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mon bonheur est dans la ville
10 janvier 2010

LES VIES D'EMILY PEARL, de Cécile Ladjali

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Emily Pearl, fille de fermiers au 19ème siècle, est plus instruite que la plupart des filles de son milieu, sauf peut-être sa sœur Virginia qui a eu envie de fuir ce milieu et est partie pour Londres, où Emily rêve de la rejoindre.

Emily a été engagée chez Lord Auskin, un veuf encore jeune, afin de s’occuper du fils de ce dernier, enfant assez laid à la santé fragile, pour qui Emily est pleine de pitié. Et de tendresse, selon ses dires, mais cette tendresse pour le fils, ne serait-ce pas un moyen d’aller vers le père ? Dont elle rêve de devenir la maîtresse et ensuite l’épouse.

Elle oublie une chose : il n’y a que dans les contes de fées que les princes épousent les bergères. Dans la vie, dans leurs vies, on se marie « entre soi » ; Lord Auskin a donc jeté son dévolu sur une autre jeune femme, tandis que les parents d’Emily Pearl songent à lui faire épouser un fermier avec l’assentiment d’ailleurs du « maître ».

Parce qu’elle s’ennuie, Emily Pearl s’amuse à mentir, sans réaliser les conséquences de cette mesquinerie.

Qui est Emily Pearl, comment la définir ? Mythomane ? Victime de son époque ? Exaltée ? Toutes ces définitions se valent.

Emily Pearl est victime d’une époque où on se marie dans sa « caste » ; lorsqu’elle comprend cela, Emily deviendra vindicative, mais ne l’était-elle pas déjà un peu ? Il y a parfois tant d’amertume dans ses écrits.

Mythomane, elle l’est de toute évidence, par jeu, par défi, et  sans mesurer les retombées de ses petits mensonges minables au demeurant. Et cette vie qu’elle raconte, est ce réellement sa vie où l’imagine-t-elle ainsi ?

Sa façon de traiter le petit Terence ne m’a pas beaucoup plu non plus, elle a pitié de lui mais a-t-elle seulement un peu d’empathie ? Non, point, sous couvert de compassion elle veut qu’il se « dépasse » afin de pouvoir faire face à la vie.

Exaltée, sans aucun doute, dans ses amours pour son patron, dans son affection pour le petit garçon dont elle s’occupe. Dans son affection aussi pour cette sœur qu’elle admire, mais Virginia existe-t-elle réellement ou est-ce là encore une fois un effet de l’imagination exaltée d’Emily dont cette sœur pourrait être imaginaire et être son double, celle qu’elle aimerait être et qu’elle ne sera jamais, prise dans toutes ses contradictions.

Personnellement, je n’ai pas trouvé Emily Pearl sympathique, elle  est trop souvent  mesquine ou incohérente à mes yeux, même si je comprends certaines de ses réactions, notamment lorsqu’elle a l’impression que ses parents la « vendent » à un fermier qu’elle méprise profondément.

Mais même si cette héroïne de roman ne m’a pas été sympathique, j’ai adore ce livre – et on peut dire que là, je rejoins un peu l’exaltation d’Emily Pearl.  Elle fantasme sa vie, elle fantasme celle de sa sœur qu’elle aurait aimer rejoindre à Londres et que finalement elle voudra rejoindre aux Etats-Unis.

Comment ne pas aimer ce roman, écrit dans le plus pur style de la littérature victorienne, dans un pastiche (ou non ) des écrits des sœurs Brontë. Plus on touche à  la fin de l'histoire, les événements vont se précipiter, pour laisser la lectrice complètement essoufflée et sidérée par cette fin.

C’est du grand art d’écriture, plein de poésie, de belles phrases, de sentiments multiples et contradictoires, Faussement victorien, le roman ressemble aux écrits de Mary Webb, une romancière que j’aime Particulièrement (parmi beaucoup d’autres).

Oui ce livre est un « faux roman victorien » mais une vraie perle (merci manu). Je l’ai littéralement « dégusté » page après page, revenant parfois en arrière pour m’en délecter encore plus.

A LIRE ABSOLUMENT. Surtout lorsqu’on aime la littérature anglophone du 19ème-début 20ème siècles, mais pas seulement pour cette raison là. Aussi lorsqu’on aime les textes bien tournés et un vocabulaire choisi.

D’autres avis = mon coin lecture, le grand nulle part (que ceux que je n'ai pas nommés m'excusent).

La couverture, à elle seule, est un petit bijou comme le lire qui se cache derrière elle - elle représente une partie du tableau de John Singer Sargent intitulé "the Misses Vickers" - à découvrir également dans son entièreté.

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Commentaires
N
je te le prête si tu veux, la prochaine fois qu'on se verra ?<br /> j'ai toujours un autre livre en réserve pour toi (l'ensorceleuse)
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M
Quel bonheur de lire ce billet :-) Bon, moi j'espère toujours une sortie en poche ;-)
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N
c'est réellement un livre surprenant, je n'en reviens toujours pas
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R
Oh c'est gentil de m'avoir citée ! J'avais beaucoup aimé ce livre et il fait partie des rares livres que j'aimerais relire car il doit y avoir encore beaucoup d'axes d'interprétation...
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