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mon bonheur est dans la ville
26 juillet 2009

WUTHERING HEIGHTS, de William Wyler

200px_Wutheringheights1939Un homme arrive dans le blizzard et frappe à la porte du domaine de Hurlevent ; il y est reçu, plutôt mal par le maître de maison Heathcliff. Lorsqu’on lui offre une chambre pour la nuit, une voix de femme le réveille ; il crie puis pense qu’il a rêvé. C’est alors qu’Heathcliff comme un halluciné se précipite dans la chambre et ensuite dans la tempête qui sévit.

Ahuri l’invité se retrouve dans le salon, face à Ellen Dean qui lui raconte l’histoire de Cathy et Heathcliff.

Un jour, son patron Mr Earnshaw revint de Liverpool en ramenant un gamin sale et en haillons, un jeune mendiant qu’il a pris en pitié et dont il a décidé de faire son fils adoptif.

L’enfant n’a d’autre nom que « Heathcliff ».

Le premier mouvement d’étonnement passé, Nellie suit les ordres du maître et s’occupe de l’enfant, pendant que Cathy la petite fille d’Earnshaw est intriguée par le jeune garçon et se prend d’affection pour lui. Par contre, Hinley Earnshaw, l’héritier du domaine, se met à haïr instantanément le jeune garçon dont il pressent qu’il a volé le cœur de son père, par des marques affectueuses alors que lui Hinley ne témoigne jamais d’affection à personne, imbu qu’il est de ses prérogatives de futur maître.

Pendant qu’il nourrit sa haine, l’affection entre Cathy et Heathcliff grandit ; ils sont inséparables et un ancien cairn est devenu leur château.

Lorsque Mr Earnshaw meurt, Hinley immédiatement se venge sur Heathcliff en l’obligeant à vivre désormais dans les écuries. Désormais Heathcliff ne sera plus rien d’autre qu’un garçon d’écuries vivant sous l’ironie et la méchanceté du nouveau maître de maison, dont l’amour pour le vin et l’alcool va grandissant.

Heathcliff et Cathy se retrouvent chaque fois qu’ils le peuvent dans la lande ; c’est là qu’ ils échangeront leur premier baiser d’amour, scellant définitivement une passion qui les consumera tous les deux.

Un jour que Cathy se blesse en observant une fête chez leurs voisins, les Linton, elle est invitée à y rester jusqu’à ce qu’elle aille mieux ; lorsqu’elle revient, Heathcliff lui reproche sa longue absence mais surtout ses nouveaux atours, sa nouvelle allure. Et elle lui reproche de ne pas vouloir être autre chose qu’un garçon d’écurie.

Il fuit mais pas longtemps, il est lié à Cathy, ils sont une seule et même personne ; elle-même se défait de ces vêtements trop beaux.

Pourtant lorsqu’Edgar Linton la demande en mariage, elle accepte et ce jour-là, Heathcliff part à jamais ; puisqu’elle lui reproche son manque de fortune, il ira la chercher ailleurs.

Gravement malade, c’est Linton une fois encore qui l’accueille et la soigne. Reconnaissante, Cathy l’épouse, persuadée que désormais sa passion est conjurée.

C’est alors qu’Heathcliff revient, riche, ayant racheté les Hauts de Hurlevent, laissés à l’abandon par HInley Earshaw, ruiné par les dettes de jeu.

Avec son retour, revient le malheur.

On a beaucoup écrit sur les « Hauts de Hurlevent », plaçant surtout cette histoire poignante sous le signe de la passion éternelle, quasi mystique, qui lie heathcliff et cathy.

Je ne placerais pas l’histoire sur ce plan-là uniquement ; c’est aussi pour moi l’histoire d’une vengeance implacable d’un enfant blessé par la vie et les hommes, mis au ban de la société en raison de sa condition sociale, de ses origines inconnues. Les bourgeois du 19ème siècle avaient des codes de société tellement rigoureux que le bonheur était pratiquement impossible ; c’est cela que raconte « Wuthering Heights », tout autant que l’amour impossible qui lie les deux protagonistes principaux.

Mais la vengeance d’Heathcliff n’est pas le seul moteur pathétique de l’histoire, il y a aussi celle de la jalousie quasi sordide d’Hinley, le fils arrogant et plutôt stupide de Mr. Ernshaw, dont la jalousie haineuse de l’enfance va évoluer au point qu’il ruinera sa vie et celle de ceux qui sont autour de lui.

vign_a_11433_hauts_de_hurlevent__les___1939___01c« Wuthering Heights » c’est l’histoire d’un acte de bonté qui se transforme en un acte d’amour pour l’une et en un acte de haine pour l’autre.

C’est évident dans le roman, c’est encore plus évident dans la première version cinématographique de l’histoire, surtout grâce au talent de Laurence Olivier.

