ROMAN POLANSKI, Acteur & Réalisateur
Une exposition du Bozar Expo en collaboration avec la cinémathèque de Lodz, la ville de Lodz – avec le soutien du ministère de la culture et de l’héritage polonais, ainsi que du Polish Film Institute.
Ayant eu vent de cette exposition via le blog de denis, j’ai eu le plaisir d’aller visiter cette exposition qui bien que petite est très riche en images et informations sur ce réalisateur extrêmement prolifique que, contrairement à denis, je ne considère pas pour seuls cinéphiles.
Une grande partie de l’œuvre filmée de Roman Polanski s’adresse autant au grand public qu’à un public plus averti, avec des réalisations plus pointues.
Un nombre important de photographies noir&blanc, relatant le parcours professionnel de cet artiste – les informations biographiques qui suivent sont une adaptation de la bio néerlandophone prise à l’entrée de l’expo; ce texte est relativement long mais j'ai trouvé toute la biographie proposée par le Bozar Expo digne d'intérêt.
(Il n’est question d’aucun des « scandales » qui ont défrayé la presse « people », l’accent a été mis uniquement sur la vie et le travail de cet artiste.)
En complément aux photographies, des films sont projetés, chaque semaine étant consacrée à un petit film différent.
Roman Polanski est né en août 1933 à Paris ; 3 ans après, ses parents, sa demi-sœur et lui partent pour Cracovie où ils mènent une vie relativement calme ? Par le biais de sa sœur, le jeune Romek découvre le cinéma et est littéralement fasciné par ce phénomène, au point que tout jeune déjà il se met à imaginer des tas d’histoires à réaliser. Le bonheur des Polanski sera hélas de courte durée, la Pologne étant envahie par les nazis en 1939 – la famille est enfermée dans le ghetto ; comme pour tous les Juifs polonais, l’humiliation et la pauvreté deviennent leur lot quotidien. Au cours d’un pogrom, sa mère et sa sœur sont arrêtées et envoyées à Auschwitz ; le père de Roman parvient tout juste à confier son fils à une famille catholique avant d’être déporté. Le jeune Roman se cachera à la campagne jusqu’à la fin de la guerre où il apprend que son père et sa sœur ont survécu à l’enfer, mais que sa mère enceinte a été tuée dans les chambres à gaz.
Retourner à l’école ne se passe tout d’abord pas très bien pour le jeune garçon, mais lors d’un camp scout il se découvre une vocation d’acteur ; il prête sa voix aux émissions « la Joyeuse bande » pour la radio polonaise, puis jouera avec le théâtre du Jeune Public où on lui décernera un prix pour son interprétation dans « The Son of the Regiment » .
Au cours de ces jeunes années, Roman Polanski développe un grand intérêt pour le sport, la lecture (Shakespeare, Kafka) ainsi que pour l’art. Il s’inscrit à l’académie des beaux-arts, section dessin et peinture, où déjà pointe le perfectionniste qu’il a toujours été.
Grâce à son expérience théâtrale, on lui offre des rôles dans quelques films polonais, sous la direction d’Andrej Wazda notamment. Cette rencontre entre Polanski et le cinéma est si forte qu’il passe avec succès les examens d’entrée de la prestigieuse académie du cinéma de Lodz. Il y apprend la technique des films en 35 mm, de l’éclairage, la photographie et le montage, mais aussi l’analyse de films et l’histoire du cinéma (il est fasciné par Citizen Kane et Rashomon).
Au cours des années 1955 à 59, il écrit et réalise 7 courts métrages ; pour la musique, il fait appel à Krzysztof Komeda, une collaboration qui ne finira qu’au décès de Komeda. A cette époque il épouse l’actrice polonaise Barbara Kwiastowska.
C’est au début des années 1960 qu’il entreprend le tournage de films plus commerciaux ; après deux courts-métrages, il se lance dans son premier long métrage « Knife in the Water », dont le succès est mitigé en Pologne, par contre il est fort bien reçu en France et obtient une nomination à l’oscar du meilleur film étranger. Roman Polanski quitte la Pologne afin de se construire une carrière européenne ; il fait la connaissance du scénariste Gérard Brach ainsi que du producteur Gene Gutowski, deux amitiés qui perdureront toute leur vie.
