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mon bonheur est dans la ville
26 juillet 2009

LA MARIEE ETAIT EN NOIR, de François Truffaut

moreauDans une petite ville de province française, une jeune femme tout de noir vêtue se précipite vers la fenêtre dans le but évident de mettre fin à ses jours, mais est sauvée in-extremis par sa mère. Ce sauvetage va mettre en branle une vengeance implacable dont cinq hommes feront les frais ; cinq hommes qui ont mérité la mort aux yeux de cette Diane vengeresse.

Les raisons de cette vengeance sont dévoilées au cours du film, par petits flash-backs ramenant la mémoire de Julie vers ce jour où enfin elle put épouser David, l’homme de sa vie… et le perdre en même temps, à cause d’un jeu ayant mal tourné.  Sans David, la vie de Julie n’a plus aucun sens, alors sombrant peu à peu dans une folie obsessionnelle, sa vie ne prendra plus d’autre sens que cette vengeance calculée.

Chacun des hommes impliqués dans la mort de David a réussi sa vie ; après l’accident ils se sont séparés, ne se sont plus revus. Du jeune oisif prêt à se marier jusqu’à l’artiste, en passant par le politicien, l’homme d’affaires véreux et l’employé provincial, elle va les traquer et faire justice.

C’est par l’ami commun du jeune oisif et de l’artiste que la piste remontera jusqu’à elle ; sa vengeance s’accomplira aussi en prison.

Si on fait abstraction de certaines « anomalies »,  ce film signé François Truffaut est vraiment formidable.  On sent bien ici la référence à Hitchcock que Truffaut admirait sans détours.

De plus, il respecte le court roman de Cornell Woolrich, alias William Irish, écrivain de romans noirs pour qui Truffaut professait également une grande admiration. Truffaut fut d’ailleurs l’un des rares à assister aux funérailles de Woolrich, mort dans le dénuement ; c’est d’ailleurs grâce aux films de Truffaut qu’Irish fut connu en Europe.

jeanneTelle une héroïne de tragédie antique, Jeanne Moreau traque implacablement ceux qui ont fait son malheur ; elle n’exprime pratiquement aucun sentiment, à aucun moment ; elle passe de l’un à l’autre sans pratiquement l’ombre d’un sourire ou alors perfide et ironique. Elle est d’une froideur qui glace le spectateur.

Elle parvient à rendre sympathique un  personnage pourtant particulièrement marqué de noirceur ; elle est très émouvante et fragile sous sa détermination.

Une fois de plus, elle prouve son immense talent.

Ce qui est également épatant, c’est de retrouver d’excellents acteurs français tout à leurs débuts au cinéma : Claude Rich, le jeune oisif ; Michel Bouquet, l’employé étriqué ; Michel Lonsdale, l’élu local ; Daniel Boulanger, le garagiste véreux qui échappera presque à Julie, mais Ce serait oublier  sa détermination. Et enfin, le plus épatant pour moi, Charles Denner, l’artiste ; ce rôle précède « L’homme qui aimait les femmes » du même Truffaut, et Denner comme toujours est formidable.
Sans oublier Jean-Claude Brialy, charmant jeune homme, ami de Claude Rich,  qui sera intrigué par la présence chez son ami peintre de  cette femme qu’il a l’impression d’avoir déjà vue quelque part.

hacun d’entre eux confirmera son talent ultérieurement et ils deviendront tous des « grandes pointures » du cinéma français.

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Compte tenu de la noirceur de l’intrigue, j’ai été un peu surprise par la lumière qui émane du film ; je me suis demandé si c’était voulu … par contraste entre les actes de Julie  et la réalité provinciale. Cela donne à l’ensemble du film un côté un peu artificiel, heureusement rattrappé par l’excellent jeu des acteurs. Il semblerait que c’est le film que Truffaut appréciait le moins et revoyait avec peu de plaisir. Le suspense est cependant très bien construit, digne de son maître Hitchcock.

L’hommage à Hitchcock semble encore renforcé par la présence d’un compositeur qui signa quelques films du grand Hitch, Bernard Herrmann, mais qui travailla aussi avec Orson Welles sur ses émissions radiophoniques dont le célèbre « War of the Worlds » qui fit grand bruit. La dernière musique de film composée par Herrmann avant son décès fut celle de « Taxi Driver » de Martin Scorsese.

Ce qui m’intrigue fortement dans cette histoire, et c’est là qu’intervient ce que j’appelle certaines inconsistances » du scénario : "comment Julie a-t-elle pu retrouver les meurtriers de son mari, alors que même la police n’a rien fait ? "

Pour la petite histoire encore, il semblerait que c’est l’intrigue de « La mariée était en noir » qui aurait inspiré à Quentin Tarantino  son « Kill Bill ». Ne l’ayant pas vu, je ne peux confirmer cette anecdote.

En tout cas, pour les fans de François Truffaut qui n’auraient pas encore  vu « La Mariée était en noir », je le recommande vivement.

claude

jeanclaude

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