LE PONT MIRABEAU, de Guillaume Apollinaire
Bien qu'il termine mon année de lectrice sur une note un peu mélancolique, je ne peux résister à communiquer ce poème de Guillaume Apollinaire, qui m'a émue lorsque j'avais 15 ans (que celui qui a dit "y a longtemps grand'mère" sorte immédiatement !).
"Le Pont Mirabeau" (écrit en 1912) est extrait du recueil de poésies "Alcools"; le poète vient de rompre avec Marie Laurencin, jeune femme peintre avec qui il vécut une liaison plutôt tumultueuse, de cette nature dépressive émerge également une réflexion sur le temps qui passe, semblable à la Seine qui coule sous le pont. Apparemment, ce Pont Mirabeau inspire les poètes car Georges Brassens y fera aussi allusion dans l'une de ses chansons et Marc Lavoine l'a chanté en 2001.
C'est surprenant à quel point la mémoire retient certains poèmes, ou du moins certains extraits de ces poèmes, qui reviennent au coeur au moment où l'on croit avoir tout oublié.
"Le Pont Mirabeau" de Guillaume Apollinaire fait partie, avec "Melopee" de Paul van Ostayen, " Memoria" de Natalia Ginzburg et "Ma Bohème" d'Arthur Rimbaud, de ces jolies choses que je lis lorsque l'inspiration pour une aquarelle me manque.
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne la nut sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure