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mon bonheur est dans la ville
17 septembre 2016

APOLOGIE POUR CLYTEMNESTRE, de Simone Bertière

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RELECTURE

Une des plus sombres histoires de vengeance de la mythologie grecque – racontée par la reine meurtrière, l’histoire sanglante de la famille des Atrides, nous disent les sous-titres.

 

Je le dis sans ambages = mes sympathies sont toujours allées à Clytemnestre, qui ne pardonna jamais à Agamemnon son stratagème pour amener leur fille aînée, la jolie Iphigénie à Aulis sous le prétexte d’être fiancée au héros Achille et sacrifiée sur l’autel d’Artemis pour que les vents deviennent favorables aux Grecs afin d’aller saccager, violer, piller les richesses de Troie.

 

A mes yeux, Clytemnestre est l’une des grandes victimes de cette guerre prenant comme prétexte le rapt de sa sœur Hélène par Pâris. En tout cas j’ai réellement apprécié cette fausse « autobiographie » de la jolie plume de Simone Bertière, qui m’avait déjà enchantée avec sa chronique sur les reines de France.
Elle "redresse" l'image de ce personnage, calomnié par absolument tous les dramaturges grecs.

J’ai trouvé tout à fait logique que l’historienne donne la parole à Clytemnestre, femme et mère bafouée, car dans la littérature (surtout anglophone, Colleen MacCullough, Margaret George) c’est pratiquement toujours à la belle Hélène que l’on donne la parole.

Jusqu’à présent personne n’avait songé à se poser du point de vue de l’épouse d’Agamemnon, roi suffisant, brutal, arrogant, épris de richesses qu’il amoncelait tant et plus pour montrer sa puissance, avide de pouvoir.
Non Troie ne fut pas conquise pour la beauté d’une femme, mais parce que c’était une ville aux richesses inimaginables qui faisaient baver d’envie les Grecs.

 

Le ton qu’utilise Clytemnestre pour expliquer son geste meurtrier n’est jamais larmoyant, elle assume ses actes et les explique dans un espoir de justice dans nos esprits, car il faut bien le dire depuis plusieurs millénaires elle est considérée comme la pire de toutes les meurtrières.

 

J’ai apprécié l'incipit  =

 

"Je m'appelle Clytemnestre, reine d'Argos. Vous me connaissez bien. Voici trois mille ans que vous me montrez du doigt en frémissant d'indignation. Avec l'aide de mon amant, j'ai tué mon époux Agamemnon, à son retour de la guerre de Troie.
Et j'ai péri de la main de mon fils Oreste.
"

Le récit est la chronologie de sa vie, avec un petit tour du côté du panthéon des dieux, puisque Leda sa mère fut séduite par Zeus qui prit la forme d’un cygne. Il s’agit d’une intéressante réflexion sur la place des femmes dans la Grèce archaïque, sur les relations mère/fille, sœurs entre elles et frères/sœur (n’oublions pas qu’elle était, avec Hélène, la sœur des Dioscures).
Le portrait qu’elle fait d’Hélène rejoint ce que j’en pensais moi aussi : une enveloppe superbe sur un être totalement vide d’intérêt, amoureuse de sa propre image.
Quant à ce qu’elle éprouve pour sa fille Electre, là non plus, Clytemnestre ne ment pas au lecteur ni à elle-même, elle n’éprouva jamais de réelle affection pour cette fille qui n’était guère aimable (et le personnage d'Electre n'est pas non plus celui que je préfère, elle juge sans comprendre et incite à une vengeance meurtrière sans aucun état d'âme).


Non, je n’ai jamais frémi d’indignation au geste de Clytemnestre, et je n’ai jamais apprécié l’image que les artistes et les dramaturges donnèrent d’elle – froide, égoïste, calculatrice - tout comme je n’ai jamais compris l’engouement des historiens pour le personnage d’Agamemnon, qui était quand même une belle ordure !

 

Un livre amusant à lire, distrayant et d’une belle écriture, un style élégant, un vocabulaire choisi,  pour les amateurs/trices de mythologie surtout, bien que les réflexions « modernes » de Clytemnestre sur la place des femmes dans la société, en font un récit complètement de notre temps.

 

Le roman a par ailleurs la qualité de ne pas être trop long, donc pas le temps du tout de s’ennuyer.
Il m'est venu l'envie de le relire à cause des journées trop chaudes m'empêchant de dormir et peut-être un peu influencée par mes cours de grec ancien (mais pas trop, car nous n'en sommes pas encore à la lecture de textes aussi poussés =^-^=)

 

Clytemnestre par l'artiste pre-réphaélite John Collier.

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Commentaires
A
Quelle lecture sérieuse Niki ! <br /> <br /> J'en prends note, car Clytemnestre semble être un personnage extrêmement intéressant.
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T
Tiens on dirait que tu n'en as pas encore assez des grecs anciens ;) :lol:
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A
J'ai du mal à m'intéresser à la mythologie grecque, je sais pourtant que nous en sommes imprégnés. Quelle histoire !
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