Il est non seulement magnifique physiquement (j’ignorais qu’il fût aussi beau dans sa jeunesse), mais il interprète Heathcliff avec tellement de puissance qu’il est difficile d’en imaginer un autre après cette performance.

Il garde un masque implacable de froideur tout au long de l’histoire, sauf lorsqu’il pense à Cathy, lorsqu’il est avec Cathy. Alors seulement, il prend vie, il semble se mettre à respirer. Cela coupe littéralement le souffle de le regarder.

Par contre, j’ai beaucoup moins apprécié la performance de Merle Oberon, que l’on dit pourtant avoir marqué à tout jamais le rôle de Cathy Earnshaw.

Il est vrai qu’interpréter une petite fille, puis une jeune femme sauvage et exaltée, tentant de fuir un amour impossible, attirée par un monde où tout est basé sur l’apparence, donc la superficialité – ce que lui reproche d’ailleurs Heathcliff – exigeait une interprétation « en exagération ».

David Niven interprète avec d’une manière un peu superficielle le jeune Edgar Linton, fasciné par Cathy lui aussi, mais d’une manière plus en retenue, désireux de faire son bonheur ; il est vrai qu’il assume à ses propres yeux le rôle du « sauveur » de la demoiselle en détresse, malheureuse au sein d’un foyer sans amour fraternel et poursuivie par une passion qu’il désaprouve.

Il est pourtant aussi odieux à sa manière que Hinley Earnsham, en refusant la main de sa sœur à Heathcliff, parce que pour lui le jeune homme restera encore et toujours un garçon d’écurie, là où le relégua Hinley à la mort du père. La réussite matérielle d’Heathcliff n’effacera jamais ses origines pauvres et inconnues.

David Niven montre bien le visage de Linton : douceur et bonté en apparence, conventions sociales essentielles en réalité.

La superficialité de Niven est probablement due au fait qu’il n’aimait guère le personnage de Linton, et je le comprends parfaitement. Même si la manière de l’interpréter ne rencontra pas l’assentiment des critiques, je trouve que David Niven, avec son charme et sa manière un peu distante de l’interpréter, était un excellent Linton, bien en phase avec le roman.

11433__hauts_de_hurlevent_wylerJ’ai particulièrement apprécié l’interprétation de Geraldine Fitzgerald dans le rôle d’Isabelle Linton, elle aussi aveuglée par la passion pour Heathcliff, souhaitant se marier, échapper à la demeure fraternelle où sa belle-sœur règne désormais en maîtresse. Isabelle n’est pas dupe de ce que lui exprime Cathy à propos d’Heathcliff ; elle a compris la passion de celle-ci, mais Isabelle a décidé de n’en faire qu’à sa tête. C’est hélas le malheur qui l’attend ; Geraldine Fitzgerald exprime cela avec énormément de talent, passant de la jeune fille amoureuse à la femme désenchantée, jusqu’à en avoir son apparence physique transformée.

Très bonne interprétation également de Hugh Williams en Hinley Earnshaw, que le jeu et la boisson ruineront, comme ils ruineront son domaine. Il exprime parfaitement la haine qu’il ressent pour Heathcliff, mais aussi pour sa sœur.

Flora Robson interprète Ellen Dean (Nellie), celle qui raconte l’histoire au visiteur s’étant perdu dans la bourrasque hivernale, tentant de comprendre cet hôte étrange, taciturne et particulièrement odieux.

Robson fut une grande actrice et ici encore, elle le prouve, en racontant l’histoire de ces deux âmes-sœurs, destinées l’une à l’autre mais séparées par la haine et la société.

Leo G. Carroll est Joseph, un homme qui cite la bible sans arrêt, qui n’apprécie guère que son jeune maître boive, qui apprécie encore moins que le domaine fût racheté par l’ancien garçon d’écurie. Mais qui n’en laisse rien paraître, parce que toute sa vie Joseph a servi les autres, alors pourquoi pas celui-ci.

On trouve encore dans la distribution Donald Crisp, dans le rôle du médecin qui désapprouve aussi ce qui se passe. Ainsi que Cecil Kellaway (le papa de la jolie sorcière dans « I married a witch") qui interprète le père Earnshaw qui ne se doute guère qu’un moment de bonté de sa part attirera à ce point le malheur sur sa famille.

11433__hauts_de_hurlevent1William Wyler a choisi de ne raconter que la passion de Cathy et Heathcliff, résumant le roman de plus de trente chapitres en ne retenant que seize d’entre eux, escamotant par la même occasion deux autres personnages clés dans le roman : les enfants Linton et Heathcliff.

La cinématographie en noir et blanc de Gregg Toland lui valu un oscar et comme on le comprend ; la photographie du film est superbe, ajoutant puissance et intensité dramatique à l’histoire.

Un classique à découvrir.

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