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mon bonheur est dans la ville
4 août 2009

THE SQUID AND THE WHALE, de Noah Baumbach

9595_thumbOn dit toujours par derision que “lorsque les parents boivent, les enfants trinquent !”. La même chose peut s’appliquer lorsque les parents se séparent et que la séparation se passe dans l’amertume et les reproches.

C’est ce qui arrive aux enfants Berckman dans les années 80. Leur père, un écrivain qui a eu son heure de célébrité mais qui enseigne désormais pour gagner sa vie, dont le récent manuscrit ne trouve pas d’éditeur. La mère, par contre, femme au foyer, s’est découvert un talent certain pour l’écriture ; ses articles trouvent un accueil favorable dans le New York Times et son livre va être bientôt publié.

Tout cela a rendu son mari profondément amer et jaloux, l’ennui s’est installé depuis longtemps dans le couple et après une énième dispute, ils avertissent leurs deux fils que tout est fini entre eux et que la garde sera partagée.

Les enfants sont effondrés et vont devoir, chacun à leur manière, accepter la douleur et les frustrations. Celles du père surtout qui n’hésite pas à abîmer l’image de la mère, trouvant une oreille attentive auprès du fils aîné dont il est l’idole. Le cadet,lui, préférerait rester auprès de la mère, ses relations avec son père sont nettement moins agréables, le père n’hésitant pas à montrer un certain mépris à l’égard du gamin que le sport attire plus que les bouquins.

C’est aussi l’époque de la découverte de la sexualité, de l’éveil à l’amour, mais dans cette ambiance tortueuse et torturée, comment trouver ses repères, entre ce père egocentrique et cette mère qui tente de faire comprendre la situation ? En faisant de multiples bêtises, parfois graves comme le plagiat d’un morceau musical de Pink Floyd, ou en tentant de retrouver d’agréables souvenirs.

D’autant plus que le père commence une liaison avec l’une de ses élèves et la mère sort avec le prof de tennis du cadet, mais ce nouveau bonheur qui lui apporte l’équilibre va raviver encore plus la hargne du père. Et pourtant, comme tous les jeunes dont les parents se sont séparés, ils finiront par comprendre que leur vie est plus importante que les disputes d’adultes, le chemin vers la maturité est parsemé de sentiments difficiles et contradictoires.

Le scenario de Noah Baumbach, qui est aussi le réalisateur, s’appuie sur ses souvenirs de jeunesse, je suppose qu’il y a eu là pour lui une forme de thérapie. En tout cas, l’histoire est simple, quotidienne et particulièrement émouvante, mais si elle repose sur des vrais véridiques, elle est surtout défendue, interprétée par un quatuor d’acteurs absolument époustouflants.

Dans le rôle du père, cet intellectuel arrogant, prenant des airs supérieurs, méprisant tout ce qui n’est pas ce que lui approuve, Jeff Daniels n’a jamais été meilleur acteur, sa performance est épatante et il trouve ici le meilleur rôle de sa carrière. Cependant, Laura Linley, l’épouse qui retrouve sa liberté, qui respire enfin, est tout aussi excellente. Un peu enlaidie dans cette histoire, elle est parfaite dans le rôle de cette femme qui se débat face à un monstre d’égoïsme, qui n’accepte ni sa liberté, ni son succès.

Et les enfants ? Ah les enfants, ils sont parfaits. Le jeune Jesse Eisenberg qui interprète Walt, le fils aîné, qui souhaite tellement plaire à son père, est parfait tout comme Owen Kline (hé oui, le fils de Kevin !) dans le rôle du jeune Frank, plus attaché à sa mère et finissant par ne plus avoir envie de voir ce père égocentrique.

Autour d’eux, on retrouve Anna Paquin, la sympathique Lili, étudiante de Bernard, libre de ses mouvements, attirée tant par le père que par le fils. La jeune actrice lui apporte une vie pétillante et drôle ; c’est William, l’un des frères Baldwin, qui interprète le prof de tennis amoureux de Joan, nettement moins intellectuel méprisant et tourmenté que Bernard, mais tellement plus à l’aise dans ses baskets … de tennis évidemment ! Il faut encore mentionner Halley Feiffer, la petite amie de Walt, émouvante et fragile.

Le film a remporté le Grand Prix du Festival de Sundance en 2005, on n’en a hélas pas beaucoup parlé et c’est bien dommage. C’est une histoire très vraie, qui réellement parle à chacun de nous. C’est une histoire où personne n’a vraiment tort, ni vraiment raison, c’est une histoire de tous les jours.

Nous avons tous connus ou nous connaissons tous des séparations qui ne se passent pas trop bien, où les enfants sont pris entre deux feux, on ne reste pas indifférent à cette histoire terriblement triste, qui parvient tout de même à offrir quelques imperceptibles moments d’humour.

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