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mon bonheur est dans la ville
16 mai 2010

LA PRIMA LINEA, de Renato De Maria

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Titre français = identique

Librement adapté de l’autobiographie de Sergio Segio « Miccia Corta » (c.à.d. « Mèche courte ») 

19252037_jpg_r_760_x_f_jpg_q_x_20100218_044618Un homme jeune a été arrêté avec ses complices par la police – il s’agit de Sergio Segio, connu sous le titre de « commandante Sirio ». Dans sa cellule il raconte ce qui l’a amené là, son parcours militant, son amour pour la révolutionnaire Susanna Ronconi qu’il épousa après leurs arrestations. Les amis morts au combat, blessés, ou partis parce que plus en accord avec les idées du mouvement.

19252033_jpg_r_760_x_f_jpg_q_x_20100218_044608Avec les copains, il a mis au point l’évasion de Susanna et des copines du mouvement également en prison avec elle – hélas, un brave homme, un retraité qui promenait son chien est mort au cours de l’explosion du mur de la prison.

Cette mort, comme celles de tous les autres au cours des attentats, pèse lourd sur la conscience de Sergio désormais – combien sont morts qui n’avaient rien à voir avec ce contre quoi ils luttaient ?

Revoilà, avec « La Prima Linea » la question posée du « terrorisme » ou tout simplement de la « lutte armée » pour un monde meilleur. En faisant malheureusement le mauvais choix des moyens pour y arriver.

Du moins est-ce ainsi que d’aucuns désirent voir le film ; pour ce qui est du réalisateur, il s’agissait plutôt de parler de deux jeunes gens, dont l’amour était très fort et qui choisirent une route dangereuse pour eux et pour les autres au nom de leur idéal de liberté et de justice.

19252036_jpg_r_760_x_f_jpg_q_x_20100218_044615Le scénario est très librement adapté de la biographie de Sergio Segio « Miccia Corta », et le titre du film fait référence au mouvement d’extrême-gauche fondé par Sergio Segio « Prima Linea », actif durant ce que l’on nomme « les années de plomb » en Italie, les années de l’enlèvement et de l’assassinat d’Aldo Moro par les Brigades rouges (et dont je reste toujours persuadée que les Brigades rouges n'y furent pour rien, mais que l'extrême-droite sacrifia Moro pour porter un coup aux révolutionnaires).

Segio, alias « il commandante Sirio » fut condamné à 30 ans d’incarcération et sa compagne,  Susanna Ronconi elle fut condamnée à 22 ans.

Tous deux furent libérés sous conditions, sont à présent libres après plusieurs années pour « bonne conduite » et s’investissent dans le « Gruppo Abele », groupement d’aide aux drogués.

Front_Line_2009_Toronto_International_Film_RWZGiWDypT9lLe réalisateur Renato De Maria (à gauche sur la photo) a été fortement attaqué par une certaine presse en Italie, pour « empathie » avec les protagonistes de « prima Linea », une empathie dont il se défend sans toutefois nier avoir été attiré, intéressé par l’histoire tragique des deux principaux personnages de son histoire.

Il refuse toutefois l’accusation d’avoir voulu faire d’eux des héros, mais il répète à juste titre qu’ils font partie de l’histoire de l’Italie au même titre que bien d’autres personnages parfois bien plus criticables (Benito Mussolini par exemple) ; le réalisateur rappelle que – même si les méthodes furent inacceptables – ces jeunes gens étaient plein d’idéaux, voulaient sincèrement changer le monde, extirper la corruption du système politique. Pour le réalisateur, son film parle plutôt de la tragédie de la jeunesse, qui croit en ses idéaux.  Quant à la réalisation actuelle de ce type d’histoire, Renato De Maria pense qu’à présent le temps a fait une certaine œuvre d’oubli et que rappeler une page d’histoire n’est jamais négatif.

Sinon, comment expliquer le succès de films comme « La Meglio juventù »,  « Romanzo Criminale », ou encore « Moi fratello è figlio unico ».

Il faut toujours un certain temps avant de pouvoir réaliser un « film historique ». Un jour, on tournera une histoire sur Berlusconi et l’Italie d’aujourd’hui.

Les attaques à l’encontre du réalisateur ont commencé dès l’écriture du scénario – presse,  autres medias, opinion publique, y compris les associations de défense des victimes de terrorisme, tout le monde lui a reproché de vouloir raconter une histoire à la « Bonnie & Clyde », que beaucoup considèrent encore à ce jour comme des anti-héros romantiques alors qu’ils n’étaient que des petits truands dans l’Amérique de la dépression. Cela montre à quel point les médias, et l’opinion publique qu’ils influencent, sont mal documentés et mal informés. Le ministère de la culture italienne a voulu faire interdire le film, mais heureusement les frères Dardenne sont venus au secours du réalisateur.

Pour De Maria, malgré leurs actes hautement condamnables, ils restent des êtres humains avec une vie qui les a dépassés. Leur histoire est liée à « l’affaire Aldo Moro », que l’on considère encore de nos jours comme un « traumatisme collectif pour l’Italie ».

19252041_jpg_r_760_x_f_jpg_q_x_20100218_044626En ce qui me concerne, j’ai vu une très belle histoire d’amour, d’un amour entier qui se lie dans les combats, qui se poursuivra au-delà de la prison. Même si désormais, ils ont divorcé, Sergio et Susanna sont encore amis.

Je me suis aussi revue pendant les années 70, avec les mêmes idéaux, les mêmes idées, les mêmes manifestations, mais heureusement pas les mêmes moyens d’agir. Je n’aurai pas pu le supporter. C’est dire si je comprends la prise de (mauvaise) conscience que subit Sergio Segio après des années de lutte.

Le réalisateur Renato De Maria est aussi scénariste et acteur à ses heures; il a tourné notamment dans deux films de Nanni Moretti « Il Caimano » et « Aprile ».

19252040_jpg_r_760_x_f_jpg_q_x_20100218_044626L’acteur Riccardo Scamarcio est un émouvant révolutionnaire qui au fil du temps se pose des questions sur la justesse de son combat. On l’a vu dans « Romanzo Criminale », notamment. S’il n’est pas un « bel homme », il a de très beaux yeux qui lui donnent beaucoup de charme.

Sa compagne dans le film, Susanna Ronconi, est interprétée par la très belle Giovanna Mezzogiorno, avec tout autant d’émotion et de véracité.

Ils sont entourés d’une série d’acteurs jeunes et moins jeunes, interprétant les amis de lutte et les parents de Segio.

Les frères Dardenne ont co-produit le film car ils considèrent que le réalisateur a tenté de renouer avec la tradition du cinéma italien et la volonté de montrer une page d’histoire, à travers ceux que l’on a surnommés dans les années 80 « les fiancés du terrorisme ».

     stor_1221353_45320 Sergio Segio & Susanna Ronconi, au moment de leur mariage après leur emprisonnement.

un autre avis sur ce film sur le blog de denis

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