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mon bonheur est dans la ville
28 août 2009

PERSEPOLIS, de Marjane Satrapi & Vincent Paronnaud

13513_thumbDans un aéroport Marjane se souvient … de sa famille, de Teheran, de son enfance et sa jeunesse.

Elle a 8 ans en 1978 et déjà un sacré caractère. Ce qui est certain c’est qu’elle n’a nullement sa langue en poche, elle vit heureuse et insouciante au sein d’une famille progressiste, opposée au régime du Shah. Son but dans la vie est de devenir prophète. Son aimante grand-mère l’encourage à s’exprimer, en lui donnant pour consigne de toujours rester intègre.

Lorsque le shah abdique et que les religieux prennent le pouvoir, les Satrapi sont convaincus que certaines mesures peu agréables sont dues à la transition, mais peu à peu tout le monde va déchanter. L’oncle marxiste de Marjane va mourir parce qu’il est communiste ; petit à petit tous les opposants au niveau régime vont subir encore plus de tortures que ce que l’on connaissait avant.

Les commissaires de la révolution vont bientôt être partout, suivre tout le monde, réguler les tenues et les comportements.

Lorsque l’Irak attaque l’Iran, comme si Saddam espère les rayer de la carte, la vie pour les Iraniens deviendra encore plus insoutenable. La répression intérieure est de plus en plus dure.

Marjane, entretemps,  a 14 ans et n’a toujours pas appris à se taire, aussi ses parents décident-ils de l’envoyer au lycée en Autriche, afin de lui éviter des ennuis.

A Vienne, pourtant, les choses ne seront pas simples non plus pour l’adolescente, loin de sa famille. Elle va découvrir la liberté, l’amour, mais aussi la solitude que crée l’exil et la mal-être lorsqu’on est différent.

Elle reviendra à Téhéran, où après avoir sombré dans la dépression, elle décide de reprendre des études, mais toujours pas de se taire.

Il faut courir voir « Persepolis », c’est le film de l’année pour moi. Je n’ai malheureusement pas eu le plaisir de lire le livre de Marjane Satrapi, mais le film est une réussite graphique. Les images « dures » alternent avec les moments de rêve des souvenirs de Marjane.

Peu de couleurs, seulement pour la Marjane adulte, à Paris, lorsqu’elle se souvient. Sinon, le noir et blanc seulement. Avec une sobriété de trait qui le rend particulièrement intéressant graphiquement parlant.

« Persepolis » est la chronique douce-amère, jusqu’à la douleur, d’une famille qui croyait en un monde meilleur.

Le film nous apprend beaucoup sur la vie quotidienne à Téhéran et la lente dégradation d’un pays aux mains des fanatiques religieux, ceux qui n’avaient aucune éducation étant totalement manipulés par ceux qui ont fait des études.

Les voix des personnages sont interprétées avec talent par Chiara Mastroianni (Marjane adolescente/adulte), Catherine Deneuve (la mère de Marjane), Simon Abkarian (le père) et c’est Danielle Darrieux qui interprète la tendre grand-mère.

Comme le dit l’auteur « La connerie n’a pas de frontière » ; oui, personnellement je crains bien qu’elle soit universelle et pourtant sans vouloir jouer les fausses naïves, je reste convaincue que tant qu’il y aura des « justes » pour dénoncer la haine, il reste de l’espoir.

Marjane Satrapi vit désormais en France et a, paraît-il, rangé son drapeau de révolutionnaire. Elle dit également ne pas être une rebelle tout en ne refusant d’être un mouton qui suit des idéologies.

Pour Satrapi la culture n’est pas « un petit quelque chose en plus » dans l’éducation, elle est au contraire essentielle.

Délibérément les auteurs du film ont enlevé une grande part de l’orientalisme de la partie iranienne afin que l’identification soir possible pour tous.

Car si nous ne sommes pas vigilants, nous pourrons nous aussi un jour subir une révolution… et probablement pas vraiment celle que nous espérons.

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