THE KILLING, de Stanley Kubrick
Titre français = L’Ultime Razzia
Scénario de Stanley Kubrick & Jim Thompson d’après le roman « Clean Break » de Lionel White
Johnny Clay est sorti récemment de prison et a décidé de mettre au point un vrai gros coup, préparé minutieusement à la minute près, qui lui permettra ainsi qu’à ses complices de ne plus se préoccuper de l’avenir = l’idée est de voler la recette du champ de course, car dans la dernière (la 7ème) court un vrai champion qui fait que les mises sont élevées – le but est de voler la recette des mises pendant la course et les confusions qui seront causées par 2 complices (dont l’un doit abattre le cheval gagnant !).
Il y a un vieux comptable, qui avance l’argent pour les frais, le barman du champ de courses dont l’épouse est malade, un bookmaker du champ de courses dont l’épouse est un vrai poison qui lui reproche sans cesse leur manque d’argent, un flic qui a des gros frais à rembourser.
Johnny a parfaitement minuté chaque moment, chaque intervention – rien ne doit enrayer cette mécanique bien huilée – il a simplement oublié que dans les mécaniques les mieux huilées, il y a toujours un grain de sable pour l’enrayer.
Généralement dans le film noir, l’anti-héros a affaire à une femme fatale qui cause sa chute inéluctable – dans ce cas-ci, c’est la femme d’un des complices, George le minable bookmaker dont l’épouse Sherry est une venimeuse menteuse, mesquine et fausse comme pas possible.
Par contre la douce Fay, qui aime sincèrement Johnny, serait déjà très contente qu’il ne se retrouve pas en prison, mais l’homme veut réaliser son casse du siècle.
En 1956, lorsque sort le film de Stanley Kubrick, le film noir s’essouffle – cela n’aura pas empêché Kubrick de réaliser un excellent thriller où, selon la tradition du «noir », les choses ne peuvent qu’aller de mal en pis.
Ce film – désormais « culte » - n’eut aucun succès à sa sortie malgré les critiques favorables et sa mise en scène classique du noir = femme fatale, voix off, contrastes accentués du noir et blanc, beaucoup de scènes « intérieures » pour le classique effet claustrophobique, avec seulement quelques scènes de champ de courses.
Sa réalisation prend la forme d’un reportage = le narrateur, en voix off, explique froidement ce qui s’est passé depuis le moment où Johnny Clay « monte » son affaire. Tout au long de ce casse qui n’aurait pas dû être sanglant, le narrateur raconte, par de courts flash-backs, ce qui se passa avant tel ou tel moment. Cela donne au film un aspect documentaire vraiment intéressant.
La voix du narrateur est celle d’Art Gilmore et il a cette voix que je trouve typique des actualités des années 1950.
Sterling Hayden est Johnny Clay, un brave gars qui en a marre de végéter depuis sa sortie de prison et qui espère enfin réaliser un gros coup et se retirer à la campagne. Sa douce amie est jouée par Coleen Gray, mais c’est un rôle court et assez insignifiant.
Celui qui une fois de plus se retrouve à jouer l’homme en crise, le bookmaker George, est Elisha Cook Jr, un acteur dont le physique le cantonnait dans des rôles de psychopathe ou de personnalité psychotique. Ici encore, il n’échappe pas à ce type d’interprétation dans laquelle, il faut le dire, il excellait (et ce depuis « The Maltese Falcon »).
Sa venimeuse épouse est jouée par Marie Windsor, avec beaucoup de talent d’ailleurs (comme l’ont dit mes fils à la sortie du cinéma = on lui aurait bien flanqué quelques baffes à celle-là !).
Le reste de la bande = le barman est joué par Joe Sawyer, le flic ripoux par Ted de Corsia et le comptable est joué par Jay C. Flippen. A ceux là il faut encore ajouter Vince Edwards, Timothy Carey et Kola Kwariani.
Je me demande si l’échec du film de Kubrick n’est pas dû au fait que ce « Killing » n’est pas sans rappeler « Asphalt Jungle », qui possède à peu près le même canevas, également interprété par Sterling Hayden, et datant de 1950.
« The Killing » est le 3ème long métrage de Stanley Kubrick, sorti tout juste avant « Paths of Glory », son magnifique pamphlet anti-militariste. Le réalisateur considérait ce film comme son premier long métrage de maturité – il avait 28 ans à l’époque ; avant cela il avait été photographe pour « Look Magazine » et réalisé quelques courts-métrages.
Quentin Tarantino dit avoir été fortement influencé par le film de Kubrick pour son « Reservoir Dogs », notamment concernant le masque de clown du truand., mais aussi pour l’ambiance générale de l’histoire.