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mon bonheur est dans la ville
17 décembre 2012

CYRANO DE BERGERAC, d'Edmond Rostand

cyrano_de_bergerac

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Cyrano_ChristopheDestexheActe1light_creditPhilippeFontaine

Par le théâtre des libertés

Spectacle créé en octobre 2011 au théâtre de la place des Martyrs

Chanson « Les Ailes » composée par J.M. Distexhe, sur un poème de Théophile Gautier

Mise en scène & scénographie = Daniel Scahaise

Costumes = Anne Compère & Costhea

(Source des photos illustrant ma chronique = site du théâtre, auteur Philippe Fontaine)

« Cyrano » comment ne pas l’aimer ?

Il y a des souvenirs gravés au fer rouge dans ma mémoire = j’ai rencontré Cyrano pour la première fois il y a 34 ans – c’était au Théâtre National de Belgique, le rôle était alors interprété par Jean-Claude Frison, l’un des fleurons du théâtre belge.
Ce fut le coup de foudre immédiat, tant pour le personnage que pour son interprète, mais c'est surtout le personnage qui me conquit.
De plus, le souvenir est d’autant plus vivace que l’ambiance était aussi dans la salle = que ce soit la scène devant les tréteaux, où Cyrano empêche Montfleury de se produire, ou la tirade du nez ou le duel avec le stupide Valvert = « A la fin de l’envoi, je touche », ou lors du siège d’Arras, il y avait une classe de secondaire dans la salle qui vibrait aux actes du héros – c’était vraiment toute la magie du théâtre = ces jeunes qui vibraient, applaudissaient, hurlaient leur enthousiasme.

Court rappel de l’histoire, qui va bien au-delà du célèbre « triangle amoureux »  = Hercule Savinien  Cyrano de Bergerac est cadet dans la compagnie des cadets de Gascogne ; il est défiguré par un nez gigantesque, alors qu’il a le cœur et l’esprit tellement beaux/ Il est amoureux de sa cousine, la ravissante « Roxane » (son nom de précieuse), mais Roxane a levé les yeux sur le beau Christian de Neuvillette, lui aussi dans la compagnie des cadets.
Alors que Cyrano s’est battu en duel avec le stupide Valvert, son ami Le Bret lui conseille la modération car le neveu du cardinal de Richelieu, le comte de Guiche pourrait lui faire des ennuis.

Cyrano_Precieuseslight_CreditPhilippeFontaine

Cyrano_Salmilight_creditPhilippeFontaine

Cyrano_IIRoxanelight_creditPhilippeFontaine

Pendant ce temps, Roxane a approché son cher cousin et lui demande de faire en sorte que Christian de Neuvillette s’intéresse à elle et lui écrive de jolies lignes, ainsi pourra-t-elle l’aimer autant pour ses belles paroles que pour son beau visage. Le cœur de Cyrano, rempli d’espoir, se brise.
Pourtant il va accepter  d’apporter à Roxane, à travers Christian, tout l’amour qu’il lui porte. Cela nous vaudra une scène du balcon, digne de Roméo & Juliette.

Cyrano_balcon_creditPhilippeFontaine

Mais De Guiche a des vues sur Roxane lui aussi, aussi le veut-il pour lui, lorsque Cyrano le dupe pendant que la jeune femme et Christian sont mariés en secret,
De Guiche envoie tout le monde au siège d’Arras. Là bas, Cyrano poursuit l’écriture de lettres de Christian à son épouse ; la troupe hélas meurt de faim et De Guiche qui sait tout le mal que l’on dit de lui, rejoint les hommes pour un ultime assaut ; c’est Roxane qui apparaît avec le brave Ragueneau, ami des poètes et ruiné par bonté d’âme, là voilà avec des vivres et sa présence redonne courage aux hommes abattus. Christian ayant compris ce que Cyrano éprouve, se jette aux premières lignes. Roxane, veuve, se retire dans un couvent.

15 ans plus tard = Cyrano, pour ne pas avoir caressé les « grands de ce monde » dans le sens du poil, vit désormais comme un paria, son seul ami est encore et toujours Le Bret qui s’inquiète pour lui, d’autant plus que De Guiche, qui est monté en grade lui, vient le prévenir que l’on en veut à la vie de Cyrano. Celui-ci est victime d’une bûche jetée par un laquais, lui aboutissant sur la tête. Soigné par Ragueneau et Le Bret, Cyrano s’échappe pour rejoindre Roxane au couvent, comme il le fait chaque semaine, il est sa gazette, son lien avec le monde – il en profite au passage pour taquiner les jeunes nonnes, mais la mère supérieure n’est pas dupe.
La gazette de cette semaine se termine donc sur la mort de Cyrano, alors que Roxane comprend trop tard, que l’amour de sa vie, c’était lui. 

Christophe Destexhe est un magnifique Cyrano ; il lui apporte la fougue et le panache, la truculence mais aussi la tendresse et l’orgueil que demande le personnage. Il n’a rien à envier à J.C. Frison. Ce n’est pas par hasard que le public acclame ce spectacle qui repose sur ses épaules.
Il est à la fois gouailleur, fougueux mais aussi plein de mélancolie.
C’est vrai qu’il est orgueilleux notre Cyrano, mais quel bel esprit libre – c’est à la fois le « héros » et l’anti-héros » par excellente, puisque vaillant, valeureux, il n’accepte pas de renoncer à sa liberté pour éviter « d’user ses pantalons aux genoux, pour s’être trop agenouillé devant des gens sans valeur ».
Il est grandiose dans son orgueil et pathétique dans son amour.  Toutes les femmes aimeraient qu’on leur écrive de tels billets amoureux. Et toute personne à l’âme un peu fière aimerait avoir le courage (l’inconscience) de ses défis. Cyrano est un pudique sur sa souffrance, qui comme les clowns (Matamore dans la commedia) cache cette souffrance sous une fanfaronnade destinée à faire rire de lui, ainsi est-ce lui-même qui choisit les moqueries.

Roxane est interprétée par Julie Lenain – je n’ai jamais beaucoup apprécié le personnage, cette jeune femme frivole (et un peu sotte)  préfèrant les belles paroles et les beaux visages à l’amour véritable – elle comprendra trop tard la belle âme qui l’aimait en secret.
Gauthier de Fauconval
est  Christian, beau et hélas sans éloquence.
Laurent Tisseyre est un Le Bret, râleur car bon ami fidèle et Bertrand Marbaix apporte sa silhouette longiligne au gentil Ragueneau que l’amour de la poésie ruinera.
Stéphane Ledune
est un comte de Guiche plein d’arrogance, sans illusions sur ce qu’il vaut.

Les autres comédiens interprètent avec talent, parfois plusieurs rôles = Dolores Delahaut est la mignonne Colombine et aussi sœur Claire – Sylvie Perederejew est la mère supérieure et la duègne de Roxane, avant qu’elle n’épouse Christian. Toni d’Antonio est le chef de la troupe de baladins mais aussi le chef de la troupe des cadets de Gascogne.
Je ne peux citer tous les comédiens, mais toute la troupe était à la hauteur de leur personnage principal.

Les costumes m’ont totalement charmée aussi – que ce soient ceux des baladins, inspirés directement de la commedia dell’arte, avec les masques et la musique, ou ceux des autres personnages, j’ai tout aimé là-dedans.
Les décors étaient minimalistes, mais totalement adéquats = tréteaux pour le début, servant à la fois de scène théâtrale, ensuite la pâtisserie de Ragueneau. Pour le siège d’Arras, un fond noir, des petits abris pour les soldats et de la fumée.
Quant à la scène du balcon, Roxane est sur une échelle, pendant que Cyrano et Christian se cachent dans l’ombre.

Avec « Cyrano de Bergerac », Edmond Rostand a redonné ses lettres de noblesse au théâtre romanesque et romantique.

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Commentaires
A
Mes souvenirs de Cyrano ne sont pas aussi beaux : les tirades à apprendre et à rejouer en secondaire... :-(
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M
Jamais aimé, sans doute à cause du nez :-D
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T
Il y a aussi une version de Cyrano donnée en ce moment à Néchin ;)
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M
Ah, je t'envie, j'adore cette pièce mais je ne l'ai encore jamais vu sur scène. Tragique ^^
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