Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mon bonheur est dans la ville
19 juillet 2009

ELIZABETH OU LA DEROBADE AMOUREUSE, de Thilde Barboni

257Intimité d’une reine.

 

Elizabeth, un règne d’exception, une souveraine exceptionnelle, une jeunesse vécue à trembler dans la crainte d’être exécutée pour trahison, une femme à l’intelligence hors du commun, qui vécut dans le souvenir d’Anne Boleyn, cette mère injusterment accusée d’inceste, d’adultère, de sorcellerie et exécutée, ou plutôt assassinée, par un époux capricieux, jouisseur, vite lassé d’une femme qui se voulait son égale.

 

Parce qu’elle ne voulut pas subir la loi des hommes, d’un homme par mariage, parce qu’elle voulait le pouvoir, tout le pouvoir, Elizabeth choisit de ne pas se marier, de ne pas s’abandonner, se donner totalement à l’amour. A cela, elle préféra les jeux amoureux, découvrant rapidement sous les promesses de ses favoris le calcul évident, le regard vers cette couronne et ce trône très convoités. Elle ne se faisait guère d’illusions sur les courtisans, ses « mignons » prêts à accepter des caresses, des propos paillards, sa façon de souffler le chaud et le froid, dans l’espoir fugace d’être « élu » comme favori.

 

180px_Elizabeth_I__28Armada_Portrait_29Elizabeth, femme forte dans ce monde d’hommes ambitieux et calculateurs, n’eut pour seuls vrais amis Lord Burghley, Francis Walsingham, John Dee, trois hommes qui aimaient l’Angleterre autant que leur souveraine, qui firent tout pour la protéger, la conseiller. Ils furent les seuls qu’elle écouta pour cette raison.

 

Elle ne fut pas non plus sans défaut, au contraire ; elle se paraît de joyaux, de soieries ; elle avait hérité de son père le goût de l’éclat, des parures. Elle n’aimait guère être contrariée, lorsque des décisions graves devaient être prises elle tergiversait, elle aimait retourner la situation comme si d’autres lui forçaient la main, ainsi agira-t-elle dans la condamnation et l’éxécution de Marie Stuart, victime consentante de complots pendant son emprisonnement à Fotheringay.

 

Les colères d’Elizabeth étaient mémorables ; elle effrayait la cour par leur violence, tous redoutaient ce qui risquait de s’en suivre (emprisonnement, exil).

 

Mais le règne d’Elizabeth fut bien plus que tout cela, que des pitreries propres aux souverains. Elle fut la plus grande souveraine de la Renaissance, elle fit de l’Angleterre un grand pays et pendant plus de quarante ans ce pays vécut sans guerre civile malgré les complots de la faction des catholiques inféodés à Rome et au pape.

 

Je suis une admiratrice inconditionnelle d’Elizabeth Ière d’Angleterre, mais aussi dans une certaine mesure d’Anne Boleyn, ambitieuse, intelligente qui commit l’erreur de se vouloir légale d’un roi, qui faillit à lui donner un héritier mâle. Sa fille héritera et de ses ambitions, et de sa vive intelligence, tout en se souvenant des erreurs commise par sa mère.

 

Je suis également sous le charme de l’écriture de la romancière belge Thilde Barboni et de la manière dont elle a présente la souveraine la plus illustre de l’Angleterre. Dans le premier et le dernier chapitres, l’auteure cède la parole à Elizabeth, jeune femme d’abord, à la vie constamment menacée par les conseillers de sa demi-sœur, Marie Tudor la Sanglante ; à la fin de sa vie, la femme vieillissante évoque la fin de son règne, ce vieux corps qui ne lui obéit plus. Entre les deux chapitres, la parole est à l’historienne qui dresse un portrait que l’on sent plein d’admiration et pourtant sans complaisance de celle dont sa mère disait à sa naissance « L’Angleterre n’aura jamais de plus grand roi qu’Elizabeth ».

 

Lorsqu’elle donne la parole à la reine, Thilde Barboni m’a fait penser au livre de Jean Plaidy « Queen of this Realm » ; parfois son style d’écriture m’a aussi évoqué celui de Jacqueline Harpmann (dans « la Dormition des Amants »), mais ces comparaisons n’ont pas pour but de diminuer le talent d’écrivaine de Thilde Barboni ou de l’enfermer dans des comparaisons réductrices.
Elle est une romancière brillante, au vocabulaire riche, utilisant des phrases courtes rendant le style vivant et dynamique.

 

Un vrai plaisir de lecture, un livre que je recommande chaudement aux amatrices/teurs de textes bien écrits et de romans historiques, car bien qu’écrit sous forme de roman, ce livre est fort précis historiquement parlant.
Et puis, je l’avoue, j’ai une préférence pour les auteur(e)s qui brossent des portraits positifs d’Elizabeth Ière et d’Anne Boleyn, sans pour cela cacher leurs travers, au contraire de Philippa Gregory qui semble réellement les détester et prend un malin plaisir à les décrire comme de réelles succubes ; elle en fait presque une affaire personnelle de les noircir tant et plus, à tel point que je me demande si elle n’a pas quelqu’ancêtre parmi les ennemis de ces reines.

150px_El_bieta_I_lat_13  180px_Elizabeth_I_of_England___coronation_portrait  262px_Elizabeth_I_Rainbow_Portrait  200px_Elizabeth1England

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 85 249
Archives
Derniers commentaires
Publicité