupe  atteint finalement le drapeau, mais les policiers les y attendent déjà – en fait il n’y a pas d’espoir pour les dissidents à « Punishment Park » - le « bon droit », l’ « establisment »  sont les seuls gagnants. Le système, rien que le système, contrôle tout.

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téléchargement

J’ai découvert ce faux documentaire grâce au cours d’initiation au cinéma que j’ai le plaisir de suivre en ce moment – Olivier Lecomte,  notre conférencier-professeur, est un grand admirateur de Peter Watkins, réalisateur indépendant britannique, pionnier de cette manière de filmer – il est pacifiste et la plupart de ses films sont des pamphlets anti-militaristes.  Il est fortement opposé aux règles imposées par Hollywood – il utilise des techniques  du style « actualités », les acteurs s’expriment face à la caméra.

« Punishment Park » fut réalisé en 1971, avec un minimum de moyens matériels et techniques. Le « décor », le plateau consistait en une grande tente destinée aux scènes d’intérieur (procès), les extérieurs furent filmés dans le « Dry Lake Mirage » en Californie  Le projet, au départ, avait un scénario bien élaboré mais pour la première fois, Peter Watkins laissa la parole à ses acteurs, dont beaucoup improvisent leur texte. Cela donne  réellement une forte impression de réalisme.
Bien que l’histoire soit une fiction, elle s’inspire largement des procès des « Chicago Seven » et de la manière dont la police tira sur les manifestants dans l’état du Kent, ainsi que des brutalités policières en général, ainsi que la manière dont les medias utilisent les événements à leur gré.
C'était un formidable pamphlet sur son époque - j'aurais dû le découvrir en ce temps là.

Le film a été vivement attaqué aux Etats Unis, les studios hollywoodiens en refusèrent la distribution. Aucune réaction ne fut impartiale, plusieurs critiques prétendirent qu’il s’agît là d’une propagande communiste.
Il fut présenté au festival de Cannes de cette même année et apprécié par la critique européenne. Le succès du film, malheureusement, resta un succès d’estime.

Il fut distribué en France dans les salles d’art et d’essai.

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Commentaires
S
je suis ravie de faire des émules :D
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A
Je vais noter également. Le sujet m'intéresse beaucoup.
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M
Tu as de la chance d esuivre des cours de cinéma ! J'en aurais bien besoin ! Je ne connais pas ce film mais je note. Et merci sur toutes les précisions, c'est très intéressant. J'avoue ne pas trop aimer les doc-fiction...
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M
Moi, je trouve ce film encore bien d'actualité hélas.
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T
Bizarre, bizarre.
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