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mon bonheur est dans la ville
26 janvier 2013

MAURICE, de James Ivory

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Titre français = identique

Scénario de James Ivory & Kit Hesket-Harvey, d'après le roman homonyme de E.M. Forster

Produit par Ismael Merchant

En 1909, Maurice Hall est inscrit à l’université de Cambridge, où il fait la rencontre de lord Risley et du riche Clive Durham – le milieu dont est issu Maurice est moins « important » que celui de ses copains d’université  et est ébloui par Durham.
Ce dernier lui avoue son amour ; Maurice ne réagit pas très bien à cet aveu mais bien vite va y répondre. Les voilà donc emportés par leurs sentiments, quoique Clive Durham exige que leur relation reste intellectuelle et platonique. Dépasser ce stade serait s’abaisser. Maurice va être renvoyé de Cambridge, devient courtier à Londres, ce qui n’altère pas la relation des deux jeunes gens, bien qu’après l’arrestation et la condamnation de leur copain Risley, il est réellement impérieux qu’elle demeure secrète.

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Clive Durham a réellement peur du qu’en dira-t-on et finalement rompt avec Maurice qui est effondré.
Durham s’est rendu en Grèce, à son retour il rentre dans le rang et se marie. Maurice Hall, qui n’arrive pas à surmonter son chagrin, consulte des médecins – l’un l’éconduit, l’autre tente de le « soigner » sous hypnose. 

Lors d’une visite à Pendersleigh, la propriété de Clive Durham, Maurice remarque le jeune assistant-garde chasse. Maurice le traite d’abord avec un certain mépris ; Scudder n’est nullement intimidé et au cours d’une nuit d’orage, entre dans la chambre de Maurice, l’embrasse et ils passent la nuit ensemble. Une lettre va jeter un malentendu entre les deux nouveaux amants. Scudder décide de le retrouver, le malentendu est effacé, néanmoins Alec Scudder est censé partir en Argentine avec sa famille. Une vraie relation n’est donc pas possible.
Quant à Clive Durham, il est totalement choqué par ce qu’il apprend à propos de Maurice et Alec, et livre un sermon des plus coincés. Clive Durham a réellement très peur des éventuels commentaires, d'autant plus qu'il a l'intention d'entrer en politique.
Retournant au hangar à bateaux, Maurice et Alec sont réunis et, comme le dit Alex, « nous ne serons plus jamais séparés ».

Je suis bien décidée à poursuivre mon exploration des films des productions Ivory/Merchant – découvrir ceux que je ne connaissais pas, revoir ceux que je vis à leur sortie. Ce film-ci fait partie de la première catégorie, les jamais vus.
« Maurice » de E.M. Forster fut publié posthumément – on ne l’oublie que trop, à présent que l’homosexualité est (presque) acceptée dans notre société – que dans les années 1960, elle était encore condamnée – on comprend dès lors que le romancier ait hésité à braver les foudres de la censure et voir peut-être son histoire mise à l’index, sans oublier le risque d'emprisonnement (comme Oscar Wilde).
Il y dénonçait non seulement la manière dont les homosexuels étaient traités aux 19ème & 20ème siècles (jusque vers la fin des années 1960), de plus E.M. Forster  nous raconte une belle histoire d’amour qui, en plus, se termine bien !  voulant prouver par là, qu’il existe des homosexuels heureux, vivant bien leur histoire d’amour.

Certes au début du 20ème siècle, les mentalités n’étaient pas prêtes pour ce type d’happy end.
Par ailleurs, Forster refusa de le faire publier tant que sa mère était en vie, craignant de la blesser.

Pour une fois le scénario ne fut pas écrit par l’habituelle complice d’Ivory-Merchant, Ruth Prawder-Jhabvala,  celle-ci étant immergée dans l’écriture d’un nouveau roman, préférant ne se consacrer qu’à cela.
Comme l’explique le co-scénariste de James Ivory « quelle chance pour moi, ce roman, je n’étais que trop heureux de pouvoir participer à cette belle expérience cinématographique ». 

