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mon bonheur est dans la ville
28 juillet 2009

CALLE SANTA FE, de Carmen Castillo

16356_thumbLors de l’élection démocratique présidentielle de Salvador Allende, Henry Kissinger, secrétaire d’état de Nixon, déclara « pourquoi faudrait-il regarder un pays devenir communiste parce que son peuple est irresponsable » !! Les Etats-Unis et la CIA vont donc tout mettre en œuvre, avec ITT, afin de fragiliser le pays ; la CIA qui avait reçu un énorme budget pour aider le gouvernement Allende va utiliser cet argent pour soutenir des groupuscules conservateurs. Le 11 septembre 1973, la CIA avec l’aide de sa marionnette, le général Pinochet, va arriver à ses fins et renverser le président élu démocratiquement, soutenu par le MIR (le mouvement de la gauche révolutionnaire).  Une chappe de plomb, de tortures et d’assassinats va alors s’abattre sur le pays, avant son train de misère et de chagrins, de disparitions.

Parmi les assassinats, il y aura – entre autres – celui de Miguel Enriquez, le dirigeant du MIR tué le 5 octobre 1974, au 725 CALLE SANTA FE ; le MIR avait organisé la résistance au régime ; Enriquez meurt les armes à la main, pendant que sa compagne, Carmen Castillo git blessée sur le trottoir, perdant beaucoup de sang. C’est grâce à un voisin, qui ne les connaissait que de vue, qui appela l’ambulance et l’accompagna à l’hôpital.

Carmen perdit l’enfant qu’elle portait, elle sera expulsée manu militari après une campagne internationale de solidarité, avec la menace que si elle remettait les pieds au Chili, elle serait immédiatement passée par les armes.

Elle y est revenue exceptionnellement une première fois, après 15 ans, afin de rendre visite à son père malade et elle est revenue 15 ans après, soit trente ans plus tard afin de réaliser son film.

Le documentaire de Carmen Castillo est un superbe travail de mémoire, un peu trop long peut-être – le film dure tout de même deux heures trois-quart, et le montage est assez inégal ce qui le rend parfois difficile à suivre. Mais ce sont là des détails sur la forme, le fond est beaucoup plus important.

Ce fond, c’est un amour magnifique pour son pays. Elle va repartir à la découverte des lieux des drames, confus dans ses souvenirs d’exilée. Son travail de mémoire est traversé d’interrogations : tout cela a-t-il réellement eu un sens, cela valait-il de mourir ? Miguel est-il mort à cause d’elle ? Non, certainement pas, il est revenu auprès d’elle lorsqu’elle était blessée ; il aurait pu se sauver, car les camions de renforts, chargés de militaires n’arriveront qu’après la première attaque de la maison.

Cette maison, Carmen voulait la racheter, en faire un centre culturel, afin que la jeune génération du Chili actuel et à nouveau démocratique se souviennent de ce qui se passa là, ce jour-là. Finalement, devant la maison, est gravé dans la pierre, sur le trottoir, devant la maison, un très beau poème.

Le film de Carmen Castillo est très personnel, elle y retrouve sa famille, sa fille dont elle n’arriva plus à s’occuper, elle y retrouve les compagnons de lutte, certains conscients de ce que le parti exigea, de certains dogmes, conscients que si le MIR n’existe plus, une autre forme d’engagement doit se poursuivre car tout n’est pas résolu au Chili.

Le témoignage de Carmen est bouleversant, il mêle histoire, témoignages politiques, considérations personnelles, souvent fort mélancoliques.

Que Carmen Castillo se rassure, Miguel Enriquez n’est pas mort pour rien. Aucun des morts et des disparus n’est mort en vain. Le Chili est redevenu un pays démocratique, c’est à eux qu’il le doit.

affiche

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