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mon bonheur est dans la ville
8 novembre 2011

NEVER LET ME GO, de Kazuo Ishiguro

 coe14

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Titre français = Auprès de moi toujours 

Dans une Angleterre dont on ne sait pas trop de quelle époque, on suit Ruth, Kathy et Tommy. Depuis toujours ils ont vécu à Hailsham, une institution d’élite ; les enfants d’Hailsham vivent dans un monde protégé sans contact avec l’extérieur.
On ne leur apprend rien de pratique, on ne leur explique pas grand-chose sur ce qui se passe en dehors d’Hailsham. Cela pourrait être idyllique et on éprouve cependant comme un malaise latent.
Tout ce qui est demandé à ces jeunes est d’être créatifs, de composer des poèmes, de peindre, sculpter, modeler. Des œuvres qui seront sélectionnées.
Tommy a beaucoup de difficultés avec la créativité, on n’est pas tous égaux devant l’œuvre d’art. Dès lors il a de gros problèmes d’adaptation, limite caractériel, jusqu’à ce que l’une des gardiennes (alias un professeur) lui parle et lui fasse une remarque qui change sa perception de soi. A ce moment là, Tommy se calme. Et devient l’ami de Ruth et Kathy. Pourquoi donc est ce si important d'être créatif et pourquoi leur enlève-t-on leurs oeuvres, sous prétexte d'être dans une "Gallery" ?  Que doivent prouver ces jeunes ?
Qu'ils sont des êtres de chair et de sang, capables d'éprouver des sentiments. Et à quoi bon les sentiments d’ailleurs. 
D’Hailsham on passe aux Cottages à l’âge dit  adulte – là ils découvrent la triste réalité de leur état. Tommy et Ruth se sont embarqués dans une relation personnelle, tandis que Kathy vit sa propre vie, cachant ses sentiments réels.

Je viens une fois encore d’expérimenter quelque chose qui m’est déjà arrivé précédemment = la difficulté d’exprimer mon ressenti face à un livre que j’ai réellement beaucoup aimé.
Cela devrait pourtant être simple, non, de parler de ce que l’on a aimé ? oui, à condition de ne pas déformer ce que l’on a éprouvé. A commencer par cette terrible oppression qui m’a saisie dès les premiers chapitres.

Roman d’anticipation, « Never let me go » est surtout une histoire de manipulation, non seulement scientifique mais aussi mentale.
Même l’amour et l’amitié entre les trois protagonistes n’arrivera pas à éloigner le spectre d’un non-avenir, car c’est surtout de cela qu’il s’agit, nos trois jeunes héros savent qu’il n’y a pas d’avenir pour eux, et je n’ai pu m’empêcher, un bref instant, de comparer cette histoire à ce qui se passe actuellement au point de vue social dans le monde entier.

Si l’anticipation d’Ishiguro est la manipulation médicale, nous vivons désormais des temps très durs socialement parlant, et je réalise – en les fréquentant de près via mes fils – à quel point les jeunes de notre époque ont l’impression de n’avoir aucun avenir.
Les êtres les plus fragiles, les enfants et les personnes âgés, sont toujours les dupes de la société, quelle qu’elle soit. Je sais, on m’argumentera que je mélange tout, mais je ne fais qu’exprimer ce que le livre m’a fait ressentir, ce roman m'a paru une réelle métaphore du monde dans lequel nous vivons.

J’ai bien aimé le caractère de « Ruth », celle qui est décrite comme « pas facile », voire dure – je crois que j’aurais eu les mêmes réactions qu’elle face au sort qui leur est réservé.
Pour moi « Kathy et Tommy » sont trop résignés, mais je n’ignore pas  que parfois se résigner est la seule façon de pouvoir gérer ce type de situation. « Kathy » c’est la gentille, la douce mais aussi celle qui se laisse porter.
Elle me fait penser à d’autres personnages de Kazuo Ishiguro = le butler de « Remains of the day » ou Christopher de «When we were orphans » - eux aussi étaient des observateurs, subissaient les événements plutôt que de les vivre réellement.

A côté de l’émotion des trois personnages principaux, j’ai apprécié les personnages secondaires = les profs, que l’on nomme des « gardiens », la mystérieuse directrice « Madame ».
Le terme de « gardiens » est réellement approprié car il est évident que cette école soi-disant d’élite n’est rien d’autre qu’une prison, une réserve d’organes. 

La découpe du roman est intéressante aussi, suivant l’âge des protagonistes, on est dans « Hailsham » ou les « Cottages ». On est « donneur » mais on peut aussi être « assistant de donneur », afin de les soigner et les accompagner jusqu’au dernier don, l’ultime, qui signifie la mort, le don de soi.
J’ai retrouvé, dans cette histoire de clonage obligé, le même sujet que dans le film américain « The Island », film de Michael Bay datant de 2008 où des êtres jeunes ont aussi été clonés afin de servir de « réserve » pour celui ou celle dont ils sont issus. Contrairement, toutefois, au film de Bay, ici point d’illusion d’un monde plus agréable pour les donneurs.

« Never let me go » est une histoire que j’ai lu avec la gorge serrée, dont je devais de temps en temps « me séparer » pour lire quelque chose de moins dur, car c’est la résignation de la narratrice, Kathy, qui m’a été la plus difficile à supporter.
La manière lente dont elle raconte son non-avenir, était quelque chose que j’ai eu parfois beaucoup de mal à suivre (sans doute que cela me ramenait-il un peu trop à un vécu personnel).

Je n’oublierai pas facilement ce roman.

des avis nettement mieux développés chez  journal d'une lectrice, rose, livraddictclarabel,  george, l'ogressedeparis, karine,  manu,  mangolilly, textes&prétextes,  somanybooks.

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Commentaires
N
bonjour, bienvenue chez moi :)<br /> je relirai "remains of the day" à l'occasion car je l'ai lu il y a très longtemps<br /> j'apprécie aussi beaucoup le style personnel d'ishiguro ;)
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L
bonjour Niki !<br /> C'est un livre que j'ai adoré ! Je l'ai presque autant aimé que "les vestiges du jour". Le film est pas mal non plus, même si le livre résonne plus en moi. Ishiguro est devenu un de mes auteurs préférés maintenant ;-)
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N
je compte aussi louer le dvd lorsqu'il sera disponible car il est très demandé ;)
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N
j'espère qu'il sera une aussi bonne surprise pour toi que pour moi :)<br /> j'arrive toujours en dernier pour lire certtains romans, vu ma pal :roll:
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N
ce parallélisme s'est imposé naturellement, mais bon ce n'est que mon point de vue :)
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