Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mon bonheur est dans la ville
17 octobre 2009

THE PRIVATE LIFE OF HENRY VIII, d'Alexander Korda

untitled

7218__vie_privee_d_henry_viii__la___1933___03

Je crois que ce n’est plus guère un secret mais j’adore découvrir les multiples versions concernant Henry VIII et ses six femmes. Je connaissais par ouï-dire cette version noir et blanc réalisée par Alexander Korda, dans la quelle le réalisateur « lançait » sa nouvelle compagne, la très belle Merle Oberon.

Par ailleurs, l’acteur britannique Charles Laughton est resté célèbre pour cette interprétation. Il faut dire qu’il y a déjà autant de versions de la vie d’Henry VIII que d’Elizabeth Ière d’Angleterre ; ces deux monarques n’ont pas marqué que leur époque mais également les mémoires actuelles.

Personnellement, j’ai trouvé que ce film de 1933 ressemblait assez fort à « Anne Boleyn », un film muet vu cet été à la cinémathèque.

On parle beaucoup de la série télévisée « The Tudors », où Henry VIII est interprété par un acteur très sexy, qui ne ressemble que très peu au souverain britannique à partir des années 30 où ses goûts pour la nourriture et les vins commençait à provoquer un embonpoint certain.

Ne parlons même pas de la vérité historique qui est relativement malmenée. Par contre je me suis laisser dire qu’au point de vue des costumes et des décors, c’était superbe.

Concernant la vérité historique, on peut faire confiance aux Américains pour prendre des raccourcis ;  cette version de 1933 – bien que britannique - n’échappe pas à la règle du contournement historique. Les scénaristes Lajos Biro et Arthur Wimperis n’ont pas vraiment planché sur leurs livres d’histoire. Ceci dit, ils ont écrit une histoire permettant à Charles Laughton de faire un portrait sympathique du coureur de jupons qu’était Barbe-Bleue.

Le film commence au moment de la condamnation à mort d’Anne Boleyn – on ne voit la reine que se préparant pour son éxécution, pendant que le roi s’impatiente afin de pouvoir épouse la suivante de la reine, Jane Seymour, montrée comme une sotte écervelée, alors que même si Jane Seymour était assez bigote et sous la coupe de sa famille, c’était une jeune femme paisible qui rassurait le roi après la tempétueuse et ambitieuse Anne.

Le chapitre de la vie d’Henry VIII avec sa première épouse, Katherine d’Aragon est carrément gommé du film.

Pendant que le roi s’impatiente, que la reine se prépare, les  dames de la cour doivent re-broder le linge et les draps du roi = remplacer le « A » d’Anne par le « J » de Jane. Parmi ces suivantes, l’une d’elles défend particulièrement vivement Anne Boleyn, il s’agit de Katherine Howard. Le roi l’entend, mais est subjugué par la beauté de la jeune fille ; on sent qu’il rêve de la mettre dans son lit, autre que matrimonial.

Ici, encore l’Histoire est complètement malmenée = Katherine Howard n’était absolument pas contemporaine de sa belle cousine ; par ailleurs elle est représentée comme une femme jeune, alors que la vraie Katherine capta l’œil du roi lorsqu’elle avait à peine 17 ans, poussée par l’ambition de son oncle, le puissant duc de Norfolk qui avait déjà poussé vers l’avant les sœurs Boleyn .  Katherine Howard est aimée de Thomas Culpepper, le secrétaire et protégé du roi, mais Katherine refuse de l’épouser parce qu’elle le considère comme trop pauvre.

Cependant l’heure de Katherine Howard n’est pas encore venue. Après la mort en couches de Jane Seymour – enfin ! le roi a un fils – Henry VIII n’envisage plus le mariage mais toute la cour insiste qu’un roi se doit d’assurer sa descendance et un seul fils ne suffit pas, ce qui fait dire au roi qu’il est considéré par sa cour comme un taureau reproducteur.

Cromwell lui conseille donc la duchesse Anna de Clèves, afin d’assurer une alliance entre l’Angleterre qui a renversé la papauté et les pays protestants. Seulement, Anna est amoureuse d’un envoyé royal et  utilisera un subterfuge afin de déplaire au roi : elle va faire des grimaces et se faire passer pour plus bête qu’elle n’est ; Henry qui continue à soupirer pour Katherine Howard est sidéré par le manque d’allure de l’épouse allemande mais ils sont légitimement mariés ; comment faire ? Pendant la partie de cartes qui remplace leur nuit de noces, c’est l’astucieuse Anna de Clèves qui propose un divorce-annulation, pour non consommation ; le roi est tellement content de cette proposition qu’il lui accorde des châteaux et une rente !

7218__vie_privee_d_henry_viii__la___1933___02Le voilà désormais libre d’épouser Katherine Howard : il a la fille, elle a la couronne. Seulement, voilà, elle réalise bien vite qu’elle a épousé un homme vieillissant, même si ses appétits sexuels n’ont pas faibli ; à table il continue à trop boire et manger. Après une joute où il en fait trop, Culpeper le ramène dans sa chambre. C’est là que Katherine lui annonce qu’elle l’aime toujours. Le jeune homme veut résister et même quitter l’Angleterre mais sa passion pour la jeune femme l’en empêche.  Comment annoncer au roi qu’il est cocu ? Ce sera le travail de Cranmer, son nouveau conseiller, qui tremble de tout son corps connaissant les accès de rage du roi.

