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mon bonheur est dans la ville
3 décembre 2012

DEUX HOMMES DANS MANHATTAN, de Jean-Pierre Melville

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Scénario de Jean-Pierre Melville 

Lorsque l’AFP réalise que le diplomate représentant la France à l’ONU a disparu, elle lance à sa recherche Moreau, un journaliste qui a parfois recours aux tuyaux de son copain Delmas, fort peu apprécié dans la profession en raison de son goût pour le sensationnel. Delmas cependant a un indice susceptible de les aider = il possède trois photos du diplomate, chaque fois en compagnie d’une ravissante jeune femme. Les deux hommes se mettent donc en quête de retrouver des trois jeunes femmes, sans se rendre compte qu’ils sont suivis depuis le début de leur enquête.
Ce sera la jeune comédienne Judith Nelson qui finira par leur avouer la vérité, alors qu’elle est à l’hôpital après une tentative de suicide = l’homme est mort chez elle, d’une crise cardiaque ! 
Les deux journalistes y courent, trouvent l’homme en question ; pendant que Moreau appelle son chef qui   prévient le consul ;  Delmas, voyant là le scoop de sa carrière, « arrange le décor » pour faire un super sujet pour les magazines.
Le consul exige les clichés afin de ne pas ternir la réputation d’un homme à qui la France doit tout.

Les deux journalistes s’étant rendu au domicile privé du diplomate décédé, ils sont abordés par la fille de ce dernier qui leur demande d’épargner sa mère – elle, la fille, connaît tout des « faiblesses » de son père, mais sa mère non. Delmas s’en va haussant les épaules, Moreau décide de partir à sa recherche dans ses bars préférés ; lorsque son copain, ivre mort lui rit au nez, Moreau lui flanque une raclée.  Delmas parviendra-t-il à faire passer son honneur avant son appât du gain ?

Tourné en noir & blanc – un style qu’appréciait particulièment  Jean-Pierre Melville – ce thriller psychologique est une intéressante réflexion sur le métier de journaliste = celui qui fait son travail proprement, dans le respect de l’autre et celui qui tient absolument à un papier sensationnel pour se faire un maximum de fric.
Bien qu’il n’ait pas tout à fait tort sur une partie de son raisonnement = cacher quelque chose (un homme  honoré de tous, mort chez sa maîtresse), refuser – voire interdire -  de montrer la vérité sous prétexte de sauver les apparences, ne pas montrer un être humain avec ses défauts, parce qu’il a « sauvé » la France (ce que suscite le représentant à l’ONU chez les autres, c’est pratiquement de l’hagiographie, il faut pour cela écouter le raisonnement du consul) – est ce cela la liberté de la presse ?

Je n’ai pu m’empêcher de penser au magazine « Pourri-Match » (non je ne me suis pas trompée dans le titre du magazine) qui prend aussi un malin plaisir à étaler la vie privée, au dépens parfois du respect de l’autre…
Voilà un débat qui m’interpelle.

L’interprétation de Pierre Grasset, en journaliste-photographe (ce que l’on appelle actuellement « paparazzi ») est excellente, il fait fort bien passer le personnage sans scrupule, alcoolique, qui rêve de sortir de la médiocrité par le biais de l’argent mais qui aura pourtant un sursaut de dignité à la fin.
La dernière image, où il s’en va – souriant avec ironie - dans le petit matin après avoir reçu le mépris de son collègue en pleine figure, est pleine d’humanité.

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J’ai trouvé, par contre, que Jean-Pierre Melville dans le rôle de Moreau, le journaliste scrupuleux  un peu trop lisse,  manquait  de naturel. Comme s’il ne croyait pas vraiment à son personnage.
J’ai l’impression que le réalisateur-écrivain-scénariste est plus à l’aise derrière la caméra que devant.

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Tout comme pour celui de Jean-Pierre Melville, je n’ai pas trouvé le jeu des comédiennes très naturel, elles ont réellement l’air de « jouer » mélodramatiquement – c’est parfois assez ridicule, notamment l’actrice Ginger Hall dans le rôle de Judith Nelson,  ayant fait une tentative de suicide ; elle est presque comique tant elle joue faux.

La photographie de Manhattan la  nuit – toute cette course à la recherche du diplomate -  est formidable ; on y ressent ce qu’éprouvait Melville à propos de cette grande ville américaine.
Le New York de Melville fait penser à celui de Jerome Charyn ou Martin Scorsese, mais en plus dépouillé.

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L’histoire, plus thriller que polar mais malgré tout avec une certaine ambiance de « film noir », est aussi typique de ce que ce cinéaste hors norme appréciait  dans le cinéma américain, celui des films noirs qui l’inspirèrent tout au long de sa carrière de cinéaste.

Ce "city-road movie" a été une intéressante découverte que je ne regrette vraiment pas malgré l’interprétation peu convaincante de la plupart des acteurs.

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Commentaires
M
Un film qui doit valoir le coup rien que pour le NY de l'époque !
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T
Difficile pour un journaliste de ne pas faire de sensationalisme pour vendre du papier. Ca a toujours été et le sera toujours.<br /> <br /> <br /> <br /> En tout cas j'ai remarque que "maître" et chat avait les mêmes yeux sur la seconde illustration ;)
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