THE HANDMAID'S TALE, de Margaret Atwood
Titre français = la Servante Ecarlate
Quelque part dans un futur imprécis, dans ce qui était avant les Etats-Unis – après une guerre civile, une nouvelle société se définissant comme les « Fils de Jacob » (ancien testament) ont créé Gilead, un monde nouveau, où les femmes n’ont plus aucun droit, même pas celui de lire, car comme l’a dit l’un d’entre eux = « on n’aurait jamais dû les autoriser à lire, à s’éduquer, elles seraient toujours restées soumises » !
Ce monde nouveau, cette dictature théocratique est totalement répressive à l’égard des femmes en général – elles sont divisées en Epouses (les femmes des commandants), les Marthas (gouvernantes/servantes au sein des foyers des commandants), les Tantes – celles qui doivent ré-éduquer ces filles perdues qui prenaient la pilule ou pire (avortement) et les Servantes écarlates.
Toutes portent des vêtements-uniformes adaptés à leur condition = les épouses, en bleu marial, les marthas habillées de vert, les servantes écarlates, habillées de rouge comme Marie-Madelaine la pécheresse, ces femmes perdues, heureusement rééduquées par les Tantes, vêtues de brun.
Il y a aussi les épouses des hommes de grade inférieur, elles sont habillées d’un vêtement reprenant des rayures aux trois couleurs.
Et il existe encore une « race » de femmes habillées de gris, qui sont des laissées pour compte = trop âgées ou non fertiles, qui sont envoyées dans ce sont les « colonies », les terres empoisonnées par les guerres et les pollutions diverses – ces femmes, ces « non-femmes » doivent nettoyer ces terres, elles y meurent pour la plupart après un certain temps de travail.
Offred est une « servante écarlate » - une jeune femme ayant prouvé qu’elle était fertile puisqu’elle a une petite fille, qui lui a été enlevée. Après avoir subi une éducation (lavage de cerveau), elle a été assignée au commandant Frederick Waterford, d’où le nom d’Of-Fred – lorsqu’elle sera assignée à un autre foyer elle sera « Of-… » selon le nouveau commandant.
Offred, qui s’appelait peut-être June dans sa vie d’avant, a fui avec Luke son mari et Hannah leur petite fille ; est ce suite à une dénonciation ou parce que les surveillances avaient été renforcées, ou parce que leurs papiers, qui étaient faux, avaient été détectés comme tels ?
Elle a été attribuée au foyer des Waterford, l’épouse Serena Joy éprouve de la rancune pour ces femmes, mais n’ayant pu produire un/e héritier/ère, elle est obligée d’accepter ce type de femme dans son foyer – elle soupçonne son mari d’être stérile, comme d’ailleurs d’autres commandants – c’est pourquoi elle encouragera Offred d’avoir des relations sexuelles avec Nick, leur chauffeur.
Fred Waterford est un faible, et comme tous les faibles, un hypocrite – sans que son épouse le sache, il fait venir Offred dans son bureau pour y jouer au scrabble ; il possède aussi des magazines « d’avant ».
Il ira même jusqu’à l’emmener dans un lieu connu seulement des commandants, où ces derniers fréquentent des femmes devenues des « jezebels », des prostituées de luxe où Offred retrouvera son amie Moira, qui avait tenté de fuir – ça ou la mort, Moira a choisi cette solution-là, de toute façon elle se considérait comme déjà morte.
A chaque moment de leur cycle menstruel, les servantes écarlates doivent subir la cérémonie = le moment où elles sont fertiles, elles doivent se soumettre au commandant, dans les genoux de l’épouse – un viol obligatoire, impossible d’y échapper sous peine d’être envoyée aux colonies.
L’histoire d’Offred suit les pensées de celle-ci, entre présent et passé, dans cette chambre où elle est isolée du monde en attendant le jour de la cérémonie – elle est méprisée par la gouvernante Rita, qui estime qu’elle n’est qu’une prostituée.
Cette société est monstrueuse = des exécutions publique par pendaison ou lapidation sont des événements propres à effrayer les « servantes écarlates » et d’autres personnages. Offred apprend l’existence d’un mouvement de résistance, nommé « Mayday », dont l’une de ses compagnes (Ofglen) faisait partie et l’incitait aussi à se joindre à eux – puis Ofglen a disparu, du moins celle que connaît Offred et remplacée par une autre jeune femme en qui il vaut mieux ne pas avoir confiance.
Car lorsqu’une camionnette noire s’arrête devant votre maison, les « Yeux », ceux qui surveillent tout le monde et les exécutent, votre sort est réglé.
Mon avis = excellent, je dirais « évidemment » - mais aussi un avis quelque peu effrayé par cette société dont certains éléments commencent à ressembler à la société actuelle dans certains pays.
Margaret Atwood, qui a revendique son féminisme, a écrit cette dystopie, publiée en 1985, en s’inspirant de la théocratie en Iran, après leur révolution religieuse. Elle prouve aussi que les premières personnes à souffrir en un temps de précarité du travail ou dans une dictature ou régime totalitaire sont les femmes – et elle n’a pas tort puisque le nouveau président italien par exemple a décidé de payer les femmes pour qu’elles restent chez elles et aient des enfants.
Mon résume, selon moi, ne fait pas totalement honneur à ce roman que tout le monde devrait lire, parce qu’il est très vaste – dans le tout dernier chapitre, qui est en fait une conférence à une époque où enfin Gliead a disparu et où enfin une société humaine a émergé.
Ce dernier chapitre explique que l’histoire d’Offred a été trouvée sous forme de cassettes et on leur a donné le titre de « The Handmaid’s Tale », comme les Contes de Canterbury de Chaucer.
C’est en tout cas écrit dans un très bel anglais – sans temps mort, une lecture dont on ne sort pas avec optimisme hélas, car comme beaucoup d’écrivain.e.s de science-fiction, Margaret Atwood est visionnaire.
J'ai cependant mis longtemps à le lire, car l'histoire est longue et lente, et j'avais envie de temps à autre de me sortir de cette société que je redoute énormément.
Une chose est certaine, les livres, la lecture, l’éducation sont des « armes » qui effraient tous les dictateurs du monde entier – et pas uniquement du monde actuel = je pense à la renaissance avec Savonrole, qui non seulement fit brûler des écrits, mais aussi des œuvres d’art jugées indécentes – et bien sûr Hitler.
Atwood vient d’annoncer qu’elle écrit une suite à son roman, suite qui sera publiée cette année.
Le roman a été adapté une première fois au cinéma par Volker Schlondorf – scénario écrit par Harold Pinter – une excellente adaptation, que j’ai pu découvrir grâce à une amie qui m’a offert le dvd.
Et je ne dois évidemment pas rappeler que l’adaptation télévisée en est à sa 3ème saison – j’ai regardé la 1ère saison, fidèle au roman – la 2ème s’en éloigne déjà un peu paraît-il, quant à la 3ème saison elle exploitera la vie des personnages avant Gilead.
d'autres avis sur le roman = liliba, critiquesLibres, babelio, karine-moncoinlecture,