Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mon bonheur est dans la ville
28 juillet 2009

L'ANNEE DERNIERE A MARIENBAD, d'Alain Resnais

wallpaper_9957_9353Que dire de ce film qui n’ait pas l’air d’un cliché  ou d’une platitude ? car à côté d’un film de cette sorte, considéré par beaucoup comme « le plus grand film de toute l’histoire du cinéma », des expressions comme « chef d’œuvre magistral » ont une consonnance à la fois pédante et banale.

Personnellement je trouve fort exagéré le critère de « plus grand film de l’histoire », néanmoins ce qui est certain c’est qu’Alain Resnais fut un pionnier ouvrant la porte à toute la Nouvelle Vague du cinéma (Jean-Luc Godard, François Truffaut, etc.).

Sur ce film, l’assistant de Resnais était Volker Schloendorf et son scénariste-dialoguiste était Alain Robbe-Guillet.

La photographie est somptueuse, en noir et blanc, avec jeux de miroir, contrastes, comme si soudain apparaissait le négatif de la pellicule. J’avoue avoir été plus fascinée par le tour de force technique du film, plutôt que par cette histoire surréaliste.

Y a-t-il ou non une « histoire » dans « L’Année dernière à Marienbad » ? En principe, oui. Celle d’un homme qui tente de faire se souvenir une jeune femme qu’ils ont eu une liaison « l’année dernière », ce qu’elle refuse. L’homme avec qui elle est – du moins le pense-t-on – joue à tous les jeux possibles et imaginables, observe le couple comme un fauve observe sa proie ; il est d’une froideur et d’un calme qui impressionnent. Sacha Pitoeff,  que j’ai pris grand plaisir à revoir à l’écran, est parfait dans ce rôle.

L’autre homme, plus passionné, est joué par Giorgio Albertazzi.

9353__anneederniereamarienbad00Bien évidemment, le clou du film, celle pour qui je suis allée le voir est la merveilleuse Delphine Seyrig, trop tôt disparue de nos écrans et dont le talent éclatera dans bien d’autres films ; ici elle est détachée, distante, on a l’impression qu’elle a plus été choisie pour sa beauté, d’autant plus qu’habillée par Coco Chanel elle est d’une grâce et d’une élégance infinies.

La femme se souvient-elle ? refuse-t-elle de se souvenir ? ou a-t-elle oublié tout simplement ce qui ne fut qu’un moment d’égarement ? cette aventure est-elle imaginée par « X » ? qui le sait, est-ce important ? non et oui, un peu tout de même puisque tout tourne autour de cela.

Ce film est la seconde réalisation d’Alain Resnais, il obtiendra une nomination à l’oscar du meilleur scénario en 1961, l’année de sa sortie où il remporte le Lion d’Or à Venise.

i_9353_anneederniereamarienbad03Selon moi, chacun trouve ce qu’il cherche dans « L’Année dernière à Marienbad », une mise en image de ce qui deviendra « le nouveau roman » dont Marguerite Duras sera le chef de file. Le film illustre parfaitement un cours de faculté que j’ai suivi sur la philosophie de l’esthétique.

Pour moi, il est comme un jeu de ces marionnettes asiatiques que l’on anime en ombres chinoises derrière un drap ; j’ai aussi pensé, par instant, au film « Dolls » de Kitano Takeshi.

Dans « Manhattan Murder Mystery », Diane Keaton rappelle en passant à Woody Allen, qui interprète son mari dans le film, qu’il n’avait strictement rien compris au film et qu’elle a dû tout lui expliquer. Ce clin d’œil est celui d’un grand admirateur de la Nouvelle Vague du cinéma français à ceux qu’il nomme « ses maîtres ». Peter Greenaway également considère que ce film a eu une grande influence sur lui.

Bref dans Marienbad on a l’impression d’un jeu d’échecs avec seulement trois éléments : la reine, le roi, le fou. On est totalement dans la répétition, ce qui fait que le film donne parfois une impression de longueur.

Je suis persuadée que « L’Année dernière à Marienbad » est un film qu’il faut voir plusieurs fois et pas nécessairement pour mieux le comprendre, simplement par pur plaisir esthétique.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 85 249
Archives
Derniers commentaires
Publicité