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mon bonheur est dans la ville
14 juillet 2009

LA GUERRE DE LA VACHE

916Mais quelle histoire pour une vache !

Les hommes ont toujours cherché de vains prétextes à leurs guerres. Ils rasèrent Troie pour une histoire de mari cocu; un illuminé à qui dieu aurait parlé a déclaré la guerre pour des raisons d'armes cachées, tellement bien cachées qu'on en est venu à se demander si elles avaient jamais existé. Donc il y a les guerres mondiales, les guerres de religion, les guerres économiques, territoriales etc.  Et en Belgique on a "La Guerre de la Vache" !

Les dates concernant ce conflit typiquement belge ne sont guère précises; d'aucuns la situent de 1275 à 1278; d'autres de 1272 à 1274.
Mais chacun s'entend à dire que le conflit fit près de 15.000 morts et détruisit plus de cent villages, dévastés, pillés, incendiés, sans parler des champs ravagés.

Les foires ou "fehtes" comme on disait dans le Condroz étaient très populaires au Moyen-âge, comme dans tous les pays d'ailleurs. Elles étaient luxuriantes et drainaient beaucoup de monde tels des marchands de bestiaux, des baladins, des marchands d'étoffes précieuses et épices. Mais aussi quelques autres personnages nettement moins recommendables.

Adoncques, une fehte se prépara dans le joli pays d'Andenne, où le comte de Namur et Flandre, Guy de Dampierre, organisa un tournoi.

Un paysan de Jallet y amena un vache, qui avait été volée quatre jours auparavant à Ciney, village dépendant en ce temps-là du beau pays de Liège. Le Cinacien qui s'était rendu à la foire d'Andenne dans l'espoir d'y retrouver son bestiau, fut tout content de la retrouver et s'en fut signaler le voleur au bailli Jean de Halloy.

Comme ni Andenne, ni Ciney ne dépendaient de sa juridiction, le bailli usa d'un subterfuge pour arrêter le voleur, lui promettant amnistie s'il ramenait la vache à son légitime propriétaire. Le voleur qui crut ses paroles (depuis quand croit-on la gent d'armes ?) fit comme on lui dit et le bailli, revenant sur sa parole, le fit arrêter par ses gens  et pendre haut et court !

Le moins que l'on puisse dire est que cela ne plut guère au seigneur de Jallet, d'autant plus que Jean de Goesnes briguait le poste de bailli du Condroz à la place de Jean de Halloy. Le seigneur de Goesnes organisa donc une petite expédition punitive, on n'allait tout de même pas laisser ces gueux faire la loi ! Il était accompagner des seigneurs de Celles et Spontin; ensemble ils détruisirent le château de Halloy qui aussi sec riposta en allant incendier les terres de Goesnes.
Ce dernier s'en alla pleurer dans le giron de Guy de Dampierre, comte de Namur et Flandre, qui engagea dans le conflit  - histoire d'être un peu plus nombreux à s'amuser  - le Luxembourg, puisqu'ayant épouse Isabelle de Luxembourg, ces terres lui revenaient. Et tant qu'à faire, Dampierre fit aussi appel à sa mère, Marguerite de Flandre.

Liégeois, Namurois, Brabançons et Luxembourgeois s'engouffrèrent donc dans une bataille qui tourna rapidement à la guerre, les uns soutenant le prince-évêque de Liège, les autres le comte de Namur.
Namurois et Luxembourgeois firent donc le siège de Ciney où les défenseurs furent brûlés vifs dans l'église (une technique hautement populaire apparemment en temps de guerre !).

Les Hutois et les Liégeois, compatriotes des Condruziens, entrèrent alors dans le conflit. Les uns assiégèrent le chateau de Beaufort, alors que les Liégeois bloquèrent Fallais. Le seigneur de Fallais se rendant compte du péril fit hommage de sa seigneurie au duc de Brabant, tandis que les seigneurs de Jallet et Beaufort se placèrent  sous la suzeraineté de Dampierre.

Toutes ces factions se liguèrent pour aller ravager l'évêché de Liège, mais les milices liégeoises et hutoises en profitaient pendant ce temps là pour mettre le comté de Namur à feu et à sang. Devant la coalition formée pour soutenir Guy de Dampierre, les Liégeois levèrent le siège de Fallais et Dampierre en profita pour aller dévaster le pays de Warnant qui fut livré au pillage et aux flammes. Les Liégeois, furieux du massacre des habitants brûlés vifs dans l'église (quand on vous le disait !), un lieu en principe considéré comme ultime refuge des assiégiés, les Liégeois donc en guise de représailles s'en allèrent saccager tout un canton, soit plus de trente villages, à Randache.
Les Dinantais de leur côté, vassaux du prince-évêque de Liège, pillèrent toute la contrée du sud de Namur.

Si cette guerre se fût poursuivie, c'est la Belgique entière qui aurait été ravagée et ruinée.
Heureusement on finit par réfléchir à un possible arbitrage afin que le conflit puisse prendre fin avant qu'il ne reste plus personne, sauf peut être les vaches ... quoique ...

C'est l'intervention du roi de France, Philippe le Hardi, qui fit que les choses rentrèrent dans l'ordre comme avant la fameuse "fehte" où l'on était censé s'amuser joyeusement. 15.000 avaient péri dans l'entretemps, plus de cent villages étaient dévastés.
Quelle foire pour une vache !

Cette guerre, commencée pour un ridicule petit prétexte, est probablement l'une des plus caractéristiques des querelles de droit féodal provoquant à l'époque de sanglantes luttes entre les populations soumises à des suzerains différents de par leur situation.
D'ailleurs, à la même époque, la Hesbaye fut ravagée par la Guerre des Awans et des Waroux, mais cela - comme le disait Kipling - est une autre histoire.

Actuellement, la "Guerre de la Vache" est devenu un très joli circuit d'environ 120 kms, que l'on peut découvrir soit en voiture, ou à vélo, ou encore par tronçon en randonnées pédestres. Le GR575 y a balisé un circuit que l'on peut découvrir en tout ou partie.

La route de la "Guerre" circurle dans la bien jolie Vallée du Samson, passe par Crupet, Jallet, Goyet, Celles, Spontin, etc.

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