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mon bonheur est dans la ville
17 juillet 2009

LA CHINE SOUS TOIT

La_Chine_sous_toitOu 2000 ans d’architecture à travers les modèles réduits du musée de HENAN

Je viens de voir une exposition que je n’hésite pas à qualifier de « magique » tant elle est intéressante, époustouflante et particulièrement joliment présentée au musée d’art et d’histoire du Cinquantenaire.

L’art chinois m’est peu connu ; bien sûr j’aime beaucoup la peinture chinoise qui m’interpelle particulièrement par l’aquarelle et qui parfois m’inspire. Je connais un peu la calligraphie mais n’ose pas vraiment me  lancer dans cet art millénaire mais particulièrement difficile : mal tracer – ne fut ce que très légèrement – un pictogramme et vous risquez de dire exactement le contraire de ce que vous souhaitez ! C’est dire si c’est risqué !

Je connaissais l’art de la céramique, destiné aux temples.

Mais là je suis le souffle coupé par la beauté et la délicatesse de ce que j’ai découvert : l’art funéraire chinois.

Sans exagérer, la beauté de l'exposition m'a mis les larmes aux yeux.

r1625_2_mL’exposition est le résultat d’une collaboration entre le musée du Henan à Zhengzhou dans le nord de la Chine et présentée en toute première vision à Bruxelles ; effectivement jamais auparavant ces petits chefs d’œuvre n’avaient été présentés en Europe.

A côté d’un intérêt artistique incontestable, l’expo permet de découvrir l’histoire de la vie quotidienne et architecturale de la Chine = modèles réduits d’habitations, avec cuisines et dépendances, moulins, puits, porcheries, même latrines.

Cette conception de l’au-delà pour les Chinois a été découverte dans des tombes de notables.

Mais à côté de la fonction nettement rituelle des objets enterrés avec le défunt, c’est la préservation et la beauté des objets qui me laissent littéralement sans voix. Je savais que la terre préservait bien les objets, mais là c'est pratiquement à l'état neuf.

893_photo1Par ailleurs les commentaires ajoutés auprès des objets afin d’en expliquer la fonction m’ont permis de découvrir bien des éléments intéressants de l’architecture chinoise. Je vais tenter d’en reproduire quelques détails dans mon résumé, j’espère être fidèle à l’intérêt de ce que j’ai vu, lu et noté dans le petit calepin que je traîne toujours avec moi. Tout le crédit de ce qui suit revient bien sûr aux organisateurs de l'exposition.

En Chine ancienne, un individu conservait son identité et son statut officiel dans l’au-delà ; que l’habitat fût élégant ou modeste, il suivait en modèle réduit le défunt en terre. Certaines maisons étaient en polychromie, pour indiquer les 4 points cardinaux, sur le toit on retrouve bien souvent un oiseau vermillon – ce volatile mythique est un signe de bon augure, il représente l’élément Feu, le Sud, et protège la maison contre l’incendie.

Les palais, les maisons, les villes sont protégés de hauts murs ; dès la préhistoire apparaissent des  maisons en structure de bois. Sous la dynastie des Han, on assiste à une grande avancée technique, la construction comprend alors une ossature ; certains bâtiments sont à plusieurs étages, avec tours.

Les tuiles sont très joliment décorées de motifs tels les oiseaux et des éléments de la nature stylisés ; d’autres animaux également comme les 4 animaux sacrés (phénix, le tigre qui est un animal bénéfique chez les Chinois, le cerf qui est symbole de renaissance, et le cheval).

Plusieurs modèles ont une taille impressionnante, de véritables palais ou grandes fermes avec les étables entourées de murs, qui étaient apparues en Chine septentrionale.

Devant des bâtiments on aperçoit un chien montant la garde ; les bergeries sont remplies de moutons ; ici c’est un chien harnaché, attendant son maître pour partir à la chasse ; comme ailleurs ce sont des chevaux prêts à être attelés à une voiture.

D’autres bâtiments sont ceux des commerçants, avec balcons, terrasses, galeries, tous relevés de décors polychromes qui ont dû être de toute beauté.

Parfois on aperçoit un personnage (fermier, commerçant).

Les maisons à étages possèdent un perron ; les fenêtres du  rez-de-chaussée ont un treillis de pierre destiné à tempérer la chaleur du soleil ;

Les résidences des notables et des princes sont entourées de murs afin qu’on ne puisse regarder à l’intérieur des maisons ; il est aussi une protection contre les mauvais esprits, un arc de triomphe est planté devant l’entrée, symbole de modération, vertu, honneur.

A partir de l’époque Han, il était commun d’élever les 6 animaux « utiles » = mouton, cochon, bœuf, cheval, chien, volaille en plus de l’élevage du ver à soie. Ce sont les principales activités des familles chinoises.

