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mon bonheur est dans la ville
29 août 2009

HAROLD & MAUDE, d'Hal Ashby

85mHarold Parker Chasen est un garçon de vingt-deux ans, charmant mais totalement blasé, qui s’ennuie dans la vie, issu d’un milieu très aisé, il ne lui manque strictement rien, sauf peut être que sa mère – superficielle et oisive elle aussi – s’intéresse un peu plus à lui. Pour attirer son attention, il met en scène des suicides des plus ingénieux, qui mettent sa mère au bord de la crise de nerfs mais ne la rendent pas plus affectueuse.  Elle l’oblige à suivre une thérapie, elle demande à son frère militaire d’enrôler le gamin et son dernier dada est de l’inscrire à un club de rencontre par ordinateur.

En dehors de son passe-temps morbide, Harold en a un autre pas vraiment plus réjouissant, il adore assister à des enterrements. Il aime aussi transformer les jolies petites voitures ultra chères en corbillard.

Aux enterrements auxquels il assiste, il y a parfois une vieille dame, qui finalement le repère et attire son attention. Elle s’appelle Maude et est pleine de vie.

Maude est le contraire d’Harold ; elle n’est blasée par rien. Elle a 79 ans, elle a une âme d’artiste, elle aime la vie sous toutes ses formes, tout l’intéresse, elle a été de toutes les luttes pour la liberté. Elle pose pour un ami sculpteur de glace, elle vit dans un wagon de chemin de fer où elle a une collection d’objets les plus hétéroclites les uns que les autres qui fascinent Harold.

Grâce à elle, le mélancolique jeune homme commence à voir la vie sous un jour nouveau et se met à apprécier le souffle de vie que Maude lui transmet.  Elle va lui apprendre à chanter, à jouer du banjo. A « emprunter » des voitures (sa manière de conduire est très peu conventionnelle elle aussi et évidemment "qui a besoin d'un permis ?") à transplanter des arbres qui souffrent en ville. Bref à aimer vivre.

A tel point, qu’il va comprendre à quel point il l’aime et lui demande de l’épouser, ce qui va rendre sa mère hystérique, son psy complètement largué et le curé de la famille totalement écoeuré.

Seulement voilà, Maude a décidé, s’est promis à elle-même que le jour de son anniversaire de 80 ans serait aussi celui où elle quittera la terre, son ouvrage ici-bas étant alors terminé.

Ce sera la dernière épreuve qu’Harold aura à affronter afin d’être libre de sa vie conventionnelle.

« Harold & Maude » est l’un de mes films culte, avec « Ca ira mieux demain », « Love Actually »  et « The Party ». Ce sont des histoires que je peux voir et revoir sans jamais me lasser car il y a là-dedans des scènes, des phrases, des moments uniques qui me font soit hurler de rire, soit avoir une petite boule d’émotion dans la gorge.

Bien sûr l”histoire de ce couple hors du commun ne choquait pas dans les années 70, d’autant plus qu’il était « illustré » musicalement par un Cat Stevens qui n’était pas encore converti à l’islamisme pur et dur, et composait donc encore de bien jolies mélodies pleines de tendresse.

Le film est totalement irrévérencieux : il secoue tout et tout le monde, le clergé, l’armée, les mères, la police. Je me demande parfois quelles seraient les réactions actuelles à cette histoire d’un amour finalement merveilleux, au-dessus des conventions.

Il apporte une perspective différente à celles auxquelles on est habitué sur les relations amoureuses.  Les gens bien pensants ont toujours considéré comme normal qu’un homme âgé de plus de 60 ans vive avec une femme plus jeune que lui, par contre une femme plus âgée avec un homme jeune ou très jeune, choque systématiquement.

J’ai toujours rêvé de ressembler à l’excentrique Maude ; malheureusement, je suis souvent retenue par la peur du gendarme, par un souci de respect des conventions qui me freine dans mes envies.

J’aimerais être cette dame, dont le corps n’est plus jeune, mais qui est tellement gaie et jeune dans sa tête et sa façon de regarder la vie.

Une vie qui lui est d’autant plus précieuse que par de petites touches fort légères on réalise qu’elle a été bien près de la perdre, puisqu’elle a un numéro tatoué sur le poignet.

Il y a des moments totalement déjantés dans « Harold & Maude », celui notamment où elle décide de l’aider à ne pas être enrôlé dans l’armée par son oncle vaut le détour.

Quel dommage aussi que l’ ambiance « Ere du Verseau » ait été remplacée par la mentalité « Fight Club » et « Fast & Furious » ; quel dommage que les aspirations des années 60-70 se soient terminées et aient été remplacées par la guerre, la haine des autres, l’intolérance religieuse.

Cette histoire-ci apporte tant de gaîté, met tellement de joie au cœur qu’on est presque déçu lorsque le film est terminé. Bien sûr il a un petit côté irréaliste, mais qui s’en préoccupe sinon les esprits chagrins ?

Hal Ashby est un réalisateur qui a toujours aimé abordé des sujets irrévérencieux ; il est l’auteur de « Coming Home », où Jane Fonda et Jon Voight étaient également un couple peu conventionnel, un film qui était aussi une critique de la guerre du Vietnam.

Dans « Harold & Maude » il nous offre un joli portrait de femme, mais aussi un portrait d’ « adulescent » avant la lettre, un nouveau terme à la mode pour ces jeunes gens qui n’arrivent pas à vieillir, qui ont peur de la vie et de celle qu’elle a en réserve, qui ont peur de s’engager, l’angoisse de l’adolescence est encore bien présente.

Si Maude est magistralement interprétée par Ruth Gordon – il ne sera plus jamais possible de la dissocier du rôle, Bud Cort me semblait un peu poupon avec son visage jeune et rond. Pourtant, on le voit littéralement « mûrir » au contact de cette femme généreuse qui aime les êtres humains et la nature.

maudeRuth Gordon, à côté de son talent d’actrice, était également une auteure qui avec son époux Garson Kanin se mit à écrire des scénarios pour les films de Spencer Tracy et Katherine Hepburn ; les histoires étaient, selon le tandem Gordon/Kanin totalement inspirés de leur vie privée.

budC’est le rôle d’Harold qui lança la carrière du jeune Bud Cort ; c’est Jacques Tati qui le présenta au public français ; il a toujours considéré ce rôle à la fois comme un cadeau du ciel et une malédiction car après cela, il ne reçut que des propositions de rôle de ce type.

Huit ans après le film d’Hal Ashby, le jeune acteur eut un terrible accident de voiture qui l’obligea à subir diverses interventions de chirurgie réparatrice avec pour conséquences un effet désastreux sur sa jeune carrière, la ruine due aux notes des médecins et la perte de l’action légale à la suite de l’accident.

Il est l’un des membres fondateurs du L.A. Classical Theater.

« Harold & Maude » est une histoire pleine d’humour (noir quelquefois),  très émouvante, très tendre, qui rend heureux.

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