ECRAN SOLAIRE - A LATE QUARTET, de Yaron Zilberman
Titre anglais en Australie = Performance
Titre français = Le Quatuor
Le quatuor à cordes « The Fugue », qui se produit avec un immense succès depuis 25 années, rencontre quelques problèmes lors d’une séance de répétitions.
Peter Mitchell, le violoncelliste, au cours d’un drink célébrant le renouvellement de leur ensemble, leur annonce une nouvelle qui fait l’effet de la foudre sur ses amis = le diagnostic de la maladie de Parkinson est confirmé et bientôt il ne pourra plus assurer la coordination de ses mouvements ; il a donc décidé de se retirer après ce futur concert qu’ils célèbrent.
Cette annonce va réellement jeter le trouble parmi les membres du groupe, les révéler à eux-mêmes avec leurs chagrins, leurs petites misères et egos surdimensionnés, leurs envies de changements au sein ou en dehors du groupe.
L’harmonie est non seulement rompue au sein du quatuor, mais aussi des musiciens – le couple Juliette et Robert Gelbart se dispute à tel point qu’une séparation est la seule issue ; Robert en a assez de toujours être 2ème violon, et aimerait que Daniel, le 1er violon alterne avec lui – à tour de rôle ils seraient 1er et 2nd violon.
Hélas, Daniel est un musicien perfectionniste, rigide dans son art au point d’en oublier qu’il faut jouer avec sentiment, pour lui Robert n’a pas la discipline qu’il faut pour être premier violon. C’est par la fille de Robert et Juliette, la jeune Alexandra ayant besoin de leçons supplémentaires que Daniel va expérimenter ce que sont l’amour et la passion.
Pendant que Peter, qui pleure encore et toujours son épouse disparue, se soigne tant bien que mal, tentant d'accepter ce qui l’attend dans un avenir plus ou moins rapproché malgré les médicaments qui ralentissent un peu la maladie.
L’harmonie a cessé d’exister tant entre eux qu’entre la musique et eux.
Pour Peter, ceci est insupportable.
J’ai envie de crier ENFIN – oui enfin on a donné à ce talentueux acteur qu’est Christopher Walken un rôle à la mesure de son talent.
Pour moi, il est parfait en homme devant accepter une maladie qui ne lui permettra plus à une certaine échéance de vivre normalement.
Lorsqu’on demande à Christopher Walken pourquoi il accepte de jouer parfois n’importe quoi, il répond toujours avec humour que tout rôle est une nouvelle expérience et que ça, ça ne se refuse pas.
Dans « A Late Quartet » il a face à lui un trio d’acteurs tout aussi talentueux, notamment Philip Seymour Hoffman dans le rôle de Robert Gelbart, un homme estimant avoir renoncé à beaucoup de choses pour l’amour de son épouse et sa fille – et que son envie de changement pousse à certaine erreur.
Juliette Gelbart est interprétée par Catherine Keener, elle est appréciable en femme effondrée par le chagrin, qui n’accepte pas les erreurs de son mari et est en conflit avec sa fille.
Celle-ci est jouée par Imogen Poots, jolie et sensible, pas plus.
Mark Ivanir est convaincant en Daniel, premier violon qui ne supporte pas la moindre petite erreur, pour qui la perfection dans la technique d’interprétation dépasse pratiquement le sentiment qu’il faut mettre dans la musique.
On trouve encore dans un tout petit rôle Wallace Shawn, un acteur que j’aime beaucoup et que l’on voit bien trop peu au cinéma. La mezzo-soprano Anne Sofie von Otter apparaît brièvement dans le rôle de l’épouse de Peter/Walken.
J’ai été contente aussi de retrouver Madhur Jaffrey, l’une des actrices fétiches d’Ivory-Merchant.
Cette œuvre de musique de chambre pour cordes de Beethoven – en ut dièse mineur opus 131 #14 – est interprétée dans le film par le Brentano Film Quartet.
Il s’agit d’une œuvre composée par Beethoven 6 mois avant sa mort, elle requiert comme toutes les œuvres musicales une entente parfaite entre les 4 musiciens ; elle est assez longue – 40 minutes sans la moindre interruption.
Ce morceau musical est la vedette principale du film, car il n’est question que de lui.
Dans le film, Peter Mitchell/Christopher Walken raconte une anecdote devant sa classe – celle-ci est inspirée par ce qui arriva à Gregor Piatigorsky lorsqu’il rencontra Pablo Casals et que Piatigorsky relate dans son autobiographie « Cellist ».
Quel plaisir, en plus, de retrouver New York – sous la neige, car le tournage du film eut lieu lors de l’hiver le plus glacial qu’ait connu la Grande Pomme – les images sont très belles.
Inutile, j’imagine, que je vous dise à quel point j’ai aimé cette histoire qui prend parfois un tout petit aspect mélodramatique, heureusement rattrapé par le jeu excellent des comédiens.