L’homosexualité n’est pas le seul sujet mis en évidence = les différences sociales, qui sont partout présentes dans l’œuvre de Forster, se retrouvent aussi ici – Clive Durham est de « meilleure » naissance que Maurice, qui lui-même est supérieur à Alec Scudder, celui-ci étant un employé du domaine de Clive Durham.

Tourner au King’s College de Cambridge ne fut pas très simple, mais comme toujours, Ismael Merchant arriva à persuader le collège des directeurs de leur accorder la permission.

« Maurice » suit immédiatement « Room with a view », autre roman de Forster réalisé par Ivory/Merchant - film qui remporta un immense succès, tout comme « Maurice » d’ailleurs, qui obtint le lion d’argent à Venise et une standing ovation de plus de 5 minutes.

Que dire, si ce n’est que j’ai été totalement conquise par cette  belle histoire d'une immense sensibilité et de pudeur – l’interprétation y étant évidemment pour beaucoup – James Ivory a réellement le don de faire ressortir ce qu’il y a de meilleur dans un acteur. Ils le disent d’ailleurs tous avec une unanimité qui fait plaisir à entendre.

James Wilby est émouvant  et très vrai en Maurice Hall, jeune homme attiré physiquement par son ami, Clive Durham, qui refuse l’union des corps, après avoir lui-même séduit Maurice  et fait comprendre que finalement il préfère l’union intellectuelle. Par ailleurs, Clive Durham, rentré dans le rang, va se révéler encore plus étroit d’esprit que ceux qui condamnent l’amour entre deux hommes.
Celui-ci est magistralement interprété par Hugh Grant, qui affirme encore et toujours que ce rôle-là fut le meilleur de toute sa carrière – et je suis totalement d’accord avec lui là-dessus. J’aime beaucoup cet acteur, mais on l’a souvent confiné dans des comédies, or il possède bien plus de talent qu’on se l’imagine.
Le 3ème personnage de cette histoire d’amour hors du commun est interprété par Rupert Graves, dont c’était seulement le second rôle au cinéma.

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Dans la distribution figurent encore Denholm Elliott et Ben Kingsley, dans les rôles des deux médecins que consulte Maurice dans l’espoir d’être guéri de ses « déviances ». 
Simon Callow est Mr. Ducie, qui tente avec maladresse d'inculquer les "choses de la vie" au jeune Maurice. . Barry Foster figure aussi dans la distribution. Mark Tandy interprète l'infortuné Lord Risley.

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Côté dames, se retrouvent Billie Whitelaw dans le rôle de Mrs. Hall, qui joue réellement à des jeux idiots avec ses filles gloussant à qui mieux mieux.
Phoebe Nicholls est Anne, la jeune fille qu’épouse Clive/Grant, afin de rentrer dans le rang qui lui convient et être honorable aux yeux de la société bien pensante.
Les soeurs de Maurice sont jouées par Kitty Aldridge et Helena Mitchell.

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Superbe photographie de Pierre Lhomme, musique tout aussi belle de Richard Robbins,  compositeur attitré des films d’Ivory/Merchant, décédé en novembre 2012.
Comme toujours chez James Ivory, l'esthétique des images se marie à la perfection avec l'histoire elle-même.
Les costumes et décors sont parfaits aussi.

A voir absolument (à présent, lire le roman s’impose à moi).

Un billet concernant le roman de E.M. Forster sur le blog de mango.

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Commentaires
M
J'avais beaucoup aimé ce film même si je n'ai aps lu ce roman ! Tu as raison H. Grant joue très bien dedans ! Un très beau film !
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S
teki, je résiste comme les irréductibles gaulois à m'acheter des bouquins, ne m'y incite donc pas STP :P :lol:
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M
J'apprécie beaucoup Forster pour sa modernité mais son style me pose problème (ou alors la traduction ?) Je devrais essayer les films.
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A
Je suis à peu près sûre que c'est le premier film d'Ivory que j'ai vu. J'ai lu aussi le roman dont j'ai un souvenir assez sombre.
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:
A dire vrai, tu me donnes envie de faire la même exploration... Pour l'heure, je suis plutôt parti dans le cinéma japonais, mais... qu'importe, l'un n'empêche pas l'autre. Je te souhaite un bon week-end.
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