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mon bonheur est dans la ville
5 août 2009

JINDABYNE, de Ray Lawrence

14104_thumbSur une route désertique de New South Wales en Australie, une voiture roule à vive allure et la jeune aborigène au volant chante gaiement, inconsciente de l’homme en jeep qui la guette comme une proie.

Dans la petite ville de Jindabyne, le lac a recouvert l’ancienne ville pour qu’un barrage puisse procurer de l’électricité à la région.

C’est là que vivent, entre autres, Stewart et Claire, Jude et Carl, Carmel, Rocco, Billy & Elissa. Amis depuis toujours, ils se réunissent régulièrment ; les hommes organisant une fois par an une pêche dans le parc national, là où dans la montagne coule une rivière pleine de truites.

Cette année encore, ils ne failliront pas à la tradition avec une nouvelle « recrue », le jeune Billy qui travaille avec Stewart.

Le couple Stewart-Claire bat de l’aile, la communication du couple passant plutôt par Tom, leur petit garçon. Claire craint d’être à nouveau enceinte, pour cette jeune femme mal dans sa peau, cette grossesse lui rappelle la naissance difficile de son fils au point qu’elle en quitta son mari pour une assez longue période. Dans leur couple, il y a la mère de Stewart, grand-mère de Tom, qui ne peut s’empêcher de se mêler de tout, faisant à qui mieux mieux des remarques personnelles et pestouilles avec un air angélique. Elle semble prendre un malin plaisir à provoquer Claire.

Chez Jude et Carl, c’est avec leur petite-fille que le couple a des problèmes ; Caytlin-Calandria ne se remet pas de la mort de sa maman, Jude ne se remet pas de la mort de sa fille et ne peut s’empêcher de témoigner de l’animosité à la petite fille, très empreinte de superstition.

Lorsque les quatre compères s’en vont pour leur annuel week-end de pêche, ils sont loin tous de se douter à quel point leur vie changera à jamais. Dans la rivière, ils découvrent le corps de la jeune aborigène flottant à la dérive ; pensant bien faire, Stewart l’attache à un arbre et ensuite leur partie de pêche se poursuit jusqu’au dimanche, où avant de rentrer ils se décident enfin à appeler la police.

La communauté de Jindabyne se retrouve alors en état de choc, d’autant plus que l’attitude des quatre hommes fait négativement  la une des journaux.

De tous, c’est Claire, la plus fragile, qui est choquée par l’attitude de son époux. Elle va tenter, sans succès, de se rapprocher de la communauté aborigène afin de faire pardonner l’attitude des hommes, de son homme, mais là aussi l’hostilité est grande.

Alors que chacun lui dit de laisser tomber, de poursuivre sa vie en tentant tant bien que mal d’oublier cette lamentable histoire, Claire s’accroche, harcèle ses amies, tente de les convaincre ainsi que les maris, et le sien en particulier, de présenter des excuses aux parents de la jeune morte.

Jusqu’à l’éclatement de son propre couple car Claire est trop entière pour supporter cette situation.

Ray Lawrence, à qui l’on devait déjà l’excellent « Lantana » où là aussi les relations de couple formaient l’essence même de l’histoire, a construit ici une histoire qui prend le spectateur aux tripes, sans tomber dans le grandiloquent, où toute une communauté est bouleversée par un acte en apparence anodin pour les principaux concernés.

Les pêcheurs n’ont vu aucun mal à poursuivre leur weekend de délassement, ils n’ont pas mesuré la portée de leurs actes, commis avec une apparente indifférence qui affectera chacun.

Malgré l’incontestable talent de Laura Linney qui est magnifique en Claire, j’ai eu beaucoup de difficulté à accepter le côté pathologique de cette jeune femme qui refuse de laisser tomber, quitte à bouleverser tout le monde ; elle aussi pêche par excès, sans se soucier des conséquences sur sa famille et sur ses amis. Claire est hyper-sensible, pas très stable et semble avoir un maladif besoin d’être acceptée de tous, d’être aimée de tous, mais aussi de souhaiter que tous fasse ce qu’elle a décidé.

Elle va apprendre à ses dépens qu’on ne peut pas tout contrôler.

Gabriel Byrne prouve une fois encore qu’il est un acteur de grand talent, mais tous les interprètes de « Jindabyne » sont à la hauteur du couple principal, y compris les enfants. Le petit Tom est interprété avec sobriété par Sean Rees-Wemyss et Caytlin-Calandria, l’enfant profondément perturbée par la mort de sa maman, est parfaitement interprétée par Eva Lazzaro.

On ne sort pas heureux de « Jindabyne », une histoire qui sonne terriblement vraie.

Il y a toutefois une invraisemblance que je trouve assez énorme dans le film, c’est que la police ne semble pas mettre beaucoup d’efforts à retrouver le vrai coupable, connu du spectateur, qui rôde encore dans la communauté. Dans une époque où la police scientifique a de gros moyens à sa disposition, il est assez surprenant que la police ne bouge pas.

L’idée du  film est tirée d’une nouvelle de l’auteur américain Raymond Carver, décédé en 1988 à l’âge de 50 ans alors qu’il venait d’entre à l’Académie américaine des Arts & Lettes, après de longues années de galère et de lutte contre l’alcoolisme.

Carver est considéré comme un écrivain novelliste de premier point, le réalisateur Robert Altman s’inspira de diverses nouvelles de Raymond Carver pour son magistral « Short Cuts ».

th_9    jinda2     jinda   

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