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mon bonheur est dans la ville
28 mai 2010

COPIE CONFORME, d'Abbas Kiarostami

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19438908_jpg_r_760_x_f_jpg_q_x_20100426_034302Un écrivain anglais présente, en Italie, son essai « Copia Conforme », traduction d’un livre qu’il vient d’écrire sur la copie dans le monde de l’art, mais surtout sur le regard que le public pose sur l’œuvre d’art.

Au premier rang des auditeurs se trouve une femme charmante, qui doit quitter les lieux à cause de son fils adolescent qui prétend avoir faim. Au fastfood du coin il se comporte comme un parfait ado, c'est-à-dire qu’il mérite une paire de claques immédiate. (j’ai une patience niveau zéro pour les ados).

19438912_jpg_r_760_x_f_jpg_q_x_20100426_034304Le lendemain, la jeune femme, galeriste, reçoit l’écrivain dans la jolie galerie située dans une cave des rues d’Arezzo. Il n’y fait guère clair et l’homme insiste pour aller discuter à l’extérieur. Elle se propose de le conduire « quelque part », et dans la voiture le provoque par ses remarques assez acerbes. Ils arrivent dans une petite ville charmante comme il y en a tant en Toscane. Là, alors qu’il est au téléphone à l’extérieur d’un café, la tenancière lui parle en termes élogieux de « son mari » …

A partir de là, la jeune femme se met à refléter sur l’écrivain ses relations conflictuelles avec un mari trop souvent absent, lui devenant ce mari.

« Copie Conforme » est un film intimiste, insolite, déroutant – un de ces petits films d’auteur qui entraîne lentement le spectateur dans une histoire où on ne sait plus très bien où commence la vérité, où se situe l’affabulation, d’une jeune femme qui se révèle rapidement névrosée, agaçante parfois, émouvante toujours.

Se raconte-t-elle ce faux/vrai mariage, perdue dans son chagrin et ses souvenirs et lui, joue-t-il simplement le jeu pour elle, ou est-il ce mari qu’elle accable de reproches, qui est froid et distant. Parfois l’homme semble se demande – et le spectateur avec lui – ce qu’il est venu faire là.

Tous deux semblent être le reflet – la copie ? – d’un couple qui n’existe plus, ce qu’elle semble se refuser à accepter. « Elle » est mère célibataire et se comporte soudain comme si elle était séparée d’un mari depuis 15 ans … « Lui » s’attendait à ne parler que d’art, de copies, et se retrouve tout à coup dans une histoire où c’est lui qui devient la « copie ».

J’ai été ravie de découvrir cette « histoire d’un mariage », que le réalisateur iranien se veut une version-hommage du « Voyage en Italie » de Roberto Rossellini (que je n’ai hélas jamais vu, mais je rectifierai rapidement cette lacune) – qui raconte également l’histoire d’un couple à la dérive. C’est une histoire toute en introspection, intellectuelle et déroutante.

Qui sont nos deux personnages ? sont-ils ce couple où l’incommunicabilité s’est installée, où l’amour fou n’est plus qu’un souvenir, remplacé par autre chose ?

Tout repose sur les épaules des deux principaux protagonistes =

19438910_jpg_r_760_x_f_jpg_q_x_20100426_034303« Elle », interprétée par une superbe Juliette Binoche, toute en émotion et beauté (qui mérite largement le prix d’interprétation qu’elle a gagné à Cannes). Elle est parfaite dans le rôle de cette femme fantasque et fragile, qui se voudrait sirène séductrice comme son reflet dans le miroir où elle se transforme brièvement.

19248587_jpg_r_760_x_f_jpg_q_x_20100212_050206« Lui », l’écrivain, est joué par un tout aussi excellent William Shimell, tout en retenue et étonnement, dérouté par la tournure des événements. Cet acteur est un baryton britannique, dont la renommée sur les scènes lyriques est reconnue internationalement.

Adrian Moore joue parfaitement le rôle du fils adolescent de Juliette Binoche ; il est aussi agaçant que peuvent l’être les ados en mal de provocation.

19211544_jpg_rx_160_214_b_1_CFD7E1_f_jpg_q_x_20091214_032702J’ai retrouvé dans la distribution, avec un immense plaisir, Jean-Claude Carrière (acteur, scénariste, réalisateur, écrivain) et Agathe Natanson dans le rôle très court d’un couple que rencontrent « Elle » & « Lui » sur la place.

Parfois  « Copie Conforme » semble long, on se demande où l’on va, mais faut-il nécessairement toujours aller quelque part ?

En tout cas, moi qui adore le théâtre, j’ai eu ici une très forte impression de théâtre filmé, avec en prime de très beaux paysages.

A voir pour qui aime les films intimistes, même s'ils vous laissent perplexe.

Un autre avis sur le blog de denis

124divers20100329_152809_0_bigActualité =

La c*******,  nous le savons tous, n’a pas de frontière ; le film est interdit en Iran parce que la tenue vestimentaire de Juliette Binoche – très séduisante, mettant en valeur sa belle silhouette – n’est pas « conforme », elle, à ce qui est exigé en Iran, ainsi l’a décrété le vice-ministre de la culture. Le film ne sera donc pas distribué en salles, mais pourra cependant être montré dans des universités ou dans des cercles privés – et allez donc ! l’hypocrisie des religieux est sans bornes elle aussi.

3224112_templateId_scaled_property_imageData_height_177_scale_proportional_v_1_width_312_CmPart_com_arte_tv_wwwAbbas Kiarostami est une des principales figures du cinéma iranien ; il a par ailleurs pris récemment la défense de son collègue, le cinéaste iranien Jafar Panahi emprisonné en mars 2010 pour avoir osé préparer un film sur l’élection controversée de Mahmoud Ahmadinejad (2009) – ce film fut considéré comme un « crime d’état » alors qu’il n’était même pas encore réalisé. Je suppose que cela fait enfin comprendre à Kiarostami qu’on ne fait pas ce que l’on veut en Iran.

En effet, au cours d’une interview au quotidien indépendant « De Morgen », le réalisateur de « Copie Conforme » expliquait qu’il aurait pu réaliser son film en Iran sans aucun problème, mais la distribution l’aurait été (ce qui se vérifie), mais je doute très fort qu’il aurait pu le réaliser puisque la tenue de Juliette Binoche pose problème.

30491_367434207254_63220817254_3321928_5447147_nEntretemps, Jafar Panahi a été libéré, après avoir entamé une grève de la faim.

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Commentaires
N
oui j'avoue que je continue à y penser, bien après l'avoir vu, ce qui devient rare de nos jours avec le cinéma<br /> il est vrai que je vois moins de films d'auteur qu'avant
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D
Je suis ravi que ce film t'ait interpellée !
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