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mon bonheur est dans la ville
14 février 2010

EN CAS DE MALHEUR, de Claude Autant-Lara

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Scénario de Jean Aurenche & Pierre Bost, d’après le livre de Georges Simenon

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Paris se prépare à recevoir la reine d’Angleterre ; dans les rues, Yvette Maudet et sa copine Noémie déambulent devant la bijouterie qu’elles ont l’intention de dévaliser. Dans une librairie-papeterie, elles achètent un révolver-jouet. Malheureusement, on ne s’improvise pas braqueuses, la panique est générale, de part et d’autre, l’affaire tourne mal.

Les deux jeunes femmes prennent la fuite et se séparent. Yvette Maudet se rend dans son bar préféré, où généralement, pas farouche, elle accorde ses charmes aux messieurs pouvant payer.

i_1242_en_cas_de_malheur_1958_32_gInquiète par le silence de Noémie, Yvette se rend chez un avocat, maître André Gobillot, à qui elle dicte littéralement la marche à suivre pour la défense de sa copine. Le maître du barreau n’est pas pressé de s’occuper de l’affaire, mais Yvette a un argument-choc = elle s’offre à lui. Et il la refuse, du moins à ce moment-là. Il lui confirme que l’affaire se présente très mal, même si le révolver était un jouet, c’était une attaque à main armée avec blessé. Affolée par ses paroles, Yvette panique et le supplie ; il lui fait alors comprendre qu’il se chargera de l’affaire, si elle est arrêtée – elle pourra alors le citer comme son « conseiller juridique ».

Pendant qu’il se prépare en même temps que son épouse afin d’être présentés à la reine, Mme Gobillot n’est pas dupe lorsqu’il lui dit que « l’affaire est intéressante », il y a longtemps qu’elle n’a plus d’illusions sur son époux, mais du moment que cela lui permet le train de vie qu’elle apprécie,  elle ferme les yeux. Du moins se croyait-elle à l’abri de la souffrance et de la jalousie, mais là elle n’est plus certaine que cela la laisse aussi indifférente.

1242__434__68985_303x240_eGrâce à sa rouerie et sa maîtrise du barreau, les filles sont acquittées. L’histoire à présent commence entre Yvette et l’avocat. C’est aussi maintenant qu’entre en scène un nouveau personnage : le jeune, beau, mystérieux et inquiétant Mazetti, autre amant d’Yvette.

Par ailleurs, le conseil des tribunaux n’a pas l’intention de laisser passer ce qui a été considéré comme unr moquerie de la justice.

Ce classique du cinéma français manquait  à mon curriculum cinéphile (pour des raisons que l’on comprendra peut-être dans le bas dans cette chronique.)

1242__900_getimg_htmlTout comme dans « La Vérité » qu’elle tournera deux ans plus tard, Brigitte Bardot montre ici un réel talent d’actrice ; d’ailleurs, Jean Gabin aurait dit d’abord – lorsqu’il apprit qu’il tournerait avec elle « Cette chose qui se promène toute nue ? » - mais après il la reconnut comme une «  vraie professionnelle » (référence = pochette du dvd).

Elle est effectivement parfaite en jeune femme amorale, heureuse d’être entretenue, mais n’hésitant guère à poursuivre ses fréquentations plus jeunes.

Le metteur en scène, Claude Autant-Lara a tiré le maximum du talent de Brigitte Bardot,  toute auréolée du succès sulfureux de « Et dieu créa la femme » tourné deux ans auparavant. 

Jean Gabin est André Gobillot, maître du barreau, qui accorde parfois ses faveurs d’avocat aux clientes peu farouches. Je dois dire que je l’ai apprécié ici, ayant l’impression qu’il fait un peu moins « du Gabin » que d’habitude. Ses silences ici sont à la fois lourds et émouvants ; il sait qu’il est pris au piège. Et lorsqu’il fait des effets de manches, il n’est pas sans rappeler Pierre Brasseur.

0009809d_mediumJ’ai pris grand plaisir à revoir cette grande dame du théâtre et du cinéma qu’était Edwige Feuillère dans le rôle de Viviane Gobillot, une femme qui ne semble plus avoir beaucoup de respect pour son époux. Il y a également Madeleine Barbulée en Bourdenave, l’assistante de Gobillot, vieille fille coincée qu’il prend un malin plaisir à la taquiner.