Dans ces années-là il réalise des courts-métrages trop peu connus, mais également trois films britanniques = Repulsion, Cul-de-Sac et Dance of the Vampires, rebaptisé « The Fearless Vampire Killers » (le Bal des Vampires), dans lequel il interprète l’un des rôles principaux. Trois films qui lui donnent le goût des films pour plaire au grand public sans pour cela abandonner un cinéma d’auteur qui plaît aux critiques.
C’est au cours du « Bal des Vampires » qu’il fait la connaissance de Sharon Tate, qui deviendra sa deuxième épouse.
Il entame également une carrière hollywoodienne avec « Rosemary’s Baby », où il parvient à rendre Mia Farrow expressive (un tour de force, selon moi), avec un excellent John Cassavetes.
Dans les années 1970, il réalise sa version de « Macbeth », particulièrement sombre, mais aussi le brillant « What ? ». C’est aussi l’année du triomphe avec le magistral « Chinatown » (Jack Nicholson & Faye Dunaway). Il met aussi en scène 2 opéras et réalise « The Lodger », dans lequel il interprète le rôle principal à côté d’Isabelle Adjani. A la fin de ces années 1970, il a envie de tourner un long métrage romantique, ce sera « Tess » avec NatassJa Kinski, le film sera internationalement bien reçu avec de nombreux prix à la clé.
La réalisation de « Tess » ayant été plutôt éprouvante, Roman Polanski décide de faire une pause ; il fait l’ascension de l’Himalaya, cherche une nouvelle énergie auprès de ses amis et retourne à ses premières amours, le théâtre. En 1981, à Varsovie, et l’année suivante à Paris, il met alors en scène une pièce dans laquelle il interprète le rôle principal = « Amadeus » (adaptation de la pièce de Peter Shaffer) qui remportera un franc succès. Puis suit une autobiographie « Roman par Polanski », qui sera traduite dans de nombreuses langues où il parle de sa vie personnelle autant que de sa vie d’artiste.
Ce n’est qu’au milieu des années 1980 qu’il se sent prêt à retourner derrière la caméra et entreprend le tournage de « Pirates ». Après un court détour par le théâtre où il joue dans l’adaptation de « Métamorphose » de Kafka, il met en scène « Frantic », un thriller avec Harrison Ford et Emmanuelle Seigner, qu’il épouse l’année suivante et dont il a deux enfants. En 1989 il interprète « Lucky » dans « Waiting for Godot » de Beckett, toujours au théâtre.
Les années 1990 à 2000 seront plus particulièrement consacrées au théâtre ; il réalise « Les Contes d’Hoffman » de Jacques Offenbach à Paris, ainsi que « Maria Callas – Leçon de Chant ». Véritable boulimique du travail, il met en scène une version musicale du « Bal des Vampires ». Il part en Italie pour la mise en scène de « Amadeus », puis suivront « Hedda Gabler » et « Doubt ». En 1998, Roman Polanski est choisi comme membre de l’Académie des Beaux-Arts.
Une série d’importants longs métrages vont suivre = « Lunes de Fiel » (avec Emmanuelle Seigner), « Death and the Maiden » (avec Sigourney Weaver et Ben Kingsley), « The Ninth Gate » avec Johnny Depp, ainsi que « The Pianist » pour lequel il obtient non seulement la palme d’or à Cannes, mais aussi l’oscar du meilleur film ainsi que le césar.
Il réalise ensuite « Oliver Twist », qu’il dédie à ses enfants et dans lequel il évoque son enfance difficile. En 2003 il réalise un court métrage avec Zinedine Zidane pour une cause charitable. Quatre ans après, il tourne un court métrage pour « Chacun son cinéma », célébrant le 60ème anniversaire du festival de Cannes.
Ont suivi « Ghost Writer » (Ewan McGregor et Pierce Bosnan), d’après le bestseller de Robert Harris, film qui obtint 6 prix aux European Film Awards.
Sa plus récente réalisation « Carnage », d’après la pièce de Yasmina Reza « Le Dieu du Carnage » sortira sur nos écrans en décembre 2011, après avoir été présenté à la mostra de Venise.
(j’ai pris un immense plaisir à traduire cette biographie de Bozar Expo, qui m’a permis de mieux connaître un brillant réalisateur)