ANOTHER YEAR, de Mike Leigh
Titre français = identique
Un an = 12 mois, 52 semaines, 365 jours. Et quatre saisons. Celles de la vie de Tom et Gerri ( !), un couple qui s’aime, qui se comprend, qui s’apprécie. Entourés de leurs amis Mary, Ken, Jack – de leur fils Joe, de leur frère Ronnie.
Tous avec leurs joies et leurs peines. Une petite histoire de la vie de tous les jours, pas de fil réellement continu dans l’histoire, mais plutôt des clichés au fil des saisons.
Emouvant, tendre, parfois pathétique, parfois grinçant, empli de mélancolie, sont les mots qui me sont venus en sortant de la salle – parfois quelques petites longueurs, mais peu importe, chaque personnage m’a apporté quelque chose, même parfois l’envie de flanquer des claques.
Vieillir nous concerne tous. Depuis qu’il a 60 ans, le réalisateur britannique Mike Leigh avait très envie d’écrire une comédie dramatique sur le sujet. Après le sympathique « Happy-Go-Lucky », où il donnait une sympathique image d’une trentenaire heureuse de vivre, il se tourne à présent vers un couple vieillissant et leurs amis.
Je suis une grande fan des réalisateurs britanniques, qui comme Mike Leigh, Ken Loach, Mark Herman, Peter Cattaneo, Stephen Frears, sont particulièrement doués pour mettre en scène des drames sociaux, des personnes issues de milieux ouvriers, se débattant dans les difficultés de la vie.
On compare souvent les frères Dardenne (réalisateurs belges) à ces metteurs en scène britanniques, avec la différence c’est que les Dardenne parviennent surtout à m’ennuyer profondément, ce qui n’est jamais le cas avec les Anglais.
Comme le dit très justement le critique cinématographique britannique David Cox, dans notre société , les couples n’invitent que très rarement une femme seule à un dîner – que craignent ces couples, et plus particulièrement les épouses = qu’on leur volent leur précieuse moitié ?
Ce que dit Cox a paraît-il été vérifié et confirmé par une enquête, j’aurais pu le leur confirmer également – ma vie sociale s’est totalement modifiée depuis le décès de mon époux.
Par ailleurs, l’image des femmes seules au cinéma n’est pas vraiment positive : ce sont ou des vieilles filles qui se sacrifient pour leur famille, ou des femmes d’affaires pires que leurs collègues masculins. Ou alors quelqu’une comme Mary, la collègue de Gerri, qui n’arrive pas à accepter le temps qui passe.
On ne peut pas dire qu’elle rattrape cette image négative: elle est soûle la plupart du temps, se comporte de manière est relativement idiote et son seul but dans la vie est de trouver un homme.
Mais cette quinquagénaire divorcée a un côté pathétique qui fait peine à voir dans sa douleur face à la solitude.
Elle est interprétée de main de maître par Lesley Manville, une habituée des films de Mike Leigh, du théâtre et de la télévision britanniques – elle a été plusieurs fois nominée pour son interprétation dans « Another Year ».
Le couple Tom et Gerri (un jeu de mots un peu facile tout de même, mais comme le dit Tom « avec le temps on a appris à vivre avec !) est joué par Jim Broadbent (Tom) et Ruth Sheen. Je suis une inconditionnelle de Jim Broadbent, qu’il interprète un rôle principal ou un second rôle, je le trouve toujours excellent.
Je ne connaissais pas Ruth Sheen, bien qu’elle ait joué dans certains films que j’ai vus, mais je dois dire que je l’ai trouvée particulièrement convaincante en bonne amie pleine de compréhension pour sa pathétique collègue et en épouse aimante de Tom. Et en mère qui aimerait bien voir son fils un peu plus souvent, même si elle comprend qu’il soit occupé.
Oliver Maltman est Joe, le fils de Tom & Gerri ( !), Karina Fernandez joue Katie, sa fiancée. David Bradley interprète Ronnie, le frère de Tom, son fils Carl est joué par Martin Savage.
Les copains Ken et Jack sont interprétés respectivement par Peter Wight et Philip Davis ; Imelda Staunton, une autre actrice de la « bande à Mike Leigh », apparaît dans un rôle très court d’une patiente de Gerri.
Je ne suis pas toujours d’accord avec le critique cinématographique belge Hugues Dayez, mais pour une fois, nous sommes sur la même longueur d’ondes concernant cette histoire simple.
De plus, pour une fois, tous les critiques cinématographiques sont d’accord à propos d’ « Another Year » = c’est à voir absolument. Que ce soit « convenu » comme sujet, sans doute, mais c’est raconté de main de maître, et ça ce n’est pas donné à tout le monde – et je vise par là le cinéma français qui m’attire de moins en moins.
Bien qu’unanimement acclamé au festival de Cannes 2010, le film ne remporta aucun prix – mais est-ce important ? le plus important est d’aller voir le film.
Et d’accepter d’avoir une boule dans la gorge par moment. Et le rire aux lèvres à d’autres moments.
Vous l’aurez certainement compris = j’ai beaucoup aimé, il est vrai que je suis très sensible aux histoires d’amitié où on apprécie de passer un bon moment ensemble .
Et j’aime aussi les histoires de couples qui s’aiment vraiment sans se le dire sans arrêt, mais dont la complicité est bien présente – il y a forcément quelque chose de personnel dans mon appréciation.
Un autre avis sur le blog de denis.