Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mon bonheur est dans la ville
5 décembre 2012

BOMBAY TALKIE, de James Ivory

MV5BNDY3NzI3NTc3NV5BMl5BanBnXkFtZTcwNjc1MjAwMQ__

61232945_p

Popular_Film_Producers

Titre français = identique

Scénario de James Ivory & Ruth Prawer Jhabvala

Lucia Lane, auteure célèbre dont le roman « Consenting Adults » a été produit à l’écran, est venue en Inde à la recherche de nouvelles idées pour un roman. Elle arrive sur le plateau d’un film bollywoodien, avec Hari le scénariste comme cicérone.
Hari tombe rapidement sous le charme de la jeune femme qui le traite avec une certaine désinvolture, il espère découvrir une âme-soeur dans la poésie et l'écriture.

bombay_talkie3

Lorsqu’elle aperçoit Vikram, la vedette principale du film, qui n’a jamais entendu parler d’elle car il ne lit pas (sait-il seulement lire comme le dit ironiquement son copain), Lucia est totalement subjuguée par sa beauté.
Qu’il soit en compagnie de son épouse Mala, importe peu à l’Européenne qui emmène Vikram avec elle pour « discuter ».
Ils entament une relation qui va briser le cœur de la douce Mala, souhaitant donner un fils à son mari – une obligation pour une femme mariée en Inde – et aussi celui d’Hari, qui pourtant recueille Lucia et son cœur brisé à chaque fois qu’elle est délaissée par Vikram.

BombayTalkies_vlcsnap_6598819

A ce jeu de chat et souris, elle n’est pas la seule, car dès qu’elle décide de rompre avec Vikram, il revient la chercher.
Dans l’espoir de mettre un peu d’ordre dans sa vie, Lucia part dans un ashram où elle découvre que là non plus la réalité ne correspond pas à l’idée qu’elle se faisait de ce genre d’endroit.
Elle retrouve Hari, mais c’est Vikram qui l’emporte. Le drame n’est pas loin.

Le  célèbre trio d’Ivory-Merchant Productions, à savoir James Ivory, Ismail Merchant et Ruth Prawer Jhabvala  sont à l’origine de bien des films originaux, soit de superbes adaptations de romans historiques, genre dans lequel ils excellaient. Avant cela, ils ont tourné quelques histoires intéressantes, dont celle-ci qu’ ils voulaient un mélodrame-pastiche du cinéma bollywoodien des années 1960..
Ils expliquent d’ailleurs,  dans l’intéressant bonus, les caractéristiques du cinéma bollywoodien = on y chante lorsque les protagonistes ont envie de s’embrasser, ou même de coucher ensemble.
A l’époque de ce film-ci (1970), et bien avant, s’embrasser à l’écran était complètement interdit, les cinéastes utilisaient dès lors le subterfuge des chants et danses.
S’embrasser en public en Inde est un délit grave, maintenant encore.

La scénariste Ruth Prawer Jhabvala expliquait également l’envie de montrer dans l’histoire à quel point l’Inde et sa spiritualité attirait les Européens, ce dont profitaient certains pandits, entourés de gens sans scrupules qui empochaient l’argent des crédules pendant que de (presque) bonne foi le guru s’occupait des ouailles.

L’histoire dépeint un portrait de femme totalement égocentrique (encore une ! décidément je les cumule pour l’instant), s’en fichant totalement du chagrin qu’elle cause, tant elle est obsédée par le jeune acteur sur qui elle a jeté son dévolu. Elle est très bien interprétée par Jennifer Kendal (sœur de Felicity Kendal héroïne des polars « Rosemary & Thyme », les 2 sœurs ont d’ailleurs exactement la même voix – c’est très surprenant).
Jennifer Kendal est excellente dans le rôle de cette femme exaspérante, venue en Inde pour découvrir un univers exotique, mais dans la totale ignorance des usages, et n’en n’ayant nullement cure d’ailleurs.

 shashi_kapoor_jennifer_kendall 

Face à elle dans  le rôle de Vikram, le jeune acteur, imbu de lui-même -  tout aussi obsédé par Lucia Lane/Kendal, surtout  quand elle ne veut pas de lui – on trouve Shashi Kapoor, mari dans la vie de Jennifer Kendal.
Dans cette histoire, il est parfaitement antipathique, soucieux de son succès physique auprès des femmes, de sa belle image, mais au cerveau totalement vide.

Ce dont s’amuse souvent son ami Hari, interprété avec sensibilité par Zia Mohyeddin – il est et de loin le personnage le plus sympathique du film – il le paiera chèrement.
Mala, l’épouse obsédée par le besoin d’enfant, surtout de fils, est  jouée par Aparna Sen – souffrant des infidélités de son époux et plus particulièrement de cette histoire avec l’Européenne qui n’a aucun scrupule vis-à-vis d’elle.
Citons encore la confidente de Vikram, Anjana Devi jouée par la chanteuse Nadira, un  producteur de films X, interprété par Uptal Dutt. Le gourou est joué par Pinchoo Kapoor.

 BombayTalkie_FilmStill

Dans la scène de danse de la « machine à écrire sa vie » (belle métaphore), on trouve un groupe de charmantes danseuses, directement inspirée par Bollywood, avec surtout  Helen, la plus célèbre danseuse des films bollywoodiens.
J’ai beaucoup aimé ce décor de la machine à écrire, les touches s’enfoncent sous les pas des danseuses – je partage cet enthousiasme avec James Ivory, qui regrettait seulement de ne pas être arrivé à ce que les lettres s’inscrivent sur la feuille de papier.

 the_typewriter_2_11_

J’ai trouvé l’histoire intéressante, ce mélange de l’Inde telle qu’elle est et telle que se l’imaginent les Européens est bien montré.

Par contre ce  mélo aux états d’âme  à la « je t’aime moi non plus » ne m’a pas beaucoup touchée, et le film est trop long = presque 2 heures pour se courir après dans Bombay, ou dans le somptueux hôtel Taj Mahal, on n’en demandait pas autant.
Au bout d’une heure 20 tout est dit, tout est compris.
C’est néanmoins superbement interprété et filmé. La présentation du film, par exemple, faite de panneaux peints,  m’a particulièrement plu (voir ici)

Le titre "Bombay Talkie" fait référence aux studios BOMBAY TALKIES du cinéma indiens, créés en 1934 - en son temps, les studios furent considérés comme particulièrement innovants, leur matériel étant d'excellente qualité et une salle de cinéma pour avant-premières faisait partie de leurs installations. Les studios avaient la réputation de produire des films sur des sujets controversés, comme l'amour entre une Intouchable et un brahmane. Ce pilier du cinéma indien entama son déclin en 1950, après des dissensions entre les divers administrateurs. Les studios restent cependant chers au coeur des Indiens pour qui ils sont une institution culte, ayant lancé la carrière de multiples stars du cinéma indien.

Logo_of_Bombay_Talkies

 l'hôtel Taj Mahal à Bombay

800px_Taj_Mahal_Palace_Hotel

Publicité
Publicité
Commentaires
L
Je n'ai encore jamais vu celui-ci mais ce que tu en dis me donne envie de le dénicher.
Répondre
T
Tout comme Aifelle le terme "Bollywood" a un effet repoussoir pour moi :lol:
Répondre
A
J'ai vu plusieurs James Ivory, que j'aime beaucoup, mais pas celui-ci. Je côté Bollywood m'avait peut-être découragée.
Répondre
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 85 240
Archives
Derniers commentaires
Publicité