Il y a encore, dans la distribution, la douce Nicole Berger, qui interprète Janine la petite bonne.

Mazetti est interprété par l’acteur italien, Franco Interlenghi (doublé en français par Michel Roux), acteur issu du néo-réalisme italien, qui fut à l’affiche des films réalisés par les plus grands noms du cinéma italien (de Sica, Fellini, Mauro Bolognini, Michelangelo Antonioni, Luchino Visconti). Plus récemment on a pu le voir dans le célèbre « Romanzo Criminale » de Michele Placido. Et pour la petite histoire, il est l’époux d’Antonella Lualdi, « Mamma Lucia » des « Cordier juge & flic ».

Des tas de figures connues du cinéma français des années 50 interprètent des rôles secondaires = Jean Daurand, Hubert de Lapparent, Jacques Marin, Albert Rémy, Jean-Pierre Cassel et Henri-Jacques Huet, ainsi que bien d’autres.

Ce qui est évident, une fois encore (comme dans « Les Bonnes Causes »), c’est que le justice ne sort pas grandie dans cette histoire. Et puis, l’univers de Simenon est toujours lourd, que ce soient les silences ou les paroles de façade, qui cachent amertume et ressentiment.

Après l’adaptation par Autant-Lara du « Rouge & le Noir » de Stendhal, il fut critiqué par François Truffaut, à l’époque tout jeune critique cinématographique. Du coup, lorsque la Nouvelle Vague déferlera sur le cinéma français, Claude Autant-Lara critiqua systématiquement chaque film qui sortira alors.

L’homme Autant-Lara terminera sa vie sur une très vilaine tache, car il se présentera au parlement européen sur la liste du front national. Il tint ensuite des propos insultants à l’égard de Madame Simone Veil, rescapée des camps de concentration.  Il est vraiment fort dommage que des gens capables de réaliser des films aussi intéressants que « En cas de malheur » adapté de Georges Simenon, se retrouvent en fin de vie à tenir des propos incitant à la haine raciale, à l’anti-sémitisme. Cela abîme bien des choses, et en ce qui me concerne, pour des raisons personnelles, il m’est fort difficile d’oublier ce type de comportement.

(Et je me faisais une dernière petite remarque de sale gamine que je suis à la vision du film, je me disais que depuis la mode des téléphones portables, il est décidément bien plus facile de tromper son épouse désormais !)

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Commentaires
N
j'ai aussi le sentiment que brigitte bardot ne prenait pas vraiment le "métier" d'actrice au sérieux - les natifs du signe la balance sont des dilettantes, des touche-à-tout qui aiment faire plein de choses différentes (je suis bien placée pour le savoir ;o) ), et peut-être qu'elle s'est sentie "débordée" par ce métier qui absorbait une grande partie de son temps. Ceci n'est qu'une opinion, pas un jugement. Je crois que ce que brigitte bardot aimait par dessus tout était de s'occuper des animaux - le cinéma n'était pas sa priorité.
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N
cela ne me surprend guère que la scène ait été censurée - c'est osé pour l'époque !<br /> <br /> je crois que la raison pour laquelle bardot ne voulait pas tellement tourner était le fait qu'elle supportait très mal d'être la proie des journalistes et qu'elle en voulait terriblement à son métier d'avoir fait d'elle un tel "objet public". C'est effectivement dommage, car je me rends compte, avec le temps, qu'elle n'était pas mauvaise actrice.
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D
Sais-tu que la scène de séduction au cours de laquelle BB relève sa jupe face à Gabin a été censurée à la sortie du film, la jupe s'arrêtant en haut des cuisses, à la limite du raisonnable pour l'époque. Maintenant, la scène a été restaurée et est beaucoup plus impudique.<br /> C'était, en effet, un beau rôle pour Bardot suivi de celui de "La Vérité" pour lequel BB fut saluée par les journalistes en tant que vraie comédienne mais après elle retomba dans des films plus modestes. Elle ne prit jamais sa carrière au sérieux, elle n'aimait pas tourner et son agent avait un mal fou à lui faire signer un contrat. Dommage qu'elle n'envisagea pas sa carrière avec plus d'ambition. A défaut d'une carrière, elle tourna dans quelques films intéressants et réussis mais son plus beau rôle fut elle-même, son propre personnage !
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