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mon bonheur est dans la ville
19 juillet 2009

LA NUIT DU SERAIL, de Michel de Grèce

6_925750760_hovedNakshidil, Sultane-validé, a eu un destin hors du commun dont elle a de merveilleux souvenirs ; à présent que la voilà proche du terme de son existence, elle a envie de parler de cette vie.

Née Aimée Dubuc de Rivery en 1776 à Pointe-Royale en Martinique, elle partage la vie insouciante de "Yéyette" sa cousine. Un soir, elles décident de rendre visite à la mama-vaudou, un peu jeteuse de sorts, un peu diseuse de bonne aventure. A l’une des gamines, elle prédit qu’ "elle sera plus que reine" et Marie-Rose Josèphe Tascher de la Pagerie entrera dans l’histoire sous le nom de l’Impératrice Joséphine. A Aimée, la voyante prédit qu’elle sera aimée par un roi puissant d’un pays lointain.

Envoyée dans la France d’avant la Révolution afin de parfaire son éducation, la petite Créole de 15 ans est enlevée sur la route du retour par les corsaires ayant naufragé le bateau qui la ramène en Martinique. Esclave, elle est offerte en cadeau au Sultan Abdul Hamid. Dans le Sérail de Topkapi, Aimée devient Nakshidil. Elle est furieuse d’être enfermée dans un harem et ne peut se résigner à n’être qu’un simple objet de plaisirs, comme ses compagnes se jalousant, parfois mortellement, passant leurs journées à cancaner et se gâver de nourritures sucrées, sans avoir à penser.

Nakshidil finit par se prendre d’affection por le vieux Sultan et va, petit à petit, imposer son opinion jusqu’à en venir à jouer un rôle politique en devenant sa conseillère. A la mort, le sultan Selim III monte sur le trône ; il aime la petite Sultane qui lui rend cet amour, qu’il faut garder secret. Une fois encore elle jouera ce rôle de conseillère, incitant le nouveau sultan à adopter certaines réformes et abolir certaines coutumes désuètes, ce qui n’est pas du goût des conservateurs dérangés par ce "modernisme". Ils déposent Selim et mettent son cousin sur le trône. S’en suivent alors pour la jeune femme des années de disgrâce mais l’assassinat du cousin la ramène au premier plan, car Mahmud II, son fils adoptif, devient sultan et Nakshidil sera Sultane-validé, un titre des plus honorifiques.

La Nuit du Sérail, paru en 1985, est ce que je qualifie de typique roman de vacances grâce au décor qui projette le lecteur dans l’Istambul du 18ème siècle, sur le Bosphore, dans le Grand Bazar ou dans le Sérail du palais de Topkapi. On assiste à des incendies, on croise des populations hautes en couleur dans l’ancien Empire ottoman. Le roman est riche en complots, guerres, meurtres, jalousies et intrigues amoureuses ; il apporte une vue intéressante sur la vie au Harem, comment vivaient ces femmes enfermées à jamais, tentant par tous les moyens d’attirer les faveurs du sultan afin de mener une vie plus heureuse que leurs consoeurs tombées en disgrâce puis oubliées, recluses et esclaves. On peut toutefois reprocher quelques longueurs au livre compte tenu des nombreux détails, mais le dépaysement est garanti.

Il n’est pas totalement certain que l’histoire d’Aimée Dubuc de Rivery, devenue la 4ème Kadin de l’empereur ottoman et ayant adopté l’enfant d’une autre épouse, telle que nous la conte Michel de Grèce soit rigoureusement exacte, même s’il est vrai que des sources turques attestent que la sultane Nakshidil était bien d’origine créole, conservant sa propre religion et la transmettant à son fils.

Entre vérité historique et légende, La Nuit du Sérail est un joli voyage dans le temps et l’espace, écrit par un conteur hors-pair.

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