Encore une reine sans tête ; c’est alors qu’Anne de Clèves, restée très amie avec le roi, lui montre la gouvernante de ses enfants, une veuve que les enfants du roi adorent. Il s’agit de Catherine Parr.

Le film se termine sur la nouvelle reine faisant la leçon au roi pour son appétit qui nuit à sa santé ; le roi est vieux et gros, enfoncé dans un fauteuil. Lorsque sa femme a le dos tourné, il se précipite sur les restes du repas qu’elle a fait emporter.

Le moins que l’on puisse dire c’est que Katherine Parr n’est pas montrée sous un jour sympathique avec Henry VIII ; elle le traite comme un gamin de 5 ans, et les scénaristes l’ont transformée en une sorte de harpie, toujours à râler sur tout, ce qui est complètement en contradiction avec la douceur et la bonté de Mrs. Parr, qui n’avait pas très envie de la couronne car elle était amoureuse de Thomas Seymour.

Les Seymour, les Boleyn et le duc de Norfolk, ces grandes familles conspirant  les unes contres les autres afin d’acquérir plus de puissance par l’entremise de leurs filles et / ou sœur,  sont complètement effacées de cette histoire ; il n’en est pas question un seul instant.

Tout comme est complètement effacé l’archevêque  Thomas Wolsey – il est vrai que ce dernier fut particulièrement actif durant la jeunesse du roi, pendant l’affaire du divorce avec Katherine d’Aragon et devint surtout l’ennemi d’Anne Boleyn.  Tombé en disgrâce et fort malade, il eut la bonne idée de mourir avant d’être exécuté.

Bref, une histoire d’Henry VIII, peu conforme à la vérité historique mais assez amusante tout de même, bien que pour une fois j’aie trouvé que cela avait quelque peu vieilli. Généralement, j’aime beaucoup les vieux films qui font partie de l’histoire du cinéma, mais là j’ai dû m’accrocher car cela manquait de naturel.

En dehors de Merle Oberon, superbe Anne Boleyn, qui interprétait son rôle avec naturel, ainsi qu’Elsa Lanchester en sympathique et drôle Anna de Clèves, tous les autres acteurs semblaient théâtraux ; c’était assez flagrant dans le cas de Robert Donat en Thomas Culpepper et  Binnie Barnes en Katherine Howard.

220px_Elsa_Lanchester Binnie_Barnes 200px_Affectionately_Yours

220px_Charles_Laughton

210px_Henry_VIII_kingofengland_1491_1547Le film doit être vu pour Charles Laughton, qui est un Henry VIII paillard, truculent, mangeant, buvant, pas avec les meilleures manières du monde d’ailleurs – et poursuivait de ses assiduités toutes les ravissantes créatures de son royaume. L’acteur passe très facilement du rire à la mauvaise humeur, comme c’était le cas du roi d’ailleurs. Il adopte pratiquement tout au long du film la célèbre pose d’Henry VIII tel qu’il fut peint par Hans Holbein.

Les décors sont « tout studio » , les seules scènes d’extérieur se passant dans un jardin. Sinon, nous sommes tout le temps dans le palais royal, où bien qu’il soit évident que ce soit du studio, les décors sont cependant très soignés ; les cuisines notamment sont un lieu très amusant, avec le personnel qui commente avec allégresse et vulgarité les actions de leur roi. Les costumes sont très beaux.

150px_Henry_VIII_movieposterCharles Laughton reprendra son rôle d’Henry VIII dans le film « Young Bess » qui retrace les jeunes années d’Elizabeth Ière, avec Jean Simmons, Deborah Kerr et Stewart Granger ; un film que j’aimerais beaucoup revoir et qui semble être complètement oublié, tant par la cinémathèque que par les fabricants de dvds. Après ce film-là, la vie d’Henry VIII sera mise en veilleuse pendant pas mal de temps, jusqu’à l’excellente - et très précise historiquement parlant – version avec Keith Michell que j’ai le plaisir d’avoir, non seulement en film mais en série télévisée.

Cependant, même si le film d’Alexander Korda n’était pas du tout exact au niveau historique, il remporta un énorme succès à sa sortie car il donnait aux gens l’image d’un roi joyeux et bon enfant, tout le contraire de ce qu’il était dans la vie – joyeux il l’était, jeune sans doute, mais il devint rapidement tyrannique et capricieux.

220px_AlexanderKordaLe réalisateur Alexander Korda, d’origine hongroise, fut l’une des figures de proue du cinéma britannique ; il fonda la société London Films et fut le propriétaire de la société de distribution cinématographique  British Lions Films. Il réalisa  un très beau « Rembrandt », avec également Charles Laughton.

C’est aussi Alexander Korda qui fut l’un des producteurs du « Third Man » avec Orson Welles.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 85 227
Archives
Derniers commentaires
Publicité