NOWHERE BOY, de Sam Taylor-Wood

Scénario de Matt Greenhalgh, d’après le livre « Imagine this : Growing up with my brother John Lennon » de Julia Baird, demi-soeur de John Lennon

John Winston Lennon vit à Liverpool, dans le quartier populaire ; il est d’un naturel rebelle : ses professeurs et le directeur du collège le lui disent souvent =

-          « Lennon, vous n’êtes nulle part dans vos notes et vous n’irez nulle part »

-          « Monsieur, si « nulle part » est un lieu pour les génies, alors j’y serai sûrement ! »

Pas non plus la langue en poche ! Les carcans, qu’ils soient scolaires ou non, ne sont pas faits pour cet adolescent particulièrement intelligent et hyper-sensible, pour qui la provocation était pratiquement une nécessité.

A la maison, chez Mary « Mimi » et George Smith qui l’ont recueilli, il y a heureusement  l’oncle George qui le comprend, qui aime rigoler avec lui – Mimi par contre semble toujours tellement enfoncée dans ses principes rigides … Et pourtant ! Lorsque l’oncle George meurt, Mimi semble devenir encore plus sévère, et ce malgré la présence d’un locataire, pris pour arrondir les fins de mois difficiles.

John rêve quelques fois de sa mère – le rêve est toujours triste, dramatique : elle frappe à la porte, personne n’ouvre. C’est un cousin qui va faire se rencontrer la mère et le fils ; pour cet adolescent en mal de vivre,  Julia, fantasque, pleine d’envie de s’amuser, imprévisible est ce qu’il a toujours souhaité.

Pour encore plus accentuer son côté « jeune rebelle », il décide de changer de look et adopte celui des « teddy boys ».

Julia va l’initier au rock&roll, au banjo ; pris entre deux feux,  l’affection réelle de Mimi, même si elle ne le montre pas, et Julia qui adore être entourée de jeunesse, John va peu à peu prendre conscience de ce qu’on lui a caché. Sans oublier que Bobby Dykins, le nouveau compagnon de sa mère, ne l’apprécie pas outre mesure.

Et soudain, la révélation de ce qu’il a réellement envie de faire :  former un groupe de rock. Mimi lui achètera une guitare, mais la lui reprendra pour non-respect des règles d’obéissance. Une fois de plus, John a été renvoyé de l’école ! C’est à sa mère qu’il ira demander les 5 £ pour racheter cette guitare et fonder son groupe. Le premier « The Quarrymen ». Qui lui fait rencontrer le tout jeune Paul McCartney, qui compose. Les poèmes, les écrits de John, sur la musique de Paul, entreront dans la légende.

Mais avant cela, il y aura des cicatrices à guérir – des liens à renouer. Il pourra alors partir le cœur en repos vers Hambourg où la gloire les attend, lui et les Beatles.

J’ai été particulièrement émue par « Nowhere boy », pour des tas de raisons très personnelles d’abord, et ensuite parce que je suis une « fan » inconditionnelle des Beatles – plus particulièrement de George Harrison qui n’a pas une grande importance dans le film, l’accent étant surtout focalisé sur John Winston Lennon, et sa rencontre ensuite avec McCartney.

Aaron Johnson est un excellent Lennon,  il parvient pratiquement à lui ressembler physiquement ; il apporte beaucoup de sensibilité à ce personnage complexe, fantasque et impulsif lui aussi – côté qu’il a probablement hérité de sa mère.

Julia Stanley, épouse Lennon, est jouée par Anne-Marie Duff qui fait un excellent travail ; la manière dont la mère du musicien est montrée dans le film m’a donné à penser que la jeune femme souffrait de la maladie bi-polaire.

Anne-Marie Duff est connue pour avoir donné une excellente interprétation à la télévision d’Elizabeth Ière d’Angleterre, dans la télésuite « The Virgin Queen » que beaucoup considèrent comme un prélude à l’autre très bonne télésuite sur cette reine, interprétée par Helen Mirren.

Ce fut Julia Lennon qui transmis son goût pour la musique à son fils aîné – seul enfant qu’elle eut d’Alfred Lennon. Pendant qu’il était à la guerre, elle eut une petite fille qui fut donnée en adoption. Julia était évidemment fort différente de sa sœur Mary, la tante « Mimi », qui apparaît comme psycho-rigide à côté d’une sœur aussi fofolle.

Julia Stanley Lennon était belle et plaisait aux hommes, attirant les regards par son élégance et sa vivacité ; elle aimait danser, s’amuser et fréquentait assidument les clubs de Liverpool. Elle jouait de l’ukulélé, du banjo, de l’accordéon. Sa mort, jeune (44 ans) d’un accident de la circulation, marqua profondément son fils aîné ; John Lennon composa plusieurs chansons pour elle, considérée par beaucoup comme sa principale muse.

Kristin Scott-Thomas qui interprète Mimi, cette tante, pleine d’affection qu’elle a du mal à exprimer – et pleine de principes, qu’elle n’arrive pas à inculquer à l’enfant de sa sœur.

Mimi Stanley, épouse Smith, était l’une des cinq sœurs Stanley, dont John Lennon disait que les « Les cinq Stanley étaient toutes de superbes, intelligentes, formidables et fortes femmes ». Il n’est pas facile d’élever un enfant, mais si en plus c’est un enfant un peu imprévisible, qui devient un ado impulsif accro à la musique, c’est encore plus compliqué. Tante Mimi avait réellement envie de donner une « bonne éducation » à John.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Mimi Stanley n’avait pas la vocation d’être une ménagère et mère adoptive – elle était connue pour son caractère particulièrement indépendant ; l’idée d’être « l’esclave de la cuisine » lui déplaisait beaucoup. Elle fut élève infirmière, et ensuite secrétaire. C’est à l’hôpital qu’elle fit la connaissance de George Smith, le laitier – les fiançailles ne furent pas rendues faciles par le père Stanley et finalement Smith posa un ultimatum à Mimi. Qui finalement l’épousa.

Lorsque Julia Lennon rencontra John Albert « Bobby » Dykins, Mimi persuada les services sociaux de lui confier le petit garçon. Après un faux départ pour la Nouvelle-Zélande, Mimi obtint la garde légale de John Lennon, mais sa sévérité la rendait évidemment moins amusante à vivre que l’oncle George ou Julia ; beaucoup d’amis de la famille disaient qu’elle manquait de souplesse de caractère malgré un énorme sens de l’humour. En tout cas, elle ne devait pas être très facile à vivre, tous les témoignages vont en ce sens.

Il est évident que cela n’a pas dû être facile, ni pour l’ado d’être entre deux femmes qui l’aimaient chacune à sa manière, ni pour les deux femmes  de caractères si différents se partageant l’affection du jeune garçon.

John Albert Dykins, dit Bobby Dykins, est interprété par David Morrissey et Michael Fishwick, le locataire de tante Mimi est joué par Andrew Buchan.

Il faut bien sûr citer le jeune Thomas Sangster dans le rôle de Paul McCartney. Sangster est connu du public depuis son rôle dans « Love Actually » ; plus récemment on l’a vu dans le rôle du frère de Fanny Brawne dans « Bright Star ».

Sangster joue aussi de la guitare mais a appris à jouer « à l’envers » afin de donner un meilleur portrait de McCartney qui est gaucher.

La réalisatrice Sam Taylor-Wood est une artiste multiple : photographe, art conceptuel, réalisatrice de télévision. « Nowhere Boy »  semble être sa première réalisation pour grand écran.

Dans les différents domaines où elle s’est produite, Sam Taylor-Wood a obtenu de multiples prix.

Elle est aussi une femme courageuse, qui a lutté contre deux cancers dont elle dit être guérie grâce non seulement à la chimiothérapie mais aussi à sa grande volonté de vivre.

Un autre avis sur ce film sur le blog de denis

Comments

[niki]

elle est épatante, comme dans tous ses rôles - c'est aussi une actrice que j'apprécie ;o)

[Manu]

J'aimerais le voir.
J'aime beaucoup Kristin Scott-Thomas.