THE BALLAD AND THE SOURCE, de Rosamond Lehmann
RELECTURE
Titre français = La Ballade et la Source
Le roman ayant inspiré « The Rain before it falls » de Jonathan Coe
En trois longues « conversations » nous assistons à l’existence de la flamboyante Sybil Jardine.
D’abord, telle qu’elle apparut aux yeux éblouis de la petite Rebecca, la petite-fille de la meilleure amie de Mrs. Jardine, en un temps lointain où celle-ci n’avait pas encore provoqué de scandale, en quittant tout – mari et enfant – avec un artiste qui lui révéla l’amour.
De femme comblée et adulée par la société, elle devint une paria. Son mari fit tout pour qu’elle ne puisse plus jamais voir sa petite fille, qui grandit dans la haine de sa mère.
A travers les yeux de Rebecca, fascinée par Mrs. Jardine, et ceux qui ont connu Mrs. Jardine en « ces temps-là », nous apprenons que le mariage de Ianthe, sa fille, ne fut pas plus heureux.
Les petits-enfants de Sybil Jardine ont été accueillis par cette dernière, leur mère étant morte et leur père gravement malade ; toutefois, il y a peu d’affection pour leur grand-mère de la part de ces enfants, surtout pas de la part de Maisie, l’aînée – mais à l’exception de la petite dernière, Cherry, trop jeune pour se soucier de ces problèmes de grandes personnes.
Aux Etats-Unis, certains critiques littéraires la considèrent comme seulement une « auteure de romans d’amour » - de là à la comparer à Rosamund Pilcher, il n’y a qu’un pas, que je ne franchirai certainement pas.
Ce serait réellement réduire Rosamond Lehman à ce qu’elle ne fut jamais.
Rosamond Lehmann a écrit bien plus, bien autre chose, que des romans d’amour, même si son style n’a pas le côté satirique d’Evelyn Waugh en jetant un œil sur les gens.
Tous ses romans parlent de la difficulté des relations hommes et femmes, dans et hors des liens du mariage – elle parle des conventions qui séparent les couples non officiels, où les épouses légitimes « récupèrent » le mari, au détriment de l’amante qui bien souvent reste blessée à vie.
Comme la plupart de tous ses romans, cette histoire reprend les personnages à divers stades de leur vie, de l’enfance à l’adolescence, parfois jusqu’à l’âge adulte. Avec une structure assez similaire de livre en livre, un personnage central confronté aux problèmes des autres, mais devant aussi faire face aux siens.
C’est aussi sans grande illusion sur la « bonne » société du début de 20ème siècle, où il ne fait pas bon rompre avec les conventions, que représente d’ailleurs l’ancienne nanny-couturière Tilly, qui aida à élever Ianthe, la fille de Mrs. Jardine. Il ne fait jamais bon secouer les règles établies par la société.
Maisie, la fille de Ianthe, et l’histoire racontée à sa façon, clôture le roman.
J’avais été quelque peu mal à l’aise en lisant « The Rain …. » parce que j’avais une forte impression de « déjà lu » - jusqu’à ce que je lise une interview de Jonathan Coe himself, reconnaissant que son roman était un pastiche, un hommage à cette auteure britannique qu’il admire énormément.
Je me suis donc replongée avec délectation dans un roman découvert il y a de nombreuses années.
Dont l’écriture anglaise me ravit positivement – et puis, j’ai toujours adoré le regard que les enfants jettent sur le monde des adultes, et Rosamond Lehmann s’y entendait à décrire les impressions des enfants et des adolescents sur un monde qui souvent les déstabilisait.
Ce n’est pas pour rien que ce roman de Lehmann ait été comparé à « What Maisie knew » d’Henry James.
Le monde de Rosamond Lehman est un monde de femmes, c’est leur histoire qu’elle raconte à travers tous ses romans – non pas que les hommes n’y aient pas de place, mais ils n’occupent que le second plan.
Je suis ravie d’avoir relu ce formidable roman – et presque triste d’avoir tourné la dernière page – mais comme je le garde quelque part dans les trésors de ma bibliothèque, je sais que je pourrai le retrouver une fois encore, si l’envie m’en prenait.
Au risque de paraître grandiloquente, j’ai été envoûtée par l’écriture de Rosamond Lehmann.