Le bœuf est traditionnellement la bête de somme et a aussi un rôle sacrificiel. Cet animal joue toujours un rôle de premier plan dans l’agriculture chinoise. Le char à bœufs est le véhicule usuel des campagnes, et l’est resté jusqu’à la fin du 20ème siècle. Les roulottes bâchées tirées par des bœufs étaient très confortables pour circuler sur les routes de campagne.

Ici on découvre un puits, avec un dessin illustrant le double symbole de l’eau = étancher la soif des hommes et des animaux, et éteindre le feu.

Ici encore ce sont des scènes du travail à la ferme qui captent le regard du visiteur : figurines féminines occupées au tamisage du grain. Le moulin à main ou la meule actionnée par un animal servent à décortiquer les grains.

Sous les Han la région,  qui est actuellement la province du Henan, était le deuxième plus grand producteur de grains = millet, froment, orge, fèves, permettant des semailles alternées.

Les entrepôts, en modèle réduit, reproduisent fidèlement le modèle « vrai », recouverts par le toit en ressaut afin de protéger les grains  de la pluie et du soleil (incendie).

Les grands propriétaires terriens aimaient les pavillons à tours, tout comme les souverains, ainsi que des pavillons à eau.

L’intérêt des tours étaient de pouvoir faire le guet et se défendre en cas d’attaque.

Les pavillons sur eau étaient plus courants en temps de paix ; ils sont reproduits avec canards et poissons ; ils servaient au divertissement et au repos.

Dans les pavillons-tours se tenaient les fêtes, qui avaient une fonction sociale et politique importante. La signification des tours est magico-religieuse : c’est un élan vers le ciel, c’est le lieu de prédilection pour un contact avec le monde des immortels.

Les fêtes comportaient des divertissements tels le théâtre, la musique, la danse, très enracinés dans la tradition religieuse chinoise et étaient basés sur les pratiques chamaniques.

Les grandes fêtes inauguraient une nouvelle période, comme le nouvel an, les saisons ; elles étaient prétexte à banquets, où l’on assistait à des concerts, des acrobates et des jongleurs amusaient entre les plats, mais surtout s’y produisaient des bouffons très prisés par la noblesse et les souverains. L’empereur lui-même s’amusait fort de leur humour très trivial. Les bouffons étaient le clou du spectacle et certains sont devenus fort célèbres et fort riches.

Tout ce petit monde est représenté en terre cuite afin d’être enseveli avec le défunt.

Dans la miniaturisation des habitats de la Chine ancienne, ne sont pas oubliés les bâtiments religieux tels le stûpa, la pagode.

Le bouddhisme de l’Inde s’est diffusé en Chine dès les premiers siècles de notre ère.

La stûpa est le monument le plus important ; d’abord il n’était qu’une demi-sphère (reliquaire), ensuite il devint une tour (c’est ce qu’en occident on a appelé « pagode ») et qui sont des temples.

Sous les Ming et les Qing, les toits deviennent réellement des éléments décoratifs à part entière ; ils sont rehaussés d’éléments en couleurs destinés à la protection de l’édifice. On y représente des animaux fabuleux = tigre, phénix, tortue, dragon qui représentent les points cardinaux.

Chaque animal a sa couleur et sa signification propres =

  1. tigre = blanc, automne, ouest

  2. dragon = bleu, printemps, est

  3. oiseau = vermillon, été, sud

  4. tortue = noir, hiver, nord

C’est à cette époque que la céramique architecturale connaîtra un grand essor.

Des fresques sur le toit représentent le dragon qui règne sur les ciel et les eaux, au revers figure l’oiseau mythique « fenghuang », symbole de paix, bonheur, prospérité, qui est aussi l’emblème de l’impératrice.

Les reproductions en terre cuite des maisons des défunts étaient tellement coûteuses, ruinant même certaines familles ou du moins les mettant en difficulté, qu’elles furent remplacées par un modèle en papier découpé, en couleurs très vives. Elles sont alors brûlées, l’esprit du mort est en paix. La tradition se poursuit encore de nos jours.

52177_52177En résumé, ce sont 200 reproductions d’habitation, temples, étables, puits, animaux, objets, personnages, ainsi que fragments d’objets que l’on peut découvrir et admirer. C’est comme je l’ai dit dans l’introduction, époustouflant et extraordinaire de beauté et d’intérêt architectural véritable car je n’ai relaté que ce qui m’a le plus passionnée : les scènes de la vie quotidienne, le côté artistique et le symbolisme religieux, mais il y avait bien d’autres choses à noter sur la conception architecturale proprement dite.

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