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mon bonheur est dans la ville
19 juillet 2009

QUEEN OF THIS REALM, de Jean Plaidy

0609810200“L’Angleterre n’aura jamais de plus grand roi qu’Elizabeth !”. C’est en ces termes prophétiques que la malheureuse Anne Boleyn présentera à Henry VIII sa petite fille nouvelle-née, devant la déception de ce dernier, tellement soucieux d’avoir un fils.

Ces paroles s’avéreront effectivement prophétiques puisque le règne d’Elizabeth Ier d’Angleterre fut non seulement très long mais fut aussi l’une des plus glorieuses et prospères périodes que connut l’Angleterre. « Gloriana » comme on l’a souvent surnommée conduira le pays à la grandeur, les arts, le théâtre, se développeront sous son règne. De sa jeunesse enfermée à la Tour de Londres, pour complot contre sa très catholique sœur Marie Tudor, Elizabeth se commémorera cette période de terrible intolérance religieuse dont souffrit son pays et elle tentera d’éviter les mêmes pièges, essayant de maintenir une relative paix entre les deux factions et de faire cesser les bains de sang. Elle fut une reine qui aima son peuple qui le lui rendit bien. Elle était une jeune femme érudite, intelligente, à l’esprit vif et autoritaire, qui exigeait une absolue loyauté à sa personne.

« Queen of this Realm » est l’une des multiples biographies des Reines d’Angleterre que l’auteure Jean Plaidy écrira sous la forme d’un journal intime. La reine, arrivée à la fin de sa vie, y parle de son enfance privée de mère pour cause de trahison à la couronne et à Henry VIII, un fait toujours pas avéré à ce jour ; il est vrai que « Barbe-Bleue », vite lassé de ses épouses avait une manière plutôt expéditive de se débarasser d’elles. La malheureuse enfant connut bien peu de douceur et de tendresse, certainement pas de la part de son capricieux père toujours prompt à changer d’humeur. Elizabeth y parle aussi de son grand amour, Robert Dudley, comte d’Essex qu’elle ne put jamais épousé ; marié, Essex ne pouvait divorcé et lorsque mourut son épouse, les bruits ayant couru sur l’empoisonnement de la jeune femme ternirent quelque peu la réputation de la reine. Dans cette version de sa vie, la reine souffre d’avoir eu à faire emprisonner et exécuter sa jeune cousine Marie Stuart. Elle relate avec force détails l’épisode de l’Invincible Armada, qui la rendit encore plus populaire auprès du peuple anglais. A l’instar du règne de ce personnage qui a inspiré le livre, « Queen of this Realm » est un livre long et intéressant, difficile à résumer, mais qui vaut d’être découvert. La « Reine Vierge » est certainement l’un des personnages historiques parmi les plus adulés, parfois controversée mais surtout une véritable icône. Elle fut réellement ce « grand roi » qu’avait prédit sa mère.

De son vrai nom, Eleanor Alice Burford-Hibbert, Jean Plaidy écrira sous ce pseudonyme une multitude de biographies romancées consacrées aux Reines d’Angleterre et d’Ecosse.

Peu connue de ce côté-ci du Channel, Plaidy fut en son temps l’une des écrivains historiques parmi les plus populaires même si les puristes trouvent parfois à redire sur la véracité de certains détails et considèrent ces romans comme « faciles » ; peut être qu’il y a 50 ans, époque où les romans furent écrits, on ne disposait pas encore de tous les résultats des recherches historiques dont on dispose actuellement. Ceci dit, auteure prolifique, Jean Plaidy écrivit plus de 80 romans historiques fort passionnants d’un style romancé qui, étonamment, n’a pas vieilli quoiqu’en disent les esprits chagrins mais néanmoins savants.

Lectrice avide, elle adorait collectioner des tas d’ouvrages historiques poussiéreux et souvent assez ennuyeux pour en extraire les sujets qu’elle transformait en personnages pleins de vie et de passion, qui plurent tant à ses lecteurs pendant plus de quarante ans.

Jean Plaidy avait une manière très saine et pleine d’humour de considérer ce que l’on disait de ses ouvrages ; elle n’hésitait pas à dire que pour elle, il était plus important d’amuser et captiver ses lecteurs et lectrices que de lire les critiques littéraires pas toujours tendres avec elle, mais comme elle le disait si joliment « les critiques n’aiment pas vraiment s’amuser ».

Personnellement, je lui dois d’avoir très tôt dans ma « longue » vie de lectrice suscité en moi un intérêt passioné pour l’Histoire, dans laquelle je suis entrée de plein pied par la petite porte mais dont je savoure encore aujourd’hui tous les plaisirs de la découverte, à la fois par le biais de documents historiques « sérieux » et par le biais du petit bout de la lorgnette.

Nul n’a jamais reproché à Maurice Druon d’avoir complètement « détourné » l’histoire de France et d’Angleterre pour la passionnante saga en 7 volumes des « Rois Maudits », de même que l’on considère que la vie d’Alexandre le Grand par Valerio Manfredi est un chef d’œuvre de littérature historique ; de plus le Dumas écossais, Nigel Tranter opérait de la même manière avec les héros de l’Ecosse, je ne vois dès lors pas pourquoi on mépriserait une auteure qui raconte si joliment la vie des reines de son pays.

En dehors de ce pseudo-là, Jean Plaidy (actuellement tombée dans l’oubli) connut son heure de gloire dans les années 50-60 sous le nom de plume de Victoria Holt, auteure d’une longue série de romans dans le plus pur style « gothique », certains d’entre eux étant dignes des thrillers actuels.

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