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mon bonheur est dans la ville
22 février 2010

APOLLINAIRE, la poésie perpétuelle, de Laurence Campa

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Je viens de « découvrir » Guillaume Apollinaire ; cela peut surprendre, j’en conviens, mais si je connaissais son célèbre « Pont Mirabeau » que j’ai adoré apprendre par cœur tant ce poème m’interpellait, je connaissais beaucoup moins le critique d’art, l’ami fidèle des artistes, un homme pour qui la création était l’essence même de son existence.

Poète, journaliste, dramaturge, éditeur de revues littéraires et, comme dit plus haut, critique d’art proche de Picasso, Braque, Derain, Delaunay, Chagall, et bien sûr Marie Laurencin, l’amante dont il restera toujours l’ami fidèle même après leur rupture.  Toujours, Apollinaire défendra les œuvres de son amie – et rien que pour ce trait de sa personnalité, je suis pour toujours conquise par lui.

Né Wilhelm de Kostrowitzky, sa paternité restera un mystère car sa superbe et flamboyante mère, la très belle Angelica,  indisciplinée, refusant les carcans de la société du 19ème siècle, elle vécut de ses charmes sans aucun scrupule – et des amants elle en eut et de nombreux. Ceci dit, ce fut aussi une mère soucieuse de l’éducation de ses deux fils, Guillaume et Albert, son demi-frère. Elle leur parlait essentiellement en russe, mais c’est en italien que Wilhelm (futur Guillaume) apprend à lire et à écrire. Bien que leur situation matérielle fût souvent précaire, Angelica inscrit ses fils au collège Saint-Charles à Monaco. Elle est installée à Paris sous le nom d’Olga de Kostrowitzky.

Wilhelm  s’y montrera immédiatement un brillant élément, lui qui auparavant préférait les baraques foraines à l’étude. Les deux frères, considérés comme « exotiques » (en raison de leur patronyme imprononçable !) par leurs condisciples, se feront rapidement des amis, de vrais amis. Saint-Charles devra fermer pour difficultés financières ; Wilhelm se retrouve au collège Stanislas de Cannes, d’où il sera (discrètement) renvoyé pour y avoir introduit un livre interdit (Sade probablement).

Peu à peu, comme tous les surdoués, Wilhelm se désintéresse des études et échouera au baccalauréat (par pure paresse) ; commencent alors ses flâneries, les bouches pleines de carnets où il note tout et rien, griffonne, dessine,  Il se cherche un nom, il le découvre à 20 ans = il sera Guillaume Apollinaire.

Après un détour par la Belgique (Stavelot) où il soupire pour Marie Dubois, dite Mareï. Après quelques détours encore, le voilà à Paris où il rêve de se faire un nom en tant que poète. Cela n’ira certes pas aussi facilement que Guillaume l’avait espéré ; c’est en flânant sur les bords de Seine qu’il y découvre deux peintres qui y ont planté leurs chevalets = André Derain et Maurice de Vlaminck.

C’est au début de 1907, qu’Apollinaire quitte enfin le domicile maternel pour s’installer près de ses amis à Montmartre ; avec l’indépendance arrive l’amour dans lequel il puise et retrouve sa créativité.

Adieu l’employé de banque, bonjour l’homme de plume.

8407530C’est l’époque de Marie Laurencin et des amis peintres grâce auxquels il développe son sens de l’observation. 

C’est aussi l’époque où, ayant parmi ses amis un certain Géry Pieret, joueur, aventurier, kleptomane ; c’est lui qui volera « La Joconde » au Louvre en 1911. Ce Pieret est aussi l’ami de Picasso qui l’héberge parfois car Géry Pieret est toujours en manque d’argent.

Cette amitié fera de Guillaume Apollinaire le complice du voleur, et il se retrouvera en prison ; il y restera jusqu’en septembre et aura entretemps fait le une de la presse xénophobe ce qui le blessera profondément.

Il fréquente cercles littéraires et artistiques, jusqu’à ce que la première guerre mondiale rattrape  l’insouciance. Ses amis sont appelés sous les drapeaux, il prend le train pour Nice et c’est la rencontre avec Louise de Coligny, qu’il nommera Lou mais dont il n’est pas l’unique amant. Lou n’aime pas les contraintes.

Apollinaire renouvelle sa demande d’engagement militaire, et le voilà dans l’artillerie. Dernier calligramme à Lou dont l’inconstance le déprime.

Il rencontre alors Madeleine, à qui il écrit du front de passionnés poèmes. Il demande à être transféré dans l’infanterie, ce qui sera accepté.

Epuisé, il manquera de vigilance lors d’un bombardement et sera blessé d’un éclat d’obus à la tempe. Hospitalisation, trépanation ; il est sauvé, mais sa santé restera chancelante. Il doit rester sous les drapeaux et se retrouve derrière un bureau ; ses positions aux accents patriotiques agacent plus d’une personne dans son cercle d’amis, mais cela aussi est un signe de la fidélité à ses opinions de Guillaume Apollinaire.

Peu à peu il revient à la vie, recommence à écrire, cependant Apollinaire est un angoissé et ses écrits reflètent cette angoisse existentielle et les difficiles relations entres hommes et femmes.

6a00d8345167db69e200e54f4ba87a8834_800wiSes calligrammes  expriment ses sentiments, ses opinions - poésies qu'il dessine, qui disent presque mieux (à mes yeux) qui il est réellement.

250px_La_muse_inspirant_le_po_C3_A8teLorsqu’en 1916 ses amis organisent un banquet en sa faveur, Guillaume Apollinaire y arrive accompagné de’Amélia-Jacqueline Kolb, la jolie rousse qu’il appelle « Ruby » - celle qu’il épousera et qui sera à ses côtés le 9 novembre 1918. Affaibli par la guerre, Guillaume Apollinaire sera l’une des multiples victimes de la pandémie de cette année, qui tuera autant que la guerre, la tristement célèbre grippe espagnole. Auprès de lui, en plus de Ruby, ses amis de toujours  = Max Jacob, Jean Cocteau et Picasso.

Je ne m’en cache pas, j’adore la collection Découvertes-Gallimard, qui aborde absolument tous les sujets possibles (archéologie, histoire, arts, religions, sciences & techniques). Non seulement les textes sont conçus par des écrivains tels que l’auteure de ce très intéressant ouvrage sur Guillaume Apollinaire, Laurence Campa, biographe d’Apollinaire et maître de conférence à l’université de Paris-XII.

Non seulement la collection est intéressante au niveau de l’écriture, mais de plus est toujours fort bien illustrée, joliment imprimée sur papier couché, ce qui est très agréable à lire. La documentation y est réellement très développée, comme le texte de l’auteur.

Je possède plusieurs ouvrages de cette collection, commencée à l’époque scolaire de mes fils ; j’y ai plusieurs biographies de peintres qui – comme cet Apollinaire de Madame Campa -  sont aussi joliment illustrées que bien écrites. C’est la collection idéale pour découvrir une personnalité ou un sujet qui intéresse.

Il n’est guère aisé de résumer une vie telle que celle de Guillaume Apollinaire, ma petite chronique est bien imparfaite et incomplète, aussi je ne peux que vous engager à lire ce petit livre par la taille, mais grand pas l’intérêt suscité (non je n’ai pas été payée par les éditions Gallimard-Découvertes).

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Commentaires
N
je l'ai découverte cette collection il y a peu en allant trainer à Honfleur, dans la grande librairie où nous échouons tjrs avec caroline. j'en ai acheté deux un sur gioscinny et un sur marilyn. ils sont de côtés tout de suite, mais je les ai feuilletés, et je suis de ton avis, je les trouve très bien. Et ils touchent aussi bien le monde du cinéma de la littérature ou des arts. C'est sympa et ça tient dans une poche on peut les emmener partout.
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