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mon bonheur est dans la ville
28 juillet 2009

SAGAN, de Diane Kurys

18937911_w434_h_q80En 1954, une jeune fille de 18 ans va trouver les éditions Julliard avec un manuscrit « Bonjour Tristesse » ; la jeune Françoise Quoirez – sur les conseils de son amie Florence Malraux - trouvera là un éditeur enthousiaste et elle devient une « star » de l’écriture du jour au lendemain, non sans que son père ne lui demande de changer de nom. Avec son frère Jacques existe une merveilleuse complicité qui trouve son accomplissement dans les fêtes, de même qu’avec le danseur Jacques Chazot.

Un autre roman suit, qui devient aussi un succès.

Succès qui fait des jaloux, évidemment. Sagan, du jour au lendemain, entre dans le monde superficiel de la vie parisienne. Elle y découvre l’alcool, le jeu, l’hypocrisie des uns qu’elle semble parfois préférer à la sincérité de ceux qui l’aiment. Sans oublier son goût pour les voitures rapides, qu’elle conduisait comme si elle cherchait à mourir.

Elle va rencontrer à New York celui qui sera son premier mari, dont on se demande encore pourquoi il l’a épousée si ce n’est pour se faire un nom à lui !

Ensuite le charmant Robert Westhoff, un Américain avec qui elle aura son fils Denis.

A la suite d’un grave accident de voiture qui la laissera entre la vie et la mort, Françoise Sagan deviendra accroc à la drogue qu’on lui avait d’abord prescrit pour soulager la douleur.

Elle aimera sa compagne Peggy Roche, au point de lui cacher la gravité de son état, puis sera attrapée dans les filets d’Astrid, une amie assez ambiguë qui fera le vide autour d’elle, mais l’hébergera quand elle sera ruinée.

Comme Edith Piaf aura désormais les traits de Marion Cotillard, Françoise Sagan sera désormais liée pour toujours à l’époustouflant portrait interprété par Sylvie Testud. Mais contrairement au film « La Môme » qui, bien que formidable, ne m’ait pas plus fait apprécier Piaf dont je n’aime que quelques chansons, je porterai désormais un autre regard sur Françoise Sagan émouvante et pathétique, capricieuse, égoïste ou généreuse avec des gens qui souvent ne le méritaient pas, considérant que sa vie lui appartenait et qu’elle la brûlait comme bon lui semblait – ce en quoi je lui donne entièrement raison. Femme de gauche refusant les partis, elle s’impliqua dans des causes qu’elle considérait comme justes.

L’interprétation de Sylvie Testud est au-delà des mots, elle est littéralement Sagan de 18 à 69 ans ; des années insouciantes et folles, jusqu’à la fin, ruinée et solitaire. Heureusement elle sera assistée dans ses derniers moments par sa femme de ménage qui lui fera comprendre qu’elle n’est pas seule.

Le regard plein de tendresse de l’une vers celui plein de désarroi de l’autre, qui alors s’apaise est un moment vraiment intense et rattrape certainement les petits défauts du film.

Bravo à Chantal Neuwirth dans le rôle de Madame Lebreton, la compatissante.

Parce que le film qui repose totalement sur les épaules de son interprète principale bénéficie d’une distribution apportant l’appui nécessaire à une telle prestation.

Pierre Palmade est un amusant et sensible Jacques Chazot ; Peggy Roche est jouée par la talentueuse Jeanne Balibar. Guillaume Gallienne est Jacques Quoirez, frère de Françoise Sagan. Denis Podalydès est l’odieux Schoeller et c’est Arielle Dombasle qui est Astrid.

Parmi les multiples critiques à propos du film, il en est une assez récurrente à savoir que l’histoire n’est pas « aboutie » - mais aucun biopic, si bon soit-il, n’est jamais abouti car qui connaît vraiment bien quelqu’un au point de tout savoir, de tout comprendre ?

Le commentaire à ce propos de Sylvie Testud est plein de vérité : chacun s’appropie la personne qu’il/elle aime, chacun(e) la voit avec ses yeux à lui/elle.

Sagan aimait la frivolité, la légèreté, l’insouciance, l’inconstance ; cela ne signifie pas qu’elle n’avait aucune profondeur, simplement elle avait une image publique qu’elle entretenait probablement avec une certaine malice et ne s’est jamais réellement livrée telle qu’elle était; cela je pense qu’elle le réservait dans ses écrits personnels, ses journaux, ses papiers d’humeur.

Je préfère d’ailleurs ceux là aux romans de Françoise Sagan, car je n’aime guère le monde dans lequel ses personnages évoluaient, elle écrivait dans un monde qu’elle connaissait. Néanmoins, je reste convaincue qu’un bon écrivain ne parle vraiment bien que de ce qu’il connaît bien, et c’est le monde dans lequel,  par son succès rapide, Sagan a évolué ; son regard est à la fois tendre et sans indulgence.

Françoise Sagan fut tout et partout : biographe de Sarah Bernhardt, de Brigitte Bardot ; elle écrivit 12 pièces pour le théâtre, elle écrivit des nouvelles en plus de ses célèbres romans dont certains furent adaptés au cinéma ; elle sera aussi scénariste, notamment de l’excellent «  Landru » de Claude Chabrol.

Par quelques scènes d’actualité, le film nous replonge dans l’histoire des années 50 à 80, avec à la clé quelques musiques en toile de fond qui resitue l’époque, comme les chansons d’Udo Jurgens ou de Dick Rivers.

Comme tous les êtres mélancoliques et fantasques, Sagan aimait la mer, parce que nous qui aimons la mer avons l’impression qu’elle seule nous apaise et nous ré-équilibre.

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