LES LIAISONS DANGEREUSES 1960, de Roger Vadim

Adaptation moderne du roman homonyme de Choderlos de Laclos

Scénario de Roger Vadim, Roger Vailland, Claude Brulé
Dialogues de Roger Vailland

Musique de Thelonius Monk, interprétée par lui-même et ses musiciens – participation d’Art  Blakey’s Jazz Messengers

Le jeu d’échecs du générique est l’œuvre de l’artiste TIM (dessinateur caricaturiste et sculpteur)

Film TOTALEMENT interdit à sa sortie en France, ensuite l’interdiction fut muée à l’intention de moins de 16 ans

Le séduisant diplomate Valmont et son épouse Juliette (née Merteuil), jeunes, riches et beaux, sont la coqueluche des soirées parisiennes – dès qu’ils paraissent les langues vont bon train sur ses qualités à elle, fidèle, élégante, compréhensive, prête à tout pour assurer la carrière de son époux diplomate. Lui,  volage au-delà de toute décence, qui ne doit son succès professionnel qu’à son épouse.

 

Ce que tout le monde ignore, c’est le jeu pervers qui les unit = jouer au jeU de la séduction/destruction, jouer avec les sentiments des autres, prendre et jeter celles et ceux qui se sont donnés. Ils poussent l’orgueil à se raconter leurs conquêtes et la manière dont ils les ont traitées – l’excitation qu’ils en retirent maintient leur couple, les amusent énormément.
Ils sont d’un cynisme à toute épreuve.

Juliette pour l’instant a dans ses filets Prévan, ami de Valmont, et qui pourrait l’aider à obtenir un poste à New York ; Juliette lui promet d’être à lui lorsque le poste sera certain.
Par ailleurs, elle a appris que sa jeune cousine Cécile Volange doit épouser un certain Jerry Court, homme d’affaires richissime qui s’est « permis » de quitter Juliette – elle demande donc à son époux de séduire Cécile pour « embêter » Court. Cécile, pour sa part, aime un jeune polytechnicien, Danceny, encore aux études et qui refuse de l’épouser pour cette raison.

Tout doit se passer à Megève où Juliette rejoindra son époux pour les fêtes du nouvel-an. C’est alors qu’elle est encore à Paris qu’elle reçoit une lettre de Valmont lui expliquant qu’il vient de rencontrer la « pureté », la « vertu à l’état pur » en la personne de la belle Danoise, Marianne, épouse fidèle d’un jeune avocat. Juliette pressentant le danger exige que cette beauté pure soit conquise, puis abandonnée immédiatement après, comme les autres.
Au jeu de la séduction perverse, il arrive que l’on s’y perde – Valmont pour la première fois est amoureux d’une autre que son épouse. Ils ont trop joué avec les autres, à présent à eux de souffrir.

 

J’ai toujours apprécié cette adaptation assez fidèle au roman de Laclos par Roger Vadim & Roger Vailland – bien sûr avec sa réputation de réalisateur sulfureux ( !!!! – ok on est à la fin des années 1950, coincées comme tout), il n’est pas étonnant que le film ait été à l’index à sa sortie, c’est à hurler de rire lorsqu’on voit ce qui sort désormais, pratiquement sans censure, sur les écrans.
C’est Vailland qui suggéra de faire du couple Valmont-Merteuil un couple marié, pour accentuer l’effet « piquant » et pervers de leur relation.

Gérard Philipe est comme toujours parfait, face à une Jeanne Moreau aussi parfaite que lui.
Dans ce mariage (qui deviendra assez « classique » dans les années 1970 sous la forme du « open mariage ») et ce face à face qui n’est jamais glauque finalement, ils se renvoient la balle à qui mieux mieux.
On les voit peu à peu évoluer de leur couple cynique vers une jalousie qui taraude leur désinvolture et va pousser l’un et l’autre à la vengeance, jusqu’à la souffrance et la mort.

Cécile Volange est jouée par Jeanne Valérie, pas trop mal en gamine boudeuse, amoureuse de Danceny,  mais ce n’est pas non plus la prestation de l’année. Pas étonnant qu’elle ait peu tourné.
Quant à la douce Marianne Tourvel, elle est jouée par Annette Stroyberg-Vadim, et je considère qu’elle ne doit ce rôle qu’au simple fait que Roger Vadim adorait transformer ses compagnes successives en copie conforme de Brigitte Bardot et faire tourner ses épouses dans ses films.
La filmographie de cette actrice témoigne aussi de la pauvreté de son interprétation.
Son manque de talent est pathétique, elle fait de la fidèle Tourvel une bécasse, alors que dans le roman c’est bien autre chose.
Il est vrai qu’à côté d’une Jeanne Moreau, toutes les autres interprètes féminines dans ce film semblent bien falottes.

Simone Renant tire bien son épingle du jeu en Madame Volange ; le jeune Danceny est joué par Jean-Louis Trintignant, au début alors de sa carrière, mais déjà en jeune homme un peu rigide, adorant les maths, il est très bon.
J’ai aussi apprécié Boris Vian dans le rôle de Prévan, amoureux transi et malheureux de Juliette/Moreau. 

J’ai jusqu’à présent apprécié toutes les adaptations du roman de Choderlos de Laclos, mais j’avoue que j’ai une certaine préférence pour cette version en noir&blanc, accentuant les côtés d’ombres de personnages qui sont néanmoins dans la lumière de la société.
Que la critique de l’époque démolira en flèche, ne pardonnant pas cette « modernisation » d’une histoire pourtant bien actuelle.

Tout le monde connaît la version de Stephen Frears, ainsi que celle de Milos Forman, mais il en existe également une adaptation chinoise par Lee Jae-Yong.

Comments

[Manu]

Ah bien intéressant. J'ai adoré le roman mais j'avoue que les adaptations ne m'emballent pas, sans doute parce que les films en costume m'ennuient.

[Teki]

"Film TOTALEMENT interdit à sa sortie en France"



Quand on y pense il n'y a pas beaucoup de films d'aujourd'hui qui auraient autorisé à cette époque ;)