MARY & MAX, d'Adam Elliot

Ecrit et réalisé par Adam Elliot en stopmotion claymation (animation en pâte à modeler)

Mary Daisy Dinkle, pas très jolie, habite un trou perdu en Australie avec sa mère, alcolo (elle fait passer le sherry pour un médicament) et son père, assembleur de sachets à thé (il lie l’étiquette au sachet) et dont le passetemps préféré est l’empaillage d’animaux.

Aucun des deux parents ne semble s’intéresser à la petite fille, qui aime la couleur brune, son voisin d’en face claustrophobe ; elle se fait régulièrement harceler à l’école, bref la vie n’est pas facile quand on a 8 ans.

Se sentant fort seule, Mary un jour décide de se trouver un ami de plume. Mary a une gourmandise préférée : le lait condensé sucré et elle apprécie particulièrement des petits personnages de la télé qu’elle a tenté de reproduire avec des cailloux et bouts de ficelle.

A New York, dans la grisaille quotidienne, Max Jerry Horowitz, un Juif obèse de 44 ans atteint du syndrome d’Asperger (une forme d’autisme), ne sort que très peu de chez lui. Max a une vieille télé sans l’image mais le son, et une petite télé plus récente, sans le son mais avec image. Il possède aussi un poisson rouge, qu’il est régulièrement obligé de remplacer. Lui, les petits personnages de la pub télé il les possède tous.

Un jour Mary parvient à trouver une adresse dans l’annuaire et écrit à Max ; commence alors une correspondance de 18 années, où la petite fille raconte sa vie à Max, qui lui répond en lui racontant la suite, constituée surtout de crises d’angoisse face à un problème inconnu qui rompt l’équilibre fragile de son existence et de visites chez le psychiatre. Mary lui parlera de ses chagrins, de ses joies, de son amour naissant pour son voisin Damian Popodopoulos. Max continuera à lui raconter son obsession de la routine et de ses visites au psychiatre. Tout au long de ces 18 années, les deux correspondants parleront non seulement d’eux-mêmes mais de toute la faune qui les entoure.

Film d’animation destiné aux adultes, voilà une histoire qui aurait pu n’être que glauque et qui est non seulement très poignante mais surtout bourrée de tendresse.  Dans la distribution de début de film, il est indiqué que ce film est basé sur une histoire vraie ; en avril 2009, le réalisateur Adam Elliot confirma que pour le personnage de « Max » il s’est inspiré d’un ami de plume newyorkais avec qui il entretient une correspondance depuis 20 ans.

« Mary & Max » aborde des sujets aussi sérieux et dramatiques que l’autisme – dans sa forme d’Asperger – de négligence parentale, d’alcoolisme, de dépression et tendance suicidaire, d’homosexualité.

L’humour est toujours sous-jacent dans les commentaires de lettres que s’envoient les deux correspondants, chacun à l’autre bout du monde. A aucun moment, malgré ces sujets fort sérieux abordés, le film ne sombre dans le pathos inutile.

La voix de Mary, jeune, est celle de Bethany Whitmore, jeune actrice de 10 ans, connue à la télévision australienne. La voix de Mary, adulte, est celle de l’excellente actrice australienne Toni Collette.

C’est Philip Seymour Hoffman qui prête sa voix à Max et c’est réellement du grand art ; le comédien rend le personnage époustouflant de vérité.

Eric Bana qui apporte sa voix à Damian, le voisin dont Mary va tomber amoureuse en grandissant.

Quant à l’histoire même, elle est contée en voix off par Barry Humphries, comédien bien connu de la télévision australienne.

Le réalisateur Adam Elliot est Australien ; après des études artistiques (peinture, littérature, photographie, dessin, sculpture), il décida d’utiliser un tremblement physiologique héréditaire en esthétique visuelle, offrant des dessins inégaux et en relief. Il a peint des t-shirts pendant 5 ans, puis a effectué un post-graduat en réalisation cinématographique et télévisée.

Son premier court-métrage en stopmotion « Uncle » lui a valu plusieurs récompenses. « Mary & Max » est son premier long métrage.

« Mary & Max » sont des personnages animés, plus réels que s’ils avaient été interprétés par des acteurs de chair et os ; leur histoire reste réellement imprimée en vous, tant par leur gentillesse que par la tristesse de leur vie, seulement égayée par cet échange de lettres.

Techniquement c’est également fort intéressant : non seulement les films en pâte à modeler sont rares – de plus la pellicule est dans les tons brunâtres pour la partie australienne et en teintes grises pour New York.

L’animation en pâte à modeler est une réelle performance technique, utilisant image par image les personnages, le décor.

On connait évidemment « Wallace & Gromit » et « Chicken Run », réalisés de cette manière.

Quant à la musique, elle s’inspire directement de ce que le paysage musical du 20^ème siècle nous a offert.

Comments

[niki]

je n'ai pas pleuré à chaudes larmes, mais j'ai eu la gorge serrée pendant tout le film tant c'était émouvant

[Joelle]

Celui-là est dûment noté dans ma liste depuis sa sortie au ciné ... j'avais eu peur de pleurer alors j'avais préféré attendre sa sortie en DVD ;) Mais là, côté disponibilité, il ne faut pas être pressé car il est souvent en demande !

[Manu]

Très intéressant tout ça mais je ne suis pas fan de ce